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#les éditions de la main à plume
garadinervi · 11 months
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Paul Éluard, Poésie et vérité 1942, Les éditions de La main à plume, Paris, 1942
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abridurif · 13 days
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D’abord il y a le Monde. Et il y a l’Autre Monde. C’est dans l’Autre Monde qu’il m’arrive de perdre pied. Dans ses changements de calendriers, dans son existence préfabriquée. Ses dédales tortueux dont je me lasse parfois lorsque j’essaie de tenir bon, de m’adapter minute par minute : le monde des feux rouges, des interdictions de fumer, le monde de la location, des clôtures qui protègent des centaines d’hectares de nature sauvage et vierge des intrusions humaines. Cet endroit où, parce que l’on est né avec des siècles de retard, on se voit refuser l’accès à la terre ou à l’espace, la liberté de choix ou de mouvement. Le monde acheté ; le monde possédé. Le monde des bruits cryptés : le monde des mots, le monde des mensonges. Le monde vendu en kit ; le monde de la vitesse industrielle. L’Autre Monde dans lequel je me suis toujours senti étranger. Pourtant il y a le Monde où l’on peut s’adapter et repousser les limites de l’Autre Monde grâce aux clés de l’imagination. Mais là encore, l’imagination est cryptée par les informations fabriquées dans l’Autre Monde. On s’arrête devant un feu qui passe au rouge et l’on vieillit subitement de quelques siècles. Il paraît que l’Autre Monde est aux mains d’une autre espèce d’hommes. Il faut avoir du recul ou prendre le temps pour découvrir l’Autre Monde. Seul ce décalage permet de le mettre à nu pour la première fois car il s’est insinué dans votre système sanguin comme un amant invisible. Petit à petit il épouse la forme de vos cellules et vole leur énergie, il se tapit à l’intérieur du corps jusqu’à ce qu’il en devienne le prolongement. Voyager et découvrir des cultures primitives nous ouvre les yeux sur l’Autre Monde ; on comprend qu’en inventant le mot « nature » nous avons divorcé avec le sol sur lequel nous marchons. Quand j’étais petit je comprenais tout cela intuitivement, de la même façon que l’on ressent une sourde peur sans pouvoir l’identifier ou la différencier d’une table ou d’une tasse ou des cieux qui roulent derrière les fenêtres. David Wojnarowicz, Au bord du gouffre, Éditions du Rocher/ Le Serpent à plumes, 2004
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didierleclair · 3 months
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Le conteur qui nous vient d'Afrique
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Melchior Mbonimpa, l’écrivain franco-ontarien d’origine burundaise, vient de sortir un nouvel ouvrage de fiction. Il s’agit d’un recueil de nouvelles. C’est la première fois qu’il publie dans ce genre et j’ai eu le plaisir de me procurer une copie. Le recueil s’intitule « Les zigzags du destin » et est publié aux éditions Terre d’accueil, dans la collection Motema.
Ce professeur de sciences religieuses à l’université est un grand connaisseur de politique, de philosophie et a publié de nombreux ouvrages doctes et pertinents, notamment sur son pays de naissance, le Burundi.
Mais ce conteur né a toujours réussi dans ses livres de fiction à faire oublier l’universitaire et à prendre le lecteur par la main afin de lui narrer des histoires qui se déroulent quelquefois en Afrique, d’autres fois au Canada. Les thèmes de prédilection chez cet écrivain pétri de culture est le respect de la tradition, les défis de l’immigration et les tensions communautaires qui viennent quelquefois déchirer les peuples frères.
Dans ce huitième ouvrage de fiction, Melchior Mbonimpa s’est donné le défi de montrer à son lecteur, les tribulations des nouveaux Canadiens mais aussi la façon dont ils tentent de surmonter les obstacles que leurs traditions ancestrales leur imposent.
Dans les treize histoires qu’il a bien voulu nous raconter, l’écrivain nous décrit les petits et les grands mensonges des immigrants, les amitiés qui périssent à cause de traditions superflues loin de l’Afrique mais aussi la témérité de femmes qui comptent mener leur vie selon leur conception du bonheur.
La première histoire appelée « Le rêve en éclats » nous donne un récit à la première personne d’un immigrant qui a menti sur son âge et sur d’autres critères aux autorités canadiennes afin d’augmenter ses chances de rester. Il s’était déclaré plus jeune et ses qualifications étaient revues à la baisse. Ensuite, il vit avec la hantise d’être confronté à ses mensonges. « Je redoutais surtout qu’un individu malveillant me dénonce, car les mensonges parfaits – comme les meurtres parfaits- sont rares. » Cette hantise va empoisonner sa vie. Où qu’il aille dans ce vaste pays qu’est le Canada, il ne trouvera jamais la paix de l’esprit.
L’auteur a une plume fluide qui va droit au but. Il met de l’humour dans d’autres histoires comme « Du miel dans mes oreilles » en référence à une voix féminine angélique qu’un homme entend au bout du fil.
L’écrivain connaît bien les péripéties des peuples africains. Il met en scène une victime d’un pasteur prédateur sexuel. Ce sont des scénarios fréquents dans les communautés noires, aussi bien celles d’Afrique que de la diaspora. La foi est le ciment de nombreux immigrants d’Afrique et plusieurs faux prophètes tentent d’en profiter.
Il y a des histoires de fille-mère, de comité d’embauche, de pilote qui n’en est pas un. C’est un zigzag tout à fait crédible que nous offre Melchior Mbonimpa. On ne s’ennuie pas avec le récit sur un camp de réfugiés majoritairement peuplé de femmes où il advient un baby-boom d’enfants illégitimes.
Plus on avance dans les récits du conteur, plus on se rend compte qu’il tisse un canevas social qui met à nue la nature humaine. Des personnes sont dévorées d’ambition au point d’écrire un discours sur elles-mêmes, d’autres vivent aux crochets d’un oncle qui découvre qu’on lui ment. Encore ce mensonge qui revient comme un refrain. L’auteur l’utilise aussi bien dans la bouche d’un être malheureux et désespéré, que dans celle d’un personnage qui ne veut pas blesser autrui.
Mais il y a aussi des femmes fortes, des couples d’amoureux originaires de clans qui se détestent et tous finissent par trouver leur bonheur sous la plume alerte de Melchior Mbonimpa.
Un bon écrivain ne cesse d’évoluer et celui-ci a affûté sa plume pour mettre à profit son sens inouï de l’observation. Il a gardé comme dans toutes ses œuvres, un humanisme profond. Il ne juge jamais ses personnages. Il nous les montre sans les déshumaniser, ni les surestimer. C’est la marque d’un conteur au sommet de son art.
Didier Leclair, écrivain
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e-c-guyot-blog · 4 months
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Pack Vide-Grenier Alteri (2 tomes)
Découvrez les deux premières aventures de Quatresous à la découverte d’un monde surnaturel caché, dans un lot rempli de bonus! Le pack Vide-Grenier Alteri édition limitée contient : le tome 1, 1883 Express d’Orient, dédicacé le tome 2, 1885 L’Ange à Trois Ailes, dédicacé 3 marques-pages papier Grison (parce que les chats vont partout) un marque-page en métal “plume” fait main une reproduction…
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denis-editions · 11 months
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Imaginaire n°559 lundi 23 octobre 2023 inspirée par “Délicates chroniques de la flagellation” d'Émile Desjardins
Il est des passions délicieusement puissantes.
SHLAG !   Avril 1768, Horace Walpole, comte d’Orford reçoit une lettre de son amie, complice de ses turpitudes homosexuelles, Madame du Deffand, marquise du Deffand. “Un certain comte de Sade, neveu de l’abbé auteur de Pétrarque, rencontra, le mardi de Pâques, une femme grande et bien faite, âgée de trente ans, qui lui demanda l’aumône ; il lui fit beaucoup de questions, lui marqua de l’intérêt, lui proposa de la tirer de sa misère, et de la faire concierge d’une petite maison qu’il a auprès de Paris. Cette femme l’accepta. Il lui dit d’y venir le lendemain matin l’y trouver; elle y fut ; il la conduisit d’abord dans toutes les chambres de la maison, dans tous les coins et recoins, et puis il la mena dans le grenier ; arrivés là, il s’enferma avec elle, lui ordonna de se mettre toute nue ; elle résista à cette proposition, se jeta à ses pieds, lui dit qu’elle était une honnête femme ; il lui montra un pistolet qu’il tira de sa poche, et lui dit d’obéir, ce qu’elle fit sur-le-champ ; alors il lui lia les mains et la fustigea cruellement ; quand elle fut tout en sang, il tira un pot d’onguent de sa poche, en pansa les plaies, et la laissa…”[1] Horace, horrifié par ce témoignage, laissa choir la missive, qui virevoltant, se posa sur le parquet plus doucement qu’une plume. Baissant la tête, il remarqua son entrejambe. “Mon dieu ! Que m’arrive-t-il ?” se mit-il à penser. […]
la suite à lire par le lien.
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aapea · 1 year
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AAPEA - Armand Petersen - Perroquet sur socle perchoir cubique
Premières éditions post-mortem de ce Perroquet.
​Il existe deux modèles de tailles différentes. La plus grande a été éditée en céramique par la Manufacture de Sèvres. La seconde, de quatre centimètres plus petite a été destiné au bronze.
​Un exemplaire unique en bronze a été vendu à Mme Hoffmann avec certificat sur papier recopié de la main de Petersen avec le dessin du perroquet et ses dimensions. Certificat signé et daté Paris le 20 août 1953.
​On peut remarquer le travail minitieux de représentation des ailes et des plumes.
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armand-petersen · 1 year
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PERROQUET sur perchoir cubique.
Premières éditions post-mortem de ce Perroquet.
Il existe deux modèles de tailles différentes. La plus grande a été éditée en céramique par la Manufacture de Sèvres. La seconde, de quatre centimètres plus petite a été destiné au bronze. Un exemplaire unique en bronze a été vendu à Mme Hoffmann avec certificat sur papier recopié de la main de Petersen avec le dessin du perroquet et ses dimensions. Certificat signé et daté Paris le 20 août 1953. On retrouve, chez les pigeons, la même étude soigneuse du volume des ailes et des plumes du Perroquet.
Un autre Perroquet, non mentionné dans le catalogue raisonné, a été édité par la Manufacture Bing & Grondahl de Copenhague en porcelaine polychrome.
Association Armand Petersen et Etienne Audfray (AAPEA) https://www.aapea.fr
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32-kader-tahri · 1 year
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Quand la France sonnait le canon pour la fin du mois de Ramadhan ?
Entre une pointe d'orientalisme et la volonté de raconter un islam intime et pacifique, redécouvrez le traitement du ramadan dans les médias français des années 30.
L’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan, s’annonce cette année pour le 1er mai au soir en France. Sur les réseaux sociaux ou dans les messages adressés au médiateur de Radio France, des lecteurs déplorent parfois la place accordée par les médias en général et France Culture en particulier au ramadan et à l’observance chez les musulmans. Mais saviez-vous qu’en 1935, on sonnait le canon en France pour annoncer la fin du ramadan ?
On l’apprend en parcourant Le Petit journal, et ses éditions des années 30 sur le site des archives de presse Retronews. “Un coup de canon dans les villes, le chant du marabout dans les campagnes annonceront ce soir que la période d’abstinence s’achève. Voici trente jours que, du lever au coucher du soleil, les mahométans n’ont pris aucune nourriture”, écrit le quotidien parisien dans son édition du 6 janvier 1935.
Républicain et conservateur, Le Petit journal disparaîtra à la Libération, en 1944, confondu pour avoir reçu des financements de Vichy sous l’Occupation. Mais une décennie plus tôt, en 1935, il fait plutôt œuvre de pédagogie en matière d'islam, non sans une pointe d’ironie : “A la tombée de la nuit, les musulmans de Paris pourront passer à côté d’un infidèle qui mâchonne un cigare ou tire des bouffées de sa cigarette sans porter la main à sa bouche pour éviter qu’un atome de fumée y pénètre.” Mais que se passe-t-il du côté du cercle polaire, si les journées durent 23 heures, soleil de minuit oblige ? La réponse est dans l’article, qui cite les autorités de la mosquée de Paris : “Le Coran permet de prendre une moyenne car le ramadan n’est pas une épreuve inhumaine”.
Plus loin, Le Petit journal explique encore que le mouton du beïram que les musulmans tueront un peu partout en l’honneur de la fin de trente jours de jeûne, “rappelle celui que l’Ange Gabriel apporta du ciel et plaça sous le couteau d’Abraham pour sauver la vie d’Isaac”.
Il y a près d'un siècle, la presse relatait plutôt avec bienveillance ramadan et Aïd el-Fitr, peut-on découvrir en parcourant le site des archives de presse de la BNF. Il s'agit d'abord du ramadan dans le monde musulman (Algérie, protectorats et pays arabes) et pas chez les musulmans installés en France. Sirop de violette et velours vert épinard, Le Figaro racontait ainsi pour sa part avec un brin d’orientalisme mais globalement de la sympathie la fin du ramadan, trente ans plus tôt. C’était sous la plume de la Française Jeanne Puech, qui signait sous pseudo Jehan d'Ivray. Mariée à un Egyptien, elle chroniquait ainsi la fin du Ramadan en Egypte dans le quotidien français en 1906 :
C'est là le beau côté de cette religion et de ce pays extraordinaire où il semble que le soleil en brûlant les fronts réchauffe les cœurs. Plus que partout ailleurs, ici, la fête est générale, et le peuple, si misérable soit-il, à sa part de toutes les joies.
Puis la presse s'invite à la Mosquée de Paris ou chez les musulmans de France, qu'elle appelle encore parfois "indigènes ou mahométans", mais de plus en plus "musulmans". En 1936, Paris Soir vante ainsi "les pâtes de fruits odorantes qui circulent à la Mosquée de Paris" où le quotidien a envoyé un journaliste pour chroniquer l'Aïd.
Dans les archives radiophoniques, la toute première évocation du ramadan remonte à 1938, avec un sujet sur le mois de jeûne en Tunisie. Mais dès 1946, un reportage sonore de trois minutes raconte la fin du ramadan depuis la Mosquée de Paris, darboukas et chants religieux au micro. Malgré la piètre qualité du son qui pique un peu les oreilles, vous pouvez tout de même vous replonger dans ce document qui raconte un traitement bienveillant de l'islam par les médias à l'époque.
C'était il y a 72 ans et le journaliste Claude Darget achevait son reportage sur ces mots :
Il ne me reste plus qu'à souhaiter à nos amis musulmans de Paris de pouvoir suivre fidèlement leurs préceptes religieux car si jeûner est quelque fois désagréable, ne pas jeûner reste un problème monétaire ardu.
Source : franceculture.fr/histoire/ramadan-dans-les-archives
Kader Tahri
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naantokhi · 2 years
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Aminata Sow Fall, une carrière en majuscule. À 80 hivernages, elle «écrit encore avec la main pour révéler l’humain», nous dit-elle. Aminata Sow Fall, celle qui, «enseignante, n’a jamais frappé un élève», fascine par la puissance de sa plume qui interpelle et la sagesse de sa personnalité qui apaise. Une des premières écrivaines africaines d’expression française, son œuvre ouvre des voies pour l’avenir de la littérature. Une romancière octogénaire de carrière en majuscule Depuis «Le Revenant», son premier roman publié aux Nouvelles éditions africaines (Nea, 1976), qui dénonce le goût du lucre des Sénégalais, la corruption omniprésente ainsi que la trahison des valeurs familiales de solidarité et de compréhension, en passant par «La Grève des bàttu» (Nea, 1979), à son dernier ouvrage «L’empire des mensonges» (Le Serpent à Plumes, 2017) qui place l’humain au centre du monde, Aminata Sow Fall, bien qu’elle se défende de tout engagement politique partisan ou d’être une féministe, symbolise le courage de ces femmes qui, très tôt, ont pris la plume pour combattre les injustices de la société à une époque où l’écriture masculine prévalait. Pionnière, Sow Fall porte aussi l’avenir des belles lettres sénégalaises. Un regard pointu, sans jugements sur sa société Aminata Sow Fall est une grande romancière qui détient le double privilège de connaître en profondeur son milieu et sa culture d’origine, et de maîtriser l’outil linguistique qu’elle manie si admirablement. «L’écrivaine possède, en effet, ce pouvoir gratifiant de domestiquer la langue française en l’occurrence, à la plier à ses propres exigences. Elle mobilise avec à propos des techniques variées, dans le cadre de stratégies narratives originales», soutient le Professeur Birahim Thioune, auteur d’«Aminata Sow Fall. Romancière. L’écriture en abyme» (L’Harmattan, 2021). Analysant la plume de Sow Fall, il révèle : «Son modèle narratif de base est un art du contrepoint», dont il faut ajouter deux de ses techniques narratives favorites, «la structure de la mise en abyme et le collage littéraire qui ont connu au 20ème siècle des usages variés». Ces éléments du dispositif de création sont mis en œuvre, chez elle, pour aborder les problèmes de l’éducation et de la formation, de la condition des femmes et plus fondamentalement ceux du patrimoine. En effet, Aminata Sow Fall observe dans tous ses romans la détérioration progressive de la société sénégalaise avec l’œil le plus objectif possible. «Sans poser de jugement de valeur, elle laisse les personnages se révéler dans leur laideur ou dans leur beauté et le lecteur de faire son travail de lecture critique. Il y a une certaine jubilation à lire Aminata Sow Fall, car le lecteur participe à la construction de son œuvre», fait remarquer Fatimata Bâ Diallo, écrivaine et professeure de français qui revendique la grande influence d’Aminata Sow Fall sur sa carrière. À la suite du «Revenant» et de «La Grève des bàttu», en 1979, paraissait «Une si longue lettre», de Mariama Bâ, donnant un coup d’accélérateur (certains diront naissance) à la littérature féminine sénégalaise plusieurs décennies après «Force Bonté» de Bakary Diallo publié en 1918. La toute-puissance de l’autorité des hommes vacille. «C’est ainsi que la polygamie, la place de la femme dans la société, la lutte des classes, l’émancipation, entre autres thèmes, étaient au cœur de leurs préoccupations», rappelle Dr Mamadou Dramé, écrivain et enseignant à l’Ucad. S’ensuivirent, dans les années 1980, les ouvrages de femmes telles que Amina Sow Mbaye, Nafissatou Diallo, etc. Aminata Sow Fall, une carrière en majuscule «À bien des égards, Aminata Sow Fall représente la calebasse, objet magique par excellence, symbole de fécondité, de spiritualité, de générosité. Car, elle est tout cela à la fois. Comme la calebasse, elle a l’air fragile, pourtant elle sait avoir la résistance du bois et durer. Comme la calebasse, elle possède une place unique dans nos imaginaires qu’elle a contribué à forger», déclare Fatimata Diallo.
Sow Fall a écrit une dizaine de livres, des pièces de théâtre et des poèmes. Cheikh Ahmadou Bamba Sène, enseignant au Cem de Thilogne, s’exclame : «L’empire du mensonge» est une interrogation sur l’avenir du monde qui perd de son humanité. Un monde dans lequel l’homme est ballotté entre les mondanités au point que le mensonge lui sert d’arme. C’est un appel à plus d’humanité, de justice, de solidarité, à un monde où l’humain est au centre». «Ce roman est la clef de voûte, mais sans doute pas le sceau, de chefs-d’œuvre dénonçant sans concession les sirènes du mensonge et les pièges où enferment toutes les formes de la cupidité et de la bassesse humaines», écrit Moustapha Tambadou, grand homme de Culture. Un patrimoine, avenir de la littérature ? Le 27 avril dernier, anniversaire d’Aminata Sow Fall, l’École doctorale Arts cultures et civilisations (Arciv) de l’Université Cheikh Anta Diop a planché sur : «Littérature et Patrimoine de l’exemple d’Aminata Sow Fall romancière». L’œuvre de Sow Fall part du local et reflète la totalité du patrimoine de son pays : foncier, intellectuel, moral, esthétique ou artistique, forestier, etc., justifient les universitaires. Elle promeut une sorte de connivence entre l’humain et le naturel, nécessaire, pour un développement intégral. A lire aussi Le prix Goncourt 2020 pour Hervé Le TellierDécès de la veuve de Paulin Soumano Vieyra En effet, la culture occupe dans les univers d’Aminata Sow Fall une place de choix. «Le Revenant» pose le problème fondamental de l’éducation esthétique qui englobe les habitudes vestimentaires et les soins de toilette, ainsi que les aspects folkloriques. «L’Appel des Arènes» (1982) révèle une dimension importante de l’éducation, largement négligée d’ailleurs par l’école formelle qu’on peut identifier au rôle essentiel des domaines du sport et de la musique, dans la formation de l’individu rapportée à la sensibilité aux valeurs du milieu, et la nécessité de s’ouvrir au monde extérieur. La romancière est viscéralement attachée au legs culturel et aux ressources du terroir. L’expérience du quartier des Filaos, à la lisière de la forêt, en retrait de la zone urbaine, et qui s’épanouit au milieu de la végétation (L’Empire du mensonge), et auparavant celle d’Asta Diop au domaine de Natangué, à Bahna, en plein Ferlo (Douceur du Bercail, 1998), illustrent bien l’idée de la possibilité d’un développement endogène. Romancière octogénaire  «S’il fallait classer obligatoirement Aminata Sow Fall dans une veine ou un courant littéraire, le mieux serait de l’identifier comme une romancière du patrimoine», tranche l’Arciv. Son œuvre s’oriente dans cette direction et prolonge une sensibilité déjà ancienne dans le roman sénégalais, représenté précisément par les classiques que sont Ousmane Socé et Abdoulaye Sadji, selon M. Thioune. «Sow Fall rejoint les préoccupations du mouvement de la Négritude, même si elle semble récuser toute idée d’adoption et de revendication de son corpus théorique. Car ses univers romanesques expriment bien la fusion émotionnelle avec la nature, ce désir d’osmose très présent chez Senghor». Au-delà du patrimoine comme enjeu d’un développement endogène, l’enseignant souligne : «Au plan narratif, Aminata Sow Fall ouvre les portes d’un avenir mieux assuré, dans l’optique de la création de dispositifs littéraires, à la littérature romanesque des écrivains sénégalais et africains. En intégrant à son champ d’intérêt esthétique les acquis du patrimoine, elle montre, en effet, la voie d’un renouvellement de l’activité créatrice dans ce domaine».
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katakaal · 2 years
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Aminata Sow Fall, une carrière en majuscule. À 80 hivernages, elle «écrit encore avec la main pour révéler l’humain», nous dit-elle. Aminata Sow Fall, celle qui, «enseignante, n’a jamais frappé un élève», fascine par la puissance de sa plume qui interpelle et la sagesse de sa personnalité qui apaise. Une des premières écrivaines africaines d’expression française, son œuvre ouvre des voies pour l’avenir de la littérature. Une romancière octogénaire de carrière en majuscule Depuis «Le Revenant», son premier roman publié aux Nouvelles éditions africaines (Nea, 1976), qui dénonce le goût du lucre des Sénégalais, la corruption omniprésente ainsi que la trahison des valeurs familiales de solidarité et de compréhension, en passant par «La Grève des bàttu» (Nea, 1979), à son dernier ouvrage «L’empire des mensonges» (Le Serpent à Plumes, 2017) qui place l’humain au centre du monde, Aminata Sow Fall, bien qu’elle se défende de tout engagement politique partisan ou d’être une féministe, symbolise le courage de ces femmes qui, très tôt, ont pris la plume pour combattre les injustices de la société à une époque où l’écriture masculine prévalait. Pionnière, Sow Fall porte aussi l’avenir des belles lettres sénégalaises. Un regard pointu, sans jugements sur sa société Aminata Sow Fall est une grande romancière qui détient le double privilège de connaître en profondeur son milieu et sa culture d’origine, et de maîtriser l’outil linguistique qu’elle manie si admirablement. «L’écrivaine possède, en effet, ce pouvoir gratifiant de domestiquer la langue française en l’occurrence, à la plier à ses propres exigences. Elle mobilise avec à propos des techniques variées, dans le cadre de stratégies narratives originales», soutient le Professeur Birahim Thioune, auteur d’«Aminata Sow Fall. Romancière. L’écriture en abyme» (L’Harmattan, 2021). Analysant la plume de Sow Fall, il révèle : «Son modèle narratif de base est un art du contrepoint», dont il faut ajouter deux de ses techniques narratives favorites, «la structure de la mise en abyme et le collage littéraire qui ont connu au 20ème siècle des usages variés». Ces éléments du dispositif de création sont mis en œuvre, chez elle, pour aborder les problèmes de l’éducation et de la formation, de la condition des femmes et plus fondamentalement ceux du patrimoine. En effet, Aminata Sow Fall observe dans tous ses romans la détérioration progressive de la société sénégalaise avec l’œil le plus objectif possible. «Sans poser de jugement de valeur, elle laisse les personnages se révéler dans leur laideur ou dans leur beauté et le lecteur de faire son travail de lecture critique. Il y a une certaine jubilation à lire Aminata Sow Fall, car le lecteur participe à la construction de son œuvre», fait remarquer Fatimata Bâ Diallo, écrivaine et professeure de français qui revendique la grande influence d’Aminata Sow Fall sur sa carrière. À la suite du «Revenant» et de «La Grève des bàttu», en 1979, paraissait «Une si longue lettre», de Mariama Bâ, donnant un coup d’accélérateur (certains diront naissance) à la littérature féminine sénégalaise plusieurs décennies après «Force Bonté» de Bakary Diallo publié en 1918. La toute-puissance de l’autorité des hommes vacille. «C’est ainsi que la polygamie, la place de la femme dans la société, la lutte des classes, l’émancipation, entre autres thèmes, étaient au cœur de leurs préoccupations», rappelle Dr Mamadou Dramé, écrivain et enseignant à l’Ucad. S’ensuivirent, dans les années 1980, les ouvrages de femmes telles que Amina Sow Mbaye, Nafissatou Diallo, etc. Aminata Sow Fall, une carrière en majuscule «À bien des égards, Aminata Sow Fall représente la calebasse, objet magique par excellence, symbole de fécondité, de spiritualité, de générosité. Car, elle est tout cela à la fois. Comme la calebasse, elle a l’air fragile, pourtant elle sait avoir la résistance du bois et durer. Comme la calebasse, elle possède une place unique dans nos imaginaires qu’elle a contribué à forger», déclare Fatimata Diallo.
Sow Fall a écrit une dizaine de livres, des pièces de théâtre et des poèmes. Cheikh Ahmadou Bamba Sène, enseignant au Cem de Thilogne, s’exclame : «L’empire du mensonge» est une interrogation sur l’avenir du monde qui perd de son humanité. Un monde dans lequel l’homme est ballotté entre les mondanités au point que le mensonge lui sert d’arme. C’est un appel à plus d’humanité, de justice, de solidarité, à un monde où l’humain est au centre». «Ce roman est la clef de voûte, mais sans doute pas le sceau, de chefs-d’œuvre dénonçant sans concession les sirènes du mensonge et les pièges où enferment toutes les formes de la cupidité et de la bassesse humaines», écrit Moustapha Tambadou, grand homme de Culture. Un patrimoine, avenir de la littérature ? Le 27 avril dernier, anniversaire d’Aminata Sow Fall, l’École doctorale Arts cultures et civilisations (Arciv) de l’Université Cheikh Anta Diop a planché sur : «Littérature et Patrimoine de l’exemple d’Aminata Sow Fall romancière». L’œuvre de Sow Fall part du local et reflète la totalité du patrimoine de son pays : foncier, intellectuel, moral, esthétique ou artistique, forestier, etc., justifient les universitaires. Elle promeut une sorte de connivence entre l’humain et le naturel, nécessaire, pour un développement intégral. A lire aussi Le prix Goncourt 2020 pour Hervé Le TellierDécès de la veuve de Paulin Soumano Vieyra En effet, la culture occupe dans les univers d’Aminata Sow Fall une place de choix. «Le Revenant» pose le problème fondamental de l’éducation esthétique qui englobe les habitudes vestimentaires et les soins de toilette, ainsi que les aspects folkloriques. «L’Appel des Arènes» (1982) révèle une dimension importante de l’éducation, largement négligée d’ailleurs par l’école formelle qu’on peut identifier au rôle essentiel des domaines du sport et de la musique, dans la formation de l’individu rapportée à la sensibilité aux valeurs du milieu, et la nécessité de s’ouvrir au monde extérieur. La romancière est viscéralement attachée au legs culturel et aux ressources du terroir. L’expérience du quartier des Filaos, à la lisière de la forêt, en retrait de la zone urbaine, et qui s’épanouit au milieu de la végétation (L’Empire du mensonge), et auparavant celle d’Asta Diop au domaine de Natangué, à Bahna, en plein Ferlo (Douceur du Bercail, 1998), illustrent bien l’idée de la possibilité d’un développement endogène. Romancière octogénaire  «S’il fallait classer obligatoirement Aminata Sow Fall dans une veine ou un courant littéraire, le mieux serait de l’identifier comme une romancière du patrimoine», tranche l’Arciv. Son œuvre s’oriente dans cette direction et prolonge une sensibilité déjà ancienne dans le roman sénégalais, représenté précisément par les classiques que sont Ousmane Socé et Abdoulaye Sadji, selon M. Thioune. «Sow Fall rejoint les préoccupations du mouvement de la Négritude, même si elle semble récuser toute idée d’adoption et de revendication de son corpus théorique. Car ses univers romanesques expriment bien la fusion émotionnelle avec la nature, ce désir d’osmose très présent chez Senghor». Au-delà du patrimoine comme enjeu d’un développement endogène, l’enseignant souligne : «Au plan narratif, Aminata Sow Fall ouvre les portes d’un avenir mieux assuré, dans l’optique de la création de dispositifs littéraires, à la littérature romanesque des écrivains sénégalais et africains. En intégrant à son champ d’intérêt esthétique les acquis du patrimoine, elle montre, en effet, la voie d’un renouvellement de l’activité créatrice dans ce domaine».
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already-14 · 2 years
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[BAUDELAIRE].- MALLARMÉ (Stéphane) Le Tombeau de Charles Baudelaire. Paris, Bibliothèque artistique et littéraire (éditions de " La Plume "), 1896. Pet. in-4 (28 x 19,8 cm), broché, chemise demi-veau marron, plats de peau taupe à grain rond artificiel, bandes verticales de veau marron et blanc, rabats en gouttière, boîte assortie (A. Boige - 2004).
Édition originale. FRONTISPICE DE FELICIEN ROPS, REPRODUCTION D'UN PORTRAIT PHOTOGRAPHIQUE DE BAUDELAIRE PAR NADAR, SUR PAPIER JAUNE ; FAC-SIMILE D'UNE PAGE DESSINEE PAR CHARLES BAUDELAIRE. Tirage total de 250 exemplaires ; celui-ci exemplaire " unique sur papier ocre ", justifié au crayon d'une main qui fait penser à celle de Mallarmé. Une épreuve avant la lettre du fac-similé, tirée sur papier jaune a été ajoutée en tête de l'ouvrage. Ouvrage collectif dirigé par Stéphane Mallarmé à la demande de Léon Deschamps, directeur de " La Plume ". Afin de réunir les fonds nécessaires à l'élévation d'un tombeau à Baudelaire, Mallarmé réunit entre 1892 et 1896, les contributions d'une trentaine d'auteurs dont Léon Dierx, Pierre Louÿs, Henri de Régnier, Jean Richepin, Georges Rodenbach ou encore Émile Verhaeren. L'ouvrage contient également des inédits de Baudelaire. " Mallarmé reste fidèle à son admiration de jeunesse. Il l'exprime encore deux ans avant sa mort dans Le Tombeau de Charles Baudelaire, sonnet qui ouvre le recueil d'hommage portant le même titre et publié en 1896 " (Album Baudelaire, Bibliothèque de la Pléiade, p. 283).
artcurial.com
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garadinervi · 5 years
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Paul Eluard, Poésie et vérité 1942, Les éditions de La main à plume, Paris, 1942
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la-tour-de-babel · 3 years
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Programmation’s Remake Show - Première Edition
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Disclaimer : Il s’agit là de la toute première édition d’une série de sept. Les personnages m’appartiennent, contrairement aux films parodiés. Cette première édition n’est pas représentative du ton générale de la série : pour l’instant, nous sommes surtout très proche d’une bonne grosse crack fic. C’est un AU qui se place après les évènements du livre, et je dois admettre que c’est l’un de mes projets favoris. Je ne vous le présenterais pas plus, et vais vous laisser le découvrir... J’espère que vous y trouverez votre bonheur ! 
Pairings :  Messaging Services, Probet, mentions de Franglais
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PREMIERE EDITION
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Vous êtes tranquillement installé sur le fauteuil de votre salon, télécommande à la main, le regard morne rivé sur l’écran de votre télévision. Vous vous ennuyez. Vous ne prêtez aucune attention à ce qu’il s’y passe ; votre esprit est ailleurs, sans doute. Bien mal vous en prend. Parce que, sans prévenir, voilà que la pub Coco Pops qui envahissait les pixels de votre écran disparait, comme si celui-ci venait de s’éteindre. Il ne s’éteint pas, pourtant ; il grésille quelques secondes, avant de virer d’une étrange couleur bleutée d’un autre monde.
Vous clignez des yeux.
Et puis, Programmation apparaît à l’écran, tout sourire, dans un décor clairement volé au Late Show de Steven Colbert. Il rassemble une série de papier, et vous êtes estomaqué de constater qu’il est vêtu d’un costume cravate parfaitement formel- si ce n’était que la cravate n’avait pas été mise correctement, et que c’était clairement une cravate volée à Alphabet.
« Bonjour à vous, lecteur ! » s’exclame joyeusement ce présentateur télé insolite. « Ceci est le premier épisode d’une émission qui, peut-être, pourrait devenir récurrente- le Programmation’s Remake Show ! »
La déclaration s’accompagne d’un jingle pas forcément très bien accordé, et d’un logo coloré qui s’éclata sur votre écran comme un crachat de peinture. Vous constatez que le présentateur se dandine déjà sur sa chaise, visiblement incapable de rester si longtemps immobile et droit quelque part.
« Dans cette émission, » continue Programmation, jetant une des feuilles de son script derrière lui, « Nous allons, sous vos yeux ébahis, rejouer, avec notre troupe d’acteurs parfaitement volontaires et parfaitement non payés, quelques scénarios de vos films préférés ! A notre sauce, bien sûr, hein, mais bon écoutez nous voulions juste partager nos passions, alors faites avec. Voilà. »
C’est maintenant le script tout entier qu’il envoie valser par-dessus son épaule, une pluie de feuille virevoltant devant la caméra. Quelqu’un grommela hors-champ ; vous supposez qu’il s’agit de Binaire, bien évidemment de corvée nettoyage.
« N’attendons plus, chers lecteurs ! » gazouilla Programmation, qui ne résista pas plus longtemps à l’envie de mettre ses pieds sur son bureau. « On commence tout de suite avec la Reine des Neiges. Kiffez votre race ! »
Un clin d’œil vers l’écran ; et, en une parodie des films Paramount des années cinquante, son visage s’emprisonna brièvement au milieu d’un écran noir percé du rond qui permettait de le voir, sous le son d’une petite musique joyeuse. Alors, seulement, le film commença.
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Ce fut d’abord le son d’un toussotement gêné, alors que l’écran n’est pas encore sorti du noir de sa transition. Et puis, on entendit, sans le moindre sens musical, un chœur de voix nasillardes s’élever, pour chanter l’introduction du film. Le décor apparut. C’était une peinture brouillonne d’une montagne enneigée, devant laquelle quelqu’un jetait des plumes d’oreillers dans l’espoir que ça ressemble à des flocons de neige. On vit entrer, dans le champ de la caméra, une pancarte, manifestement tenue par quelqu’un qui rampait en dessous, abordant fièrement le titre du film (écrit en tout petit, en haut, à gauche), et abordant humblement le nom du réalisateur (en très gros, bien au centre de la pancarte).
Et puis, pendant que deux petits soldats -habillés tout en vert, mais n’ayant pas été retouchés par l’équipe des effets spéciaux par manque de budget- faisaient glisser la peinture de montagne enneigé au loin, on put voir se construire, avec beaucoup d’ingéniosité, le décor minimaliste de ce qui devait visiblement faire penser à la cour d’un château.
Enfin, on y poussa, sans la moindre somation, un SMS déguisé en petit garçon, la tête couverte d’une perruque rousse, et Service Secret Junior, placide, sous sa perruque platine. Les deux frères se jetèrent un regard lourd de sens, alors que le réalisateur, derrière la caméra, leur adressait de grands pouces approbateurs. Puis, SMS se racla la gorge, le regard rivé sur le prompteur qui faisait défiler le texte.
« Oh, bah, te voilà, Elsa, ma sœur ainé doté 2 pouvoir magik 2 glasse. »
« Oui, en effet, » récita platement Service Secret Junior, dans un soupir fatigué. « Que puis-je faire pour toi, Anna, ma petite sœur cadette qui elle n’est pas doté de pouvoir ? »
« E bi1, je voudré 1 bonome 2 neig, » déclara SMS, plein d’une inégalable conviction. « Genr, m1tenan. »
A cet instant, on put admirer tout l’extension du budget alloué aux effets spéciaux. Service Secret Junior agita vaguement la main gauche, pour que celle-ci s’illumine du bleu de sa magie linguistique. Un malheureux figurant, qui, à n’en point douter, était Alphabet, se dressa alors devant la caméra, déguisé en bonhomme de neige, entouré de flocons incrustés grâce à Windows Movie Maker. SMS, en traînant des pieds, entreprit d’avoir l’air de s’amuser sous ces inexistants flocons, qui ne cessaient de tomber, de plus en plus drus.
« Ne bouge pas trop, Anna, je pourrais accidentellement de blesser à cause de cette magie que je ne contrôle pas tout à fait, » prévint Service Secret Junior, qui ne se rendit compte qu’à cet instant qu’il était supposé faire plus de lumière magique, et qui agita un peu plus frénétiquement les mains. 
« Jenten pa, » affirma SMS, qui entendait très bien, et qui en avait eu sa claque de faire semblant de jouer sous la neige.
« Je perds le contrôle, » signala Service Secret Junior. « Oh, non. »
La manifestation de la perte de contrôle des pouvoirs d’ « Elsa » fut, en fait, une boule de fausse neige que quelqu’un jeta droit dans la tête de SMS, envoyant valser avec elle la perruque rousse de la pauvre langue.
« Mé Smilé, vise mieu ! » couina le tyran, juste à temps pour qu’on l’entende malgré le dramatique fondu au noir.
Une fois n’est pas coutume, la transition semblait presque professionnelle ; le fondu au noir laissa peu à peu place à un nouveau décor, qui semblait être la porte d’une chambre. Visiblement, on essayait de faire croire que c’était une chambre de château, mais c’était surtout une chambre d’hôtel délabrée. Devant la caméra, il y avait maintenant trois personnes : SMS, dans son costume d’enfant scandinave, Signes, dans une longue robe royale, et Service Secret, qui avait visiblement eu la bonne grâce de jouer le jeu et d’abandonner brièvement son style habituel pour se retrouver en tenue princière.
SMS sembla prendre conscience que la scène avait commencé, lorsque le réalisateur souffla « Action ! » derrière sa caméra ; il leva la main, et frappa mollement à la porte.
« Je voudré 1 bonome 2 neig, » bougonna-t-il, et si on pouvait saluer quelque chose, c’était qu’il avait au moins fait l’effort d’essayer de chanter. « Pk g pa le droi 2 voir Service Secret J- euh, Elsa ? »
« Parce que, fils, » répondit Service Secret, qui avait l’air d’être le seul à s’enjailler, « les trolls qui vivent dans les montagnes nous ont signalé que ses pouvoirs pouvaient être dangereux, et, puisque nous sommes d’affreux parents qui préférons enfermer notre enfant différent plutôt qu’accepter cette différence avec la fierté qu’il se doit, nous avons décidé de laisser ta sœur vivre seule dans la solitude et la culpabilité en craignant ce qu’elle est. »
« Mé, cé orible, » s’indigna SMS, appuyée par Signes qui hocha vigoureusement la tête.
« Absolument ! » approuva Service Secret. « Mais c’est dans le scénario. »
« J’aimerais bien qu’on le suive, d’ailleurs, ce scénario, » rappela le réalisateur, qui ne pouvait pas se permettre d’être agacé parce que, eh bien, on ne s’agaçait pas contre son père et sa belle-mère.
« Oué ba ilé nul ton scénario, » ronchonna SMS, dans cette moustache qu’un enfant ne devrait certainement pas avoir. « Mé du kou, papa, si je peu pa parlé à Elsa, je sui tout seul aussi ! »
« Mince, c’est vrai, » fit Service Secret, esquissant une superbe moue faussement pensive, qui avait le mérite d’être la seule expression convaincante depuis le début du film.
« Keskon fé, du kou ? » s’enquit SMS, plein d’espoir, redressant sa perruque rousse d’un geste agacé.
« Toi, je ne sais pas, fils, » conclut Service Secret, prenant la main de Signes dans la sienne, « Mais nous, nous allons monter dans un bateau qui va, hélas, couler en mer, parce que nous sommes des parents dans un film Disney et que c’est une honte que nous soyons encore en vie. »
« Mé, » commença SMS.
« Au revoir ! » salua Service Secret, se laissant entraîner hors du champ de la caméra par Signes. « Je vais mourir, encore ! »
« Pourquoi t’as ajouté le « encore » ? » geignit le réalisateur.
Il n’eut pas de réponse ; quelqu’un joua trois notes dramatiques sur un piano, et la scène changea, une nouvelle fois. On quitta la chambre délabrée de l’hôtel, pour se retrouver dans le hall délabré de ce même hôtel. On pouvait souligner une audace remarquable de ce film amateur, qui, pour cette nouvelle scène, avait eu le courage de laisser fourmiller l’écran de figurants. On notait, par exemple, Sa Royauté Anglais, dans le rôle du prêtre qui s’apprêtait à couronner Elsa, Président Français, visiblement convaincu par le précédent monarque d’accepter le rôle du duc de Weselton, et Gallois dans le rôle d’un habitant enthousiaste. Service Secret Junior entra en scène, le pas tranquille, qui, à défaut d’être convaincu, avait le mérite de ne pas être trop mou. Quelqu’un avait jugé bon de le faire changer de costume ; le problème, c’était qu’il n’avait pas l’habitude de marcher avec une cape, et manquait à plusieurs reprises de se prendre les pieds dedans.
« C’est le jour de mon couronnement, » signala-t-il, « Puisque je viens d’avoir dix-huit ans, et que mes parents sont morts en mer. J’espère que personne ne découvrira ce secret que j’ai enfermé dans un placard métaphorique. »
« Oh la la, » marmonna Président Français, qui était en fait en train de faire un effort et de lire son texte. « Il y a quelque chose d’étrange avec cette famille royale. J’ai bien l’intention de découvrir ce que c’est. »
« Perso, » interrompit SMS, qu���on venait de pousser sur scène parce qu’il avait oublié qu’il jouait dedans, « Je men fich du couronemen, je ve just trouvé l’amour. »
« Et moi, » termina Binaire, dans le rôle de Hans, qu’on avait étrangement décidé d’affubler d’une veste cerise, « Je suis une sale race et je veux juste le pouvoir. Je vais donc aller séduire cette dinde naïve, juste ici. »
SMS lui adressa un regard positivement venimeux, parce que, fiction ou pas, il n’appréciait pas être traité de « dinde naïve » par qui que ce soit. Et puis, surtout, ce n’était pas dans le script, si on en croyait le sourire suffisant qu’aborda Binaire.
« Vou zèt charman, Monsieur, » grinça le tyran, comme si ces mots lui était physiquement douloureux.
« Je sais, » se rengorgea Binaire, parce qu’après tout, c’était vrai. « Veux-tu m’épouser ? »
« Grav, » fit SMS, du bout des lèvres.
« Je ne suis pas d’accord, » intervint Service Secret Junior, faisant l’effort de se donner un air autoritaire. « On n’épouse pas un homme qu’on a rencontré le jour même. »
« C’est bien vrai, » approuva, tout bas, Sa Royauté Anglais.
« Tu peux dire ça, chaton, quand tu n’épouses même pas un homme que tu as rencontré il y a deux mille ans, » souffla, tout bas, Président Français.
« Mé je lèm ! » coupa SMS, qui avait au moins la bonne volonté de respecter le script de son frère. « Done ta m1, Service Secret Junior, fo ke je retir ton gan. »
« Ah, en effet, c’est vrai, » concéda Service Secret Junior, tendant la main gauche pour que SMS puisse continuer à faire efficacement avancer l’intrigue.  
Le gant fut ainsi retiré, et jeté en arrière dans le public- plus précisément, au visage du pauvre Gallois qui n’avait rien demandé, et qui adressa, en arrière-plan, un regard malheureux vers Haut-Alémanique, présent sur le plateau par on ne savait trop quelle opération du Saint-Esprit. De toute façon, l’attention du spectateur ne se portait pas sur eux, puisque Service Secret Junior prenait grand soin d’illuminer la scène du bleu de sa magie.
« Oh non, je perds le contrôle, » expliqua-t-il, pour le spectateur inattentif.
« Sorcellerie ! » beugla Président Français, étrangement enthousiaste dans son rôle.
La scène atteint le summum de sa tension ; Service Secret Junior, en héros tragique, roula des yeux, soupira, et sortit de la scène en trottinant pour figurer la fuite éperdue de la reine Elsa, alors que l’un des spectateurs (probablement Gallois) se fendait d’une exclamation de surprise parfaitement convaincante.
L’écran se noya dans l’incrustation des flocons de mauvaises qualités ; une transition qui, à défaut d’être belle, était efficace, puisqu’elle permit de faire disparaître la scène actuelle, pour laisser apparaître la scène suivante. Et on sentait, à l’expression qu’abordait Service Secret Junior, escaladant une colline sans le moindre enthousiasme, que c’était une scène particulièrement redoutée par l’acteur improvisé.
Pendant quelques secondes, il n’y eut que le silence, le chant d’un oiseau particulièrement joyeux, et les plumes d’oreillers que quelqu’un faisait tomber du haut de la colline. Regard caméra de Service Secret Junior ; il n’y avait pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’il suppliait le réalisateur de ne pas le forcer à chanter.
Mais le réalisateur était impitoyable. Service Secret Junior soupira profondément.
« Bon, eh bien, puisque mon secret est découvert et qu’on m’a fait comprendre que c’était là un secret dangereux, je vais maintenant vivre toute seule dans les montagnes. C’est cool, en fait. »
« La chanson ! » s’indigna le réalisateur. « Chante la chanson ! »
« Libérée, délivrée, » se résigna Service Secret Junior, qui, de fait, ne chantait pas tout à fait faux, mais n’avait certainement pas la voix pour une chanson pareille. « C’est décidé je m’en vais. »
Pendant cette émouvante prestation, on put apercevoir plusieurs soldats SMS courir autour de l’acteur principal, pour placer un fatras de tableau, de toile et de décor en carton représentant les murs d’un château de glace ; et, franchement, ce n’était pas si laid que ça à regarder, de loin, en plissant des yeux et en étant bigleux. On avait presque l’impression de voir Elsa le construire, ce fameux château, quand on avait une excellente imagination.
« Perdu dans l’hiver ! » conclut Service Secret Junior, levant mollement les bras, et, non, décidément, cette note, il ne l’avait pas du tout. « Le froid est pour moi le prix de la liberté. »
« Magnifique, » applaudit le réalisateur, ému aux larmes.
Il n’eut, pour seule réponse, qu’un regard particulièrement dubitatif de son frère aîné. Et puis, la caméra se détacha de la scène face à elle, pour descendre, en une tentative de travelling, la colline qu’elle avait montée ; mais c’était surtout évident que quelqu’un avait cru que ce serait une bonne idée de la faire rouler sur une chaise de bureau, et on ne put que noter les cahots anarchiques provoqués par la descente tumultueuse. Elle ne s’arrêta que de justesse devant une petite maison, généreusement prêtée par Espéranto pour les besoins du tournage, sur le devant de laquelle on avait accroché une pancarte annonçant qu’il s’agissait là d’une boutique montagnarde.
Devant, il y avait, en effet, un stand croulant de babioles évoquant vaguement la randonnée ; et, derrière, on y avait assis un pauvre Alphabet, misérable, dans son pullover et son bonnet brodé par Smiley. Il était toujours moins misérable que SMS, qui se traînait vers lui comme une âme en peine, avec sa perruque rousse.
« Ah, ça par exemple, je ne m’attendais pas à voir quelqu’un par un temps pareil, » tenta Alphabet, allant jusqu’à ponctuer l’enthousiasme de ses paroles d’un petit salut de la main. « Tant de neige, en plein été ! »
Bien sûr, il n’y avait pas de neige du tout ; on était au début du printemps, et le budget de fausse neige et de plumes d’oreiller avait déjà été bousillé par les scènes précédentes. Clairement, le réalisateur en appelait à l’imagination de son spectateur. Une imagination qui devait faire défaut à SMS puisqu’il jeta autour de lui un regard hanté par la plus grande des incrédulités.
« Uh, oué, » répondit « Anna », par soucis de respecter le script. « C pour sa ke je sui là, je doi alé dan lé montagne récupéré ma seur magik ki fé négé. »
« Eh bien, c’est pas banal votre histoire, » remarqua fort justement Alphabet.
Ce fut à ce moment parfaitement bien choisi qu’on choisit de pousser un nouveau personnage sur scène. C’était MMS, qu’on n’avait pas réussi à déguiser tout à fait, mais qui avait visiblement accepté un compromis, et avait troqué son képi pour le bonnet de Kristoff. Cela mis à part, il gardait son long manteau noir.
« Ah… » souffla-t-il, et il était clair qu’il aurait déjà été blasé s’il n’avait pas eu le privilège de jouer le love interest de SMS. « Par le plus grand des hasards… Moi, Kristoff, qui connait parfaitement la montagne susnommée… vais entrer dans cette boutique pour acheter des carottes. »
« Ça tombe bien, j’ai des carottes, » proposa Alphabet.
« C’est trop cher, » répondit MMS, avant d’ajouter, par plaisir de pouvoir insulter Alphabet en toute impunité, « Vous êtes un charlatan. »
Il y eut quelques secondes de silence. Regard caméra d’Alphabet, qui, les yeux larges et le visage soudainement déconfit, cherchait manifestement à plaider sa cause auprès du réalisateur.
« Ne me dit pas que c’est la scène où je dois menacer physiquement Kristoff et le jeter dehors ? »
MMS se fendit d’un très fin sourire. Personne ne sut ce que répondit le réalisateur ; toujours est-il qu’Alphabet, la mine défaite, contourna sa table pour rejoindre MMS. Il dut se mettre sur la pointe des pieds, pour que, finalement, le grand blond daigne baisser la tête pour lui permettre de saisir son col, et pour qu’il puisse subtilement l’entraîner hors du champ de la caméra.
« Et que je ne te vois plus, gredin, » balbutia-t-il.
« Kel otorité, » gazouilla SMS.
« Ça c’est mon homme, » fit la voix du réalisateur.
« Ce n’est pas dans le script ! » s’égosilla Alphabet.
Fondu au noir particulièrement lourd de sens, qui permit, avec une efficacité sans pareil, de graver ces sages paroles dans l’esprit du spectateur. Nous retrouvâmes ainsi SMS et MMS, marchant au milieu de la « montagne », accompagné d’un figurant qu’on avait obligé à enfiler un costume de renne. Ce figurant, évidemment, c’était Smiley.
« Je regrette d’avoir accepté… de vous servir de guide… pour quelques carottes, » commença MMS, qui n’avait pas l’air de regretter du tout.
« Mé non, » répondit très justement SMS. « E pui, nou some sûremen bi1tô arivé ! »
« Bonjour, » marmonna Alphabet, qui avait retrouvé son costume de bonhomme de neige, et qui était contraint de revenir une nouvelle fois devant la caméra. « Je m’appelle Olaf, et j’aime… les gros câlins. »
« F, » murmura Smiley.
« O, 1 bonome 2 neig ki parle, constata SMS.
« Chouette, alors, » soupira MMS. « Il ne manquait… plus que cela. »
« On a plus le temps ! » intervint le réalisateur. « Il va falloir rusher la fin ! »
« Et couper ça au montage, » fit remarquer Alphabet.
« Ouais, grave, » approuva le réalisateur, qui n’avait visiblement pas écouté ce merveilleux conseil.
Cette fois-ci, on n’essaya même pas de donner un semblant de cachet à la transition par le biais d’un fondu au noir ; non. Le plan précédent était sur MMS, SMS, Smiley et Alphabet, et puis, tout à coup, on se retrouvait dans le « palais » de Service Secret Junior.
Service Secret Junior qui avait un minimum de conscience professionnel, et qui était déjà occupé à avoir l’air tourmenté. Ce n’était certainement pas une émotion très difficile à jouer, compte tenu du désespoir certain qu’il éprouvait à voir la chose s’éterniser.
« Que faire, » clama-t-il, et on sentait qu’il palliait au manque total de direction d’acteur en se raccrochant aux seules pièces de théâtre qu’il avait pu voir- une représentation d’Hamlet dans un collège de Perpignan. « Ma sœur, Anna, est venu troubler ma quiétude en m’annonçant que j’ai accidentellement plongé le royaume entier dans un hiver éternel ! Et moi, malheureuse, qu’ai-je fait ? Qu’ai-je fait ! Las ! J’ai gelé le cœur de ma sœur, avant de la jeter hors de mon palais. Ah ! Pourra-t-elle seulement être sauvée ! »
« Wow, » murmura le réalisateur.
« J’ai trouvé la Reine ! » déclara Binaire, qui entrait, flamboyant.e dans sa veste cerise, arbalète à la main. « Ne la tuez pas, il me la faut vivante pour le reste de mon plan machiavélique ! »
« Ciel ! » répondit Service Secret Junior. « Je suis capturée ! »
Et de fait, c’était vrai ; voilà qu’une foule de soldat SMS surgissaient, comme des fourmis, pour se saisir de l’acteur, et l’entraîner hors de scène. Une scène qui avait, par ailleurs, eu de drôles d’accents de poignantes tragédies ; saluons donc la conviction des acteurs, et surtout, de la production qui n’avait pas eu besoin d’être trop présente, et donc, qui n’avait pas pu être moche.
On sentait, de toute façon, qu’on approchait au dénouement du film ; puisque la scène qui suivit, toujours aussi abrupte et mal introduite, nous permit de retrouver SMS, dont la perruque était devenu blanche, qui, avec tout le manque de volonté possible, se laissa tomber dans les bras d’un.e Binaire tout aussi peu impliqué.e dans la situation.
« G le keur gelé, » signala SMS, bougonnant.
« C’est très malheureux, » concéda Binaire.
« Lé trol on di ke seul 1 bésé damour véritabl peu me sové, » continua SMS.
Binaire leva les yeux au ciel ; puis, iel se pencha, et saisit le menton de SMS entre ses doigts pour lever son visage vers lui. Les deux se foudroyèrent sombrement du regard. La tension s’étira.
« T’as pas intérêt à embrasser mon bébé frère, » menaça le réalisateur.
« Oui, » approuva la voix doucereuse de MMS, hors champ, lui aussi.
« De toute façon, je ne t’aime pas, » laissa finalement échapper Binaire, qui, tout à son animosité, en avait oublié son texte.
SMS soupira de soulagement, cet e qui n’était clairement pas la réaction qu’il aurait légitimement dû avoir s’il avait voulu jouer correctement son rôle. Qu’importait ; la scène était fini, après avoir été si rondement et brillamment menée. Le décor s’effaça une dernière fois ; et, puisqu’il n’y avait clairement pas le budget pour fabriquer tout un blizzard et une fin épique pleine de magie, d’épée, de statue de glace et de fonte de tout un fjord, et bien, le réalisateur prit visiblement le choix audacieux de ne pas faire de climax du tout, et de terminer sur un simple panneau « Tout est bien qui fini bien ! :D » écrit en blanc sur fond noir.
Après quoi, le générique défila, incluant le nom de toutes les malheureuses victimes impliquées dans cette chose ; tout cela, sur une reprise pour le moins intrigante de « Libérée, Délivrée » par Sa Royauté Anglais, que personne ne saurait sans doute jamais vraiment expliquer.
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Vous clignez des yeux, pas vraiment certain de ce que vous venez de voir. Sur l’écran de votre télévision, le sourire béat de Programmation est de retour ; à l’exception près qu’il avait enlevé cravate et veste, parce que, franchement, ça bridait ses mouvements.
« Et c’est la fin de notre premier épisode ! » se rengorgea l’imbécile, fier comme un paon. « N’hésitez pas à vous abonner à notre chaîne, à nous suivre sur les réseaux, vous avez le topo. Nous attendons vos suggestions en commentaire, tout comme vos contributions- après tout, l’auteur n’est pas le seul à avoir accès à nous autres, eh ? » 
Il se dresse sur sa chaise, frappant le bureau du plat de ses deux mains, avant de pointer un doigt énergique vers l’œil de la caméra qui le filmait. Un dernier clin d’œil.
« C’était le Programmation’s Remake Show ! A très bientôt, lecteur ! »
 Et on va mettre ça là, parce que ça fait bien : FIN
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librairie-voyage · 4 years
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Eloge d’une petite maison d’éditions : les éditions Nanika (par Serge)
Si dans les temps qui courent, les voyages sont un peu restreints voire à l’arrêt et qu’au contraire, l’envie de s’évader stimule nos pensées, laissez-nous vous parler d’un petit « quelque chose » pour tenter de répondre à cette envie d’évasion.
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Voyager, donc, est bien compliqué, physiquement du moins, mais littératures, récits ou guides peuvent panser les maux par… les mots (ce calembour est simple, on vous l’accorde). Nous aimerions donc remercier ces multiples ouvrages ainsi que leurs parents ; facilement, notre esprit se tourne vers les auteurs, mais il y a également, ces travailleurs de l’ombre que sont les éditeurs.
Car oui, n’oublions pas ces derniers qui, par leur travail de recherches et trouvailles, sont aussi des créateurs de rêves. Et il en faut de la besogne, de la créativité et de la réflexion pour réussir à déceler ce petit « quelque chose » en plus…
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N’allez pas croire que mes propos réduisent leurs tâches à un petit « quelque chose », c’est seulement que la maison d’éditions que nous souhaitons mettre en avant aujourd’hui porte, littéralement – après traduction –, le nom de « quelque chose » ou« Nanika » en japonais.
​D’ailleurs, voici un extrait tiré de la présentation de cette jeune maison d’édition :
– « Nanika » ça veut dire quoi
– Ca veut dire « quelque chose ».
– Ah, et ça veut dire quoi alors ?
– Je te dis que ça veut dire « quelque chose »… en japonais… L'expression « quelque chose »
« Quelque chose »… Une chose indéterminée, un événement, une situation, une relation dont on ignore la nature… Nanika c’est ce petit « quelque chose » qui peut tout changer – qui veut tout changer. C’est mettre le doigt sur quelque chose, prendre quelque chose à cœur, avoir quelque chose sur le bout de la langue. C’est, comme le disait Nicolas Bouvier, ce quelque chose qui grandit en nous et « qui détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon ».
« Bouvier, vous avez dit Bouvier ? » Petit aveu, en citant cet écrivain voyageur, Nanika attire d’emblée notre attention. Et puis, lorsque l’on parcourt les ouvrages que propose cette maison d’édition, on est séduit par les différentes thématiques proposées : monde, voyage et cultures étrangères.
Quelque chose en plus ?
L’un des titres phares de cette maison d’éditions qui nous a le plus marqué reste celui qui, dans la collection « Quelque chose de », se consacre à la Corée du Sud.
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Cette collection, accessible à tous, offre une autre façon de découvrirun pays. Vous ne trouverez ni liste d’hébergements ou de restaurants, ni inventaire de sites touristiques à visiter. Ces ouvrages sont davantage dans l’esprit d’un carnet de voyage où l’on va à la rencontre des coutumes, des expériences culturelles que les auteurs ont pu vivre. En témoignent les premières de couvertures qui arborent un portrait, reflet de l’identité culturelle du pays présenté.
Un ouvrage complet et facile à parcourir qui invite au voyage et peint un portrait complet de la Corée du Sud ; on s’immerge dans l’histoire et les traditions (royaume légendaire du Gojoseon, royaume de Silla, le Taegeukki,…), l’art et la culture (le Samguksagi, Terre de poésie, « Corée à cœur » de Ida Daussy, musique et Idol,…), la gastronomie (machikédeusauyo, Kimchi, Odeng,…), les religions et les croyances (chamanisme, Salpuri, fantômes,…), ainsi que les différentes richesses qui forment l’identité et le quotidien des coréennes et coréens. Ce livre qui traite en profondeur ce pays nous prend par la main, nous guide et nous donne à voir la Corée du Sud à travers une belle plume, de l’humour et de jolis conseils. Merci à son auteure, Elise Ducamp.
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​A noter, en plus de « Quelque chose de », les éditions Nanika ont créé une nouvelle collection : « Mangeurs de ville ». Un guide culinaire proposant une promenade gourmande et littéraire. Le premier né, prenant place à Paris, propose des itinéraires jalonnés de lieux où se restaurer. A déguster.
En attendant de pouvoir repartir dans ces voyages que l’on aime tant, nous pouvons voyager, découvrir et rencontrer grâce à ces « Quelque chose » des éditions Nanika, avec en fond sonore « Une nuit sous la lune de Silla » deHyeon-In,« As the night goes on » de Seo Taiji and the Boys, « The passenger » d’Iggy Pop, « The Divine Chord» de The Avalanches ou encore « Balade brésilienne » de Gaël Faye accompagné de Flavia Coelho
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thedaiilybooks · 3 years
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Chronique : Crescent City, Maison de la Terre et du Sang. Sarah J. Maas. Édition De Saxus. 2021
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“En sa qualité de demi-fae, Bryce avait elle-même un odorat plus fin que celui d’un humain normal. Dans sa jeunesse, elle faisait la joie de ses parents en leur décrivant les odeurs de tous les habitants de leur petite ville de montagne, Nidaros.. “
                                                                        - chapitre 2, page 27
Bonjour à tous et toutes.
Cela faisait un moment que je n'avais pas posté sur mon blog. Me voici de retour avec une nouvelle chronique.
Je vais vous parler du nouveau roman de l'autrice Sarah J.Maas, ' Crescent City, maison de la terre et du sang'. Paru le 12 mai 2021 aux éditions De Saxus.
Tout d'abord, Sarah J.Maas, a créé un univers très complet et difficile a comprendre au début. Il faut un certain temps (une centaine de pages à peu près) pour être complètement dans l’univers. Ce qui peut être frustrant pour certains lecteurs. L’envie d’arrêter la lecture peut venir. Mais l’autrice a su surprendre et l’envie de continuer prend le dessus au delà des cents pages lues. Les personnages sont attachants. J’ai beaucoup apprécié le personnage de Bryce. Sa relation avec sa meilleure amie, Danika est touchante. Au fil des pages, on suit l’évolution de Bryce. L'autrice nous fait part des tourments de l’héroïne, de ses peurs. C’est super intéressant à suivre tout au long de la lecture. L’intrigue est bien ficelée. Sous forme d’intrigues policières, à travers toute la ville, l’autrice nous mène petit à petit à dénouement surprenant et inattendu. Des révélations sont faites tout au long du roman qui m’ont surprises. Je m’y attendais pas. Malgré que l’histoire se passe dans un monde de fantasy urbaine, plusieurs sujets sont évoqués : le racisme, les relations amicales, et amoureuses, la déchéance, le système de castes et les inégalités entre les individus. Tous ces sujets sont décrits habilement par l'autrice. Crescent City a été une belle découverte. J’ai été agréablement surprise par ce que j’ai lu. Un début certes un peu long et descriptif, mais petit à petit l’histoire prend forme et j’ai pu continuer ma lecture plus sereinement. Ce fut ma première lecture de l’autrice. J’ai trouvé sa plume fluide et addictive. J’ai hâte de lire le deuxième tome de cette saga. ⭐️⭐️⭐️⭐️/5 
WARNING : Cependant, attention à ne pas mettre entre toutes les mains ce roman. Des propos ou des scènes peuvent être choquants.
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abridurif · 5 years
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D’abord il y a le Monde. Et il y a l’Autre Monde. C’est dans l’Autre Monde qu’il m’arrive de perdre pied. Dans ses changements de calendriers, dans son existence préfabriquée. Ses dédales tortueux dont je me lasse parfois lorsque j’essaie de tenir bon, de m’adapter minute par minute : le monde des feux rouges, des interdictions de fumer, le monde de la location, des clôtures qui protègent des centaines d’hectares de nature sauvage et vierge des intrusions humaines. Cet endroit où, parce que l’on est né avec des siècles de retard, on se voit refuser l’accès à la terre ou à l’espace, la liberté de choix ou de mouvement. Le monde acheté ; le monde possédé. Le monde des bruits cryptés : le monde des mots, le monde des mensonges. Le monde vendu en kit ; le monde de la vitesse industrielle. L’Autre Monde dans lequel je me suis toujours senti étranger. Pourtant il y a le Monde où l’on peut s’adapter et repousser les limites de l’Autre Monde grâce aux clés de l’imagination. Mais là encore, l’imagination est cryptée par les informations fabriquées dans l’Autre Monde. On s’arrête devant un feu qui passe au rouge et l’on vieillit subitement de quelques siècles. Il paraît que l’Autre Monde est aux mains d’une autre espèce d’hommes. Il faut avoir du recul et prendre le temps pour découvrir l’Autre Monde. Seul ce décalage permet de le mettre à nu pour la première fois car il s’est insinué dans votre système sanguin comme un amant invisible. Petit à petit il épouse la forme de vos cellules et vole leur énergie, il se tapit à l’intérieur du corps jusqu’à ce qu’il en devienne le prolongement. Voyager et découvrir des cultures primitives nous ouvre les yeux sur l’Autre Monde ; on comprend qu’en inventant le mot « nature » nous avons divorcé avec le sol sur lequel nous marchons. Quand j’étais petit je comprenais tout cela intuitivement, de la même façon que l’on ressent une sourde peur sans pouvoir l’identifier ou la différencier d’une table ou d’une tasse ou des cieux qui roulent derrière les fenêtres. Depuis l’adolescence, j’ai l’impression de m’observer comme si je me trouvais à des kilomètres au-dessus de la terre, dans les nuages. De là-haut j’aperçois ma minuscule forme humaine, assise ou se mouvant dans la mécanique de la civilisation – parmi les tic-tac de la monstrueuse machine – et elle m’a tout l’air de tourner en roue libre. Seuls quelques-uns en ont le contrôle : ceux qui confectionnent les rouages et les ressorts de l’engin préfabriqué et ceux qui se jettent d’un pont ou du sommet d’un gratte-ciel. Depuis l’apparition du sida et la mort de mes amis et voisins, j’ai la sensation persistante d’avoir une vue plongeante sur les rues et le quadrillage des blocs, mais maintenant au lieu de me concentrer uniquement sur ma silhouette perdue dans l’Autre Monde je vois tout et tout le monde. Comme si je collais l’œil contre une petite fissure dans les ténèbres de la terre d’où sortiraient des processions de fourmis – tout cela me semble désormais insensé et pas seulement mortifère.
David Wojnarowicz, Au bord du gouffre, Éditions du Rocher/Le Serpent à Plumes, 2004
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