#L'Odyssée de Firuzeh

[prosedumonde]

Ne les laisse pas te briser ou te rendre plus dure. Ce monde est sans pitié, il n’a pas été conçu pour toi.

E. Lily Yu, L'Odyssée de Firuzeh

[prosedumonde]

Tu sais comment on combat un cauchemar ? Est-ce que tu sais seulement de quoi est fait un cauchemar ?  Non.  Tu assembles des bouts d’histoires pour te créer un chez-toi ou une famille. Certains bouts, on te les donne, d’autres, tu les fabriques toi-même en vivant ta vie. Un cauchemar, c’est quand les bouts les plus moches et les plus féroces s’agglutinent ensemble, et partent chasser d’autres histoires pour les dévorer.

E. Lily Yu, L'Odyssée de Firuzeh

VO : “[...] You put bits of stories together to make a home or a family. Some you’re given, and some you make by living. A nightmare is when the ugliest, most ferocious pieces clump together and go hunting for other stories to eat.”

[prosedumonde]

Raconter des histoires, ce n’est pas facile. Même quand on sait comment elles doivent finir. Et vivre, c’est encore plus dur.

E. Lily Yu, L'Odyssée de Firuzeh

[prosedumonde]

Le coeur meurtri, comme orphelin. Les silences enflaient, entre chaque nouvel accrochage jusqu’à ce que chacun se retrouve sur son île de parles tues, séparé des autres par des océans de pensées. Et toujours une masse sombre se profilait à l’horizon : l’éventualité du retour.

E. Lily Yu, L'Odyssée de Firuzeh

[prosedumonde]

Et pourtant, on est toujours ici, à attendre. Chacun de nous attendait quelque chose, et c’était cela qui nous faisait tenir. À présent, on n’a plus rien à attendre. À présent chaque minute de nos vies est un gâchis. Le temps nous cisaille les nerfs. Et ça fait mal. Très mal.

E. Lily Yu, L'Odyssée de Firuzeh

VO : “But here we are, still waiting. All of us had something to wait for, and that kept us going. Now we don’t. Now the minutes of our lives are wasted. Time scrapes our nerves. It hurts. How it hurts.”

[prosedumonde]

Ils se partageaient les friandises, qui avaient la saveur astringente de la séparation et de la distance.

E. Lily Yu, L'Odyssée de Firuzeh

[prosedumonde]

Les histoires vont là où les gens vont, dit Nasima. Elles résident dans les rêves, les récits, les souvenirs. Cela fait plus d’un siècle que les djinns se sont établis ici. Ils sont venus avec les premiers Afghans, l’endroit leur a plu, et ils sont restés.

E. Lily Yu, L'Odyssée de Firuzeh

[prosedumonde]

Comme quand j’étais en vie. Je n’étais qu’un espace en forme de fille dans l’univers. Quelque chose à nourrir. Auquel on met des chaussures et des robes. Qu’on élève comme il faut, comme un mouton, afin de pouvoir l’amener un jour au marché. Mais quelque chose qu’on ne voit pas, pas vraiment. Personne ne voit jamais vraiment sa fille. Pas comme on voit ses fils. Qui eux valent quelque chose. Qui eux travailleront un jour.

E. Lily Yu, L'Odyssée de Firuzeh

VO : “Like when I was alive. I was a daughter-shaped space in the universe. You feed it. You put shoes and dresses on it. You raise it properly, like a sheep, so you can take it to market someday. But you don’t see her, you don’t see your daughter, not really. Not the way you see your sons. Who are worth something. Who’ll work someday.”