#l'homme qui pleure de rire
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" Je me souviens du soleil qui fait l'ombre. Du chagrin qui fait l'homme."
Je me souviens de bien des jolies choses de mon enfance. De bien des jolis rêves. De biens de tendres gestes.
Je me souviens aussi de bien des paysages. Des gâteaux, des histoires de desserts. Des goûters d'anniversaire.
Je me souviens des jeux.
Je me souviens des punitions. De ce que je ne voulais pas et ne voudrais plus. Je me souviens des mots plus durs et des mains plus fortes. De la force des adultes. Je me souviens des surnoms difficiles. Des petites violences éducatives complètement banales.
Je me souviens des fessés qui ne tuent pas. Des taquineries qui ne blessent pas le corps. Je me souviens des punitions qui font mal aux genoux. Du coin du mur. Des oreilles bouchées et des yeux fermés.
Je me souviens de chaque planche de bois du parquet de ma chambre. Des traces d'usures du vernis sur le sol. Des miroirs accrochés au mur. De mes posters. De chaque coin de ce qui était mon repaire. De mon bureau jusqu'à mon lit. Les cent pas fait en attendant la crise.
Je me souviens des poils de chat ou de chiens. Des livres qui s'amoncellent. Des histoires pour partir loin. De la solitude pour mieux gérer l'amertume. De cette odeur de gras et de tabac. De l'odeur du papier et de mes draps, que je connaissais par cœur.
Je me souviens de mes crayons. Du bruits du clavier. Des amis en ligne. De la paix retrouvée.
Je me souviens des cours de récré. Des humiliation. De l'humilité.
Je me souviens d'une lumière pour dormir le soir.
Je me souviens de l'amour qui se transforme en cris. De la passion qui se transforme en rancœur. De ma peur mais aussi mon impatience à tomber amoureuse. Des crises qui durent parce qu'on s'ennuie. Des cris qui s'éternisent parcequ'il n'y a pas d'autres bruits.
Je me souviens de grandir. De devoir partir. De travailler dur tout en cherchant une main à tenir.
Je me souviens des murs �� construire. Des barrières à franchir. Sans oser demander.
Je me souviens avoir dit que c'était fini. Je me souviens avoir choisir l'amour plutôt que la rancœur. Avoir choisi d'écouter plutôt que d'être écoutée. Je me souviens.
Je me souviens avoir choisi le pardon.
Ce n'est pas du sang qui coule juste dans mes veines. Mais la rivière de mon enfance. Et elle n'est pas parfaite. Elle est pleine de cailloux. D'étendues désertes, parfois fleuries et fraîches et à d'autres endroits, la voilà sombre et maraicageuse...
Parce que la rivière de mon enfance n'a pas toujours été douce avant de se lancer dans la mer. Il a fallut se maintenir hors de l'eau sans s'éloigner du cocon familial. Apaiser les cris et les larmes et tant pis s'il n'y avait pas d'épaules pour essuyer les miennes.
Je me souviens. De la fratrie divisée. De chacun qui avance. Des chemins qui se croisent. Du plus petit qui crie et pleure et du plus grand qui s'en va. Silencieux. Sans jamais un mot.
Je me souviens d'être toujours entre deux. Une petite chouette. Une girouette. Des rires et des larmes mais surtout des attentes. Là. Assise. Attendant que le plus silencieux parle. Que le plus agité se calme.
J'ai choisi. Je me souviens avoir choisi de n'en garder que le bon. D'agir avec bienveillance. Je me souviens. Que ma peine pouvait être l'écho d'un autre. Quelle n'était pas plus importante que celle des autres. Je me souviens de toute ces fois où j'ai préféré me couper plutôt que parler. Pour mieux écouter. Pour mieux supporter.
Je me souviens de cette enfance gâtée et de l'adolescente oubliée.
Je me souviens du bon et du mauvais. Du noir, du gris et du blanc. De mes rêves oubliés et de mes envies mises de côté. Je me souviens des concessions, des sacrifices. Aimer le bleu puis choisir le rose. Porter du noir puis vouloir le bleu du ciel et le rose d'un lever de soleil.
Je me souviens..
Que même sans oublier, pardonner était préférable que de rester accroché..
Aimer était mieux que détester.
Écouter était mieux que juger.
Apprendre était mieux qu'enseigner.
Se taire était mieux pour se protéger
Pour ne pas faire pleurer...
Alors voilà. Je pardonne. Parce que je préfère aimer. Et je choisis sûrement la bienveillance à l'honnêteté.
Ça me va si j'en souffre un peu parfois. Ce n'est pas de ma faute s'il y a des nuages ou si le ciel est gris. Ce n'est pas ma faute s'il pleut dans le cœur des autres. Il y a cette tempêtes et cet orage qui me suit... il est là, pesant. Toxique. Au dessus de la rivière de mon enfance.
Pour autant au lieu de le fuir, je l'ai juste laissé passer, en me contentant de m'abriter les jours où je tremblais trop pour le supporter...
De l'amour. J'aimerais qu'il ne reste que de l'amour. Dans mon navire je ne veux que de l'amour....
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LISTE DES POINTS COMMUNS ENTRE LES DECADENTS DU XIX ET CEUX DU XX SIECLE [...] - une devise commune, celle de Téophile Gauthier, le chevelu au gilet cerise : "Notre rêve était de mettre la planète à l'envers."
L'homme qui pleure de rire, Fréderic Beigbeder
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80’s revival, le désespoir des années 20
Photo : Alexander von Halem
Qu’y a-t-il de commun entre Michel Houellebecq, Frédéric Beigbeder et Jean Le Gall ? Les deux premiers partagent qu’il m’est à chaque fois impossible d’écrire leur nom sans m’en référer à une rapide recherche sur Google. Mais le patronyme du troisième n’est rien moins que familier à ma part armoricaine.
Voici donc ce qui réunit désormais dans mon analyse, parfaitement sujette à caution, ces trois romanciers, dont les talents ont aussi ceci en partage qu’ils ne sont en rien identiques.
Outre que j’ai eu à lire la dernière production de chacun de ces trois auteurs quasiment à suivre – et probablement pour cette raison - il m’est apparu que tous les trois partageaient une curieuse nostalgie pour les vingt dernières années du XXème siècle.
Il me semblait à moi que les « eighties » constituaient une décennie d’enlaidissement, trouvant son apogée autour de 1990, un prélude acidulé à la dépression des arts et des lettres qui sonne aujourd’hui le glas de la contre-culture. Or j’ai dû me résoudre à constater que des auteurs dont il me semblait jusqu’alors pouvoir m’accommoder des points de vue les plus contestables - c’est, là encore, une similitude entre eux - se prêtaient sans vergogne à de longues séances de revival.
L’Ile introuvable (Robert Laffont, Jean Le Gall), Sérotonine (Flammarion, Michel Houellebecq) et l’Homme qui pleure de rire (Grasset, Frédéric Beigbeder) sont tous les trois et chacun dans son genre des romans qui méritent de s’y arrêter. J’y reviendrai.
A lire aussi : La fabrique des bâtards [teaser]
Et pourtant, le moteur de ces trois histoires est alimenté par un cocktail nostalgique et produit un fond de mélodie synthétique. Les anti-héros de Michel Houellebecq, Frédéric Beigbeder et Jean Le Gall se bercent du souvenir de leurs années New Wave, coke, champagne et libération sexuelle.
La palme du genre revient à Octave Parango, à travers lequel Frédéric Beigbeder se repaît de sa gloire passée d’agitateur officiel des nuits parisiennes branchées. Olivier Ravannec, l’auteur raté de l’île introuvable, lui, a vécu en roue libre d’une gloriole indue aux côtés d’oiseaux de nuit. Le narrateur désenchanté à qui Michel Houellebecq prête sa plume dans Sérotonine, a, pour sa part, renoncé à toute vie sexuelle, y compris masturbatoire [enfin ?] et ne revendique plus que le droit à la tabagie. A défaut d’avenir, plus rien d’autre que ses souvenirs ne le maintien en surface du monde.
Ce dernier illustre le mieux le désespoir auquel devrait conduire de n’avoir rien d’autre à regretter que la vie nocturne parisienne des années 80 et 90. Et pourtant, je dois confesser que ces trois lectures ont fait remonter à ma mémoire quelques épisodes heureux de ma jeunesse et l’impression que c’était « tellement plus cool ». J’aimerais juste pouvoir affirmer ne pas être en train de devenir un vieux con.
#sérotonine#houellebecq#beigbeder#jean le gall#l'homme qui pleure de rire#l'île introuvable#80's#revival#90's#livre#littérature#billet
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NOYADE.
Le fracas des vagues rendrait sourd toute âme errante se promenant sur le quai des malheureux égarés dans la pénombre de la nuit.
Les clapotis de la pluie tambourinent sur la veste en cuir de cet homme au regard absent.
Cette silhouette s'éloigne vers la jetée qui elle-même s'abandonne à cet océan gris maussade.
Cette forêt d'eau est si froide, si morose que l'on croirait qu'elle est née de toutes les larmes versées par les femmes qui attendaient en vain le retour de leurs marins sur cette jetée.
L'écume à la douceur de leurs châles en soie blanche que le vent a emporté au large, comme si ce tissu était porteur du chagrin de ces femmes endeuillées.
Le sel de la mer est l'amertume des enfants qui n'ont que pour image de leurs pères, leurs exploits vantés par les habitants chaque vendredi soir.
Les navires sont amarrés, les voiles rabattues, le port laissé à la merci de l'eau qui dévore silencieusement les coques de ces conquérants des mers.
Le ciel pleure ses colères soudaines qui ont soulevé les océans, méprisant ces pauvres hommes trop amoureux des déserts bleus pour être effrayés de ces impitoyables monstres aquatiques qui ne font qu'une bouchée des marins oubliés.
Les bougies des maisons demeurent éteintes pour pouvoir jalousement garder la chaleur des rires des maris partis trop tôt. Il fait si sombre que l'on croirait que l'île entière est prisonnière d'un éternel hiver.
Le vent souffle sempiternellement sur Glasgow et continuera de dissimuler tous ses secrets.
Le sifflement du vent se mêle au fredonnement de la houle, c'est le chant des marins perdus en mer que cet homme à la veste en cuir écoute, dans le silence religieux des Landes de Skye.
Les yeux gris de l'homme de la jetée, se noient, l'œillade rivée sur l'horizon, priant le retour inespéré de son père qui lui a été arraché à ses sept ans.
Cette tempête qui perle sur ses joues, commémore le naufrage de son paternel, comme si la tempête sévissait encore.
L'épais brouillard efface les Landes de Skye, l'Écosse disparaît dans d'épais nuages recelant tous les plus grands mystères dont parlent les légendes.
“Noyade” Recueil “Nuits Songes” © Cécile.
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another Paris
В Париже теплее, чем в Москве.
Теплее, чем в моем сердце.
Накануне отъезда мне приснился Париж, тот что в Лас-Вегасе. Все на свете отдала бы, чтобы сейчас оказаться там, а не здесь. И нет, это не значит, что я разлюбила Париж французский, я просто хочу в Америку.
Внезапное приглашение от друзей и ещё более внезапное предложение по работе, от такого не отказываются (как и от оплаченного авиабилета). Но это практически произошло. До последнего момента я искала повод соскочить и, слава Небесам, не нашла достойный. «Вот прилетишь, коснёшься земли, наполнишь желудок любимыми булочками, а уши — медовым акцентом, и все забудется», - сказал мне Сева, когда за 16 часов до рейса на Москву я рыдала в трубку.
Париж не для друзей и деловых переговоров (простите великодушно). Париж для любви, и никто не сможет меня в этом переубедить. В моем Париже всегда было её в достатке. В моем Париже всегда был он. А что сейчас? Его и в жизни-то моей нет.
Но Сева оказался прав. В 9:50 утра он встретил меня в аэропорту Шарля де Голля с табличко�� «фанатка Бегбедера», карамельным латте и булочками с изюмом. Мы обнялись, я почувствовала себя значительно лучше. «Не стоит пренебрегать объятиями», - сказал уже не помню кто, но он чертовски прав.
Прогулка по городу на черном шеврале с тремя русскими французами, заселение в гостиницу, поздний завтрак на полу в гостиной, разговоры о сокровенном. Потом пешком до Grasset, экземпляр “L'homme qui pleure de rire”, собственной персоной альтер-эго Октава Паранго.
-Отвечай, не задумываясь! Марронье или Паранго?
-Бегбедер!
-Правильный ответ!
-ПодпИшите мне книгу?
-Нет, нет, нет. Не в этот раз. Я еще не решил, что тебе написать!
После обеда я изъявила желание посетить свое любимое местечко на бульваре Сен-Жермен — источник вдохновения всех и каждого более ста лет. Речь конечно же о Café de Flore. Дорога от Grasset до Café de Flore спокойным шагом занимает не больше десяти минут. Мальчики, с трудом, но все же приняв мое желание «побыть наедине с Парижем», предложили сделать крюк и захватить Люксембургский сад с его уточками. Я согласилась, давно там не была.
В Париже я никогда не пользуюсь наушниками. Мне важно слышать окружающие звуки — французский язык, щебет птиц, уличных музыкантов, стук ложек о фарфор, затвор пленочных камер, каблуки на мостовой... Важно, потому что в эти моменты, моя голова отключается: никаких мыслей, никаких проблем и забот. Есть только я и город...
и аромат Диор на подкладке пальто. Сильнее кутаюсь в воротник, возрождая в памяти воспоминания. Люди продолжают движение, я замираю на месте.
Всё меркнет. Всё, кроме мужчины в десяти (не более) шагах. Тереть глаза в линзах — отвратительная идея, однако боль помогает принять реальность. Ту, в которой небезызвестный мне американец — в бежевом шерстяном пальто и черных узких джинсах, приоткрывающих часть нашей парной татуировки, — сидит на скамейке, на коленях балансирует внушительных размеров букет алых роз. Красивый, как греческий Бог, нет, как все Боги мира!
Склонив голову чуть вбок, начинаю кусать губу. Я чувствую кровь на языке и гипоксию. И взгляд синих глаз. Это конец.
#Париж на два дня#19 и 20 февраля#зима#поездка#путешествие#Париж#Франция#отношения#любовь#чувства#эмоции#сч��стье#мысли#жизнь#семья#муж#мужчина#нежность#романтика#встреча#друзья#дружба#русский блог#русский тамблер#блогосфера#блог#дневник#история
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une fanfic adrienne & célestin (et older!camille) parce que j’adoooore cette petit famille recomposée, et le plot c’est: camille demande quelque chose d’inattendu *oops*
titre : L’étiquette
contexte : adrienne et célestin sont en couple, donc post s1... on peut pas faire plus ‘post s1′ vu que ça se passe 12 ans après.
1 125 mots : tout en français
tout public : tout mignon tout gentil
personne pour me relire, pas de beta *we die like men*
1909 Paris, 16ème arrondissement
-
"Demande lui."
"Crois-tu qu’il acceptera ?"
Adrienne l'attira à elle, passant un bras autour de la taille de la jeune femme : "Demande lui," répéta-t-elle.
Immobile, Camille observait sa mère -une mère toujours bienveillante, pleine d'amour et de fierté pour elle, qui dans chacune de ses décisions, chacun de ses choix et de ses baisers, n'avait toujours pensé qu'au bonheur de sa fille.
Les doigts de Camille se serrèrent autour de ceux de sa mère et la jeune femme acquiesça.
Marchant dans la demeure qui fut son royaume de jeu ces dix dernière années, elle entra en silence dans la véranda.
Là, assis sur un fauteuil en rotin, Célestin profitait du soleil matinal de mai pour parcourir la dernière parution de l'Humanité. Camille, en grandissant, avait appris à apprécier ce paradoxe qu'était le compagnon de sa mère : un homme pétri de principes de justice social envers toute la population française, mais qui vivait dans le luxe et les avantages d'une demeure bourgeoise. Plusieurs fois elle l'avait moqué à cause de cela, et plusieurs fois il lui avait suggéré de lire Engels ou Marx (ce qu'elle finit par faire).
"Toc-toc."
Célestin leva les yeux de sa lecture.
"Camille," il nota simplement et retira ses lunettes. "Tu veux jouer du piano peut-être ?"
"Non," répondit-elle, trop tard car l'homme était déjà debout, près à la laisser profiter seule de l'instrument dans la véranda. "Non, je... j'aimerais vous parler."
Le ton mesuré força Célestin à donner à la jeune femme toute son attention. Il était vrai que les dernières semaines ne furent pas de tout repos pour elle, entre décisions et préparatifs de toute sorte.
"Bien sûr," répliqua-t-il avant de poser journal et lunettes sur le fauteuil.
Camille s'avança et s'arrêta devant lui. Malgré ses 160 centimètres d'élégance, elle restait d'une bonne tête plus petite que lui, obligée de lever ses yeux saphir vers les iris bleus acier de Célestin.
"J'ai un service à vous demander. Et, je serais comblée si vous acceptiez."
"Ma curiosité est piquée."
"Je," ---une hésitation, trahie par ses doigts tripotant la dentelle de sa robe--- "J'aimerai que vous m'accompagnez jusqu'à l'autel le jour de mon mariage."
La requête coupa le souffle de Célestin, prouesse rare dont la jeune femme allait assurément s'enorgueillir auprès de sa mère, et il lui fallut quelques instant pour répondre.
"Je... Je suis très flatté. Très touché," soupira-t-il, la douceur de sa voix reflétant ses propos. "Mais... l'étiquette veut que ce soit le père qui amène la mariée à l'autel."
Camille grimaça à ces mots, l'idée d'imaginer cet être monstrueux marcher à ses côtés ce jour-là la révulsant. Elle ferma les yeux et secoua la tête en un 'non' silencieux.
"Non," prononça-t-elle finalement. "Et c'est à vous que je le demande. S'il vous plaît."
"Je ne suis pas ton père."
Et Camille dit les mots les plus vrais qu'elle avait sur le cœur.
"Vous avez été plus un père pour moi qu'il ne l'a jamais été."
Elle franchit a pas lents la distance qui les séparait, et prit ses mains avec une respectueuse résolution.
"Durant ces dix dernières années, vous avez toujours été là. Que ce soit quand je m’égratignais un genou, ou quand j'avais besoin de conseils pour dessiner, ou quand je me réveillais en pleurs..."
La poitrine de Camille se serra, se souvenant de la première fois qu'il l'avait soulevé pour la serrer, une étreinte après lui avoir parlé d'un rêve terrifiant qu'elle n'avait pu confier à sa mère (cauchemar où elle l'avait vu se faire tuer par Marc-Antoine).
"Je sais que maman et vous n'êtes pas mariés, mais après toutes ces années... je vous considère comme mon père. Dans tous les sens du terme."
"Sauf un," murmura-t-il.
"Le moins important."
Le sang.
Célestin ne savait que trop bien que le sang ne faisait pas une famille. Durant des années, et malgré leur filiation, lui et Victor n'avaient quasi rien partagé. Bien sur la situation avait changé, et les deux hommes étaient maintenant proches, se fréquentant souvent, surtout depuis que lui et Alice étaient mariés et installés ---pourtant Célestin ne pourrait jamais rattraper la décennie perdue loin de lui, durant laquelle un enfant se transforme en un adulte. Mais il avait eut la chance d’avoir été là pour Camille. Et peut-être cela avait influencé son caractère et modeler la jeune femme qu'elle était aujourd'hui.
Cela faisait-il de lui un père ?
La prise de la future mariée se fit plus forte autour des mains de Célestin. Une belle bague de fiançailles habillait ses doigts délicats.
"S'il vous plaît," demanda-t-elle une nouvelle fois.
"J'en... serais très fier et heureux Camille."
Sitôt la réponse, un sourire large comme un ciel sans nuage déchira le visage de Camille, et elle s'agrippa au cou de Célestin.
"Merci !" s'exclama-t-elle, un soulagement et deux bras l'enlaçant. "Je ne m'imaginais pas monter cette allée centrale toute seule."
"C'est tout comme. Personne ne me remarquera, éclipsé par la mariée la plus belle de Paris à mon bras."
Camille rit, puis s'éloigna, son expression ravie ne la quittant pas une seconde.
"Il faut que je prévienne Thomas ! Oh merci encore !"
Elle posa une bise fugace sur la joue de Célestin, et partit de la véranda comme elle y était arrivée, discrètement.
Le soleil baignait toujours la pièce, et l'homme tourna les yeux vers le jardin, son esprit contemplant les sentiments en lui. De l'affection, de l'inquiétude, de la fierté d'avoir pris part à l'éducation de cette enfant. Cette enfant.
Un rire s'échappa de sa gorge à cette réflexion. Parce que même si âgée de 22 ans, sur le point de se marier ---ou même si âgée de 50 ans, entourée d'une demi-douzaine de petit-enfants---, Camille resterait une enfant que Célestin voudrait protéger. N'était-ce pas là la vision d'un père ?
Tandis qu'il contemplait l’extérieur, il sentit des bras enlacer sa taille par derrière.
"Elle est ravie..." dit doucement Adrienne, avant de planter un baiser dans son cou. "Merci."
Célestin se retourna pour lui faire face, ses mains trouvant leurs places habituelles sur ses hanches.
En une décennie, sa chevelure poivre-et-sel avait disparu au profit d'un blanc immaculé ; ses pattes d’oie et rides au front s’étaient renforcées, soulignant le bleu métal de son regard, et toute sa silhouette était devenue plus sèche, son manque d'app��tit souvent un sujet de reproche de la part d'Adrienne. Quant à elle, le temps ne semblait pas ou peu l'affecter : quelques kilos en plus qui ne la rendait que davantage sculpturale ; des mèches blanches dans ses cheveux roux qui semblaient mélanger neige et feu ; et de nombreuses rides du sourire qu'il regardait avec orgueil.
Cette femme lui avait tant donné.
"Non," soupira-t-il, avant déposer ses lèvres sur son front. "Merci."
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#bon le fancast pour older!camille c'est l'actrice française : déborah françois#blonde avec des taches de rousseurs MAIS OUI PARFAITE POUR CAMILLE AVEC UNE DIZAINE D’ANNÉES EN PLUS#oh et le 'thomas' en question c'est le thomas de rose & jean (on est chez les aristos hein? on se marie entre nous lmao)#ma petite famille recomposée que j'aimeeeuuuh <3#adrienne x célestin#le bazar de la charité#*FEEL FREE TO IGNORE ME*#fanfic#adrienne de lenverpré#célestin hennion#camille de lenverpré
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Une dernière visite
Résumé : Le dixième Docteur refusait de voir sa vie avec Rose disparaître. Il avait encore une dernière visite à faire avant de se régénérer.
Disclaimer : Doctor Who est une série de la BBC.
Le Docteur regarda Donna et sa famille une dernière fois avant de rejoindre le TARDIS. Au moins, il avait pu la voir encore une fois, heureuse le jour de son mariage, même si elle ne saura jamais qu'il était près d'elle. Il entra à l'intérieur du TARDIS et se dirigea vers les commandes. Il avait encore tellement à faire avant de disparaître. Mais la chose la plus importante, il devait la réaliser maintenant, alors qu'il en avait encore la force. Il refusait de voir sa vie avec Rose disparaître.
Il appuya sur plusieurs boutons, se dirigea de l'autre côté de la console et abaissa le levier. Le TARDIS disparut dans le temps et l'espace et arriva à destination au bout de deux minutes. Il se trouvait sur la planète Dahlia, en plein soixantième siècle. Le festival de la planète allait commencer plus tard dans la journée et les touristes venus de tout l'univers affluaient pour assister à l'évènement. Le Docteur avança dans les rues de la capitale, sachant parfaitement où il devait se rendre.
Il s'arrêta devant une boutique de souvenirs, la plus grande de la ville. Il entra et se dirigea dans le fond du magasin où il trouva la personne qu'il cherchait. Il s'agissait de sa régénération précédente qui se tenait devant une étagère remplie d'objets. Des babioles sans grandes valeurs qui ne servaient qu'à faire dépenser l'argent des touristes. Le Docteur observa son double avec insistance. C'était sous cette forme que son histoire avec Rose avait commencé et il était hors de question que cela change. L'autre Docteur, se sentant observé, regarda dans sa direction. En un seul regard, il comprit qui était cet homme. Il lui fit un signe de la tête, lui indiquant de le suivre. Ils se retrouvèrent dans une petite rue déserte, un endroit parfait pour parler tranquillement. Le neuvième Docteur détailla l'homme devant lui.
« Alors c'est à ça que je vais ressembler. Il ne manquait plus que ça, dit-il en levant les yeux au ciel.
-Ne critiques pas trop vite, cette régénération est ma préférée. »
Le Docteur plongea quelques secondes dans ses souvenirs. Tous ces moments qu'il avait passé sous cette forme, toutes ces personnes qui l'avait accompagné. Martha, Donna, Mickey, Jack et surtout Rose.
« Pourquoi es-tu là ? Demanda le neuvième Docteur perdant patience.
-Je suis là pour Rose. »
Le neuvième Docteur écarquilla les yeux, surpris de cette révélation.
« Rose ! L'humaine que j'ai rencontré ? »
Le Docteur acquiesça.
« Je me souviens parfaitement de ce qu'il c'est passé.
-Tu veux dire quand je lui ai proposé de m'accompagner et qu'elle a refusé pour rester avec son petit-ami.
-Tu dois retourner la voir et lui demander à nouveau de t'accompagner. »
Le neuvième Docteur lâcha un petit rire et secoua négativement la tête.
« Désolé, mais non, répondit-il sèchement. Je ne demande jamais de m'accompagner deux fois. Tu le sais très bien.
-Je le sais. Mais cette fois je te demande de faire une exception. »
Le Docteur passa ses mains dans les cheveux et le ébouriffa nerveusement. Le neuvième Docteur décida qu'il était temps pour lui de partir.
« Attends ! »
Le neuvième Docteur s'arrêta. La voix de sa nouvelle régénération était si désespérée qu'il se décida de l'écouter. Il se connaissait, il savait qu'il ne prendrait jamais le risque de se rencontrer si se n'était si important. Il se retourna et le regarda droit dans les yeux.
« Pourquoi ? Demanda-t-il. Pourquoi est-ce que c'est si important que je retourne la voir ?
-Rose est spéciale. Je sais que tu t'en es rendu compte dès la première fois que tu l'as vu. Il n'y a pas si longtemps, j'étais comme toi. Plein de colère. Mais Rose... Sans elle, je ne sais pas ce que je serais devenu. »
Un immense sourire illumina le visage du Docteur tandis qu'il se remémorait tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Le neuvième Docteur le regarda, surpris de voir un tel sourire. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas sourit comme ça. Mais pourtant, il sentait que quelque chose n'allait pas.
« Si elle est si spéciale, demanda le neuvième Docteur, pourquoi n'est-elle pas avec toi ? »
Un voile de tristesse passa dans le regard du Docteur. La vision de Rose emportée à jamais dans le monde parallèle et son visage en pleur quand il l'avait revu à Bad Wolf pour lui faire ses adieux, l'avait hanté pendant tellement longtemps et continuera de le hanter jusqu'à la fin. Et l'espoir qu'il avait ressenti quand il l'avait revu dans cette rue. Quand il l'avait tenu dans ses bras, il aurait voulu que cet instant ne se termine jamais, que le temps s'arrête. Naïvement, il avait cru que l'univers lui permettait enfin d'être heureux. Il avait cru qu'ils pourraient tenir cette promesse qu'ils s'étaient faite. Pour toujours. Mais la réalité les avait de nouveau rattrapé et il savait qu'il ne pourrait jamais vraiment la rendre heureuse. Pas comme elle le méritait. Alors il l'avait laissé encore une fois sur cette plage avec son clone. Mi-humain, mi-Seigneur du Temps.
« Je ne peux pas te le dire. Tu devras le vivre. »
Une violente douleur lui traversa tout le corps. Il s'adossa sur le mur pour s'empêcher de tomber et posa sa main sur la poitrine essayant de reprendre son souffle.
« Tu te régénères, dit le neuvième Docteur reconnaissant les symptômes.
-Je n'en ai plus pour longtemps. Je ne sais pas si lors de ma prochaine régénération ce que je ressens pour Rose sera toujours là ou si elle deviendra un souvenir parmi tant d'autres. »
Non, il ne voulait pas qu'elle ne devienne qu'un souvenir, pensa-t-il. Il leva les yeux sur sa neuvième régénération, mais il savait qu'il ne l'avait pas encore convaincu.
« Je t'en pris, dit-il. Ne fais pas ça. Ne nous fais pas ça. Un jour tu comprendras à quel point on a besoin d'elle et tu ne regretteras pas de l'avoir demandé à nouveau de t'accompagner.
-Même si je retourne la voir, elle ne voudra jamais laissé son petit ami. »
Malgré la douleur qui se faisait plus forte, le Docteur lança un petit sourire.
« Dis-lui que le TARDIS voyage aussi dans le temps. »
Le neuvième Docteur écarquilla les yeux.
« Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt, marmonna-t-il. »
Il partit en courant vers son TARDIS pour retrouver Rose quelques secondes après l'avoir laissée avec Mickey. Le Docteur sut alors qu'il avait réussi. Il retourna avec grande difficulté dans le TARDIS et programma sa destination. Il n'en avait plus pour longtemps, la douleur était de pire en pire, mais il devait tenir. Rien qu'un peu. Il avait encore un voyage à faire. Il devait voir Rose encore une fois. Il voulait passer ses derniers instants avec elle, même s'il devait la voir de loin. Il arriva enfin à destination, se trainant presque dans les rues enneigées de Londres le 1er janvier 2005.
Fin
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Merci j'éternue du sol le plus creux d'où les os les pleurs les oiseaux de la peur montent et sautent à la corde des puits de feu de la nuit de la fin des mondes et des dieux il semble que parfois et toujours si l'on vient préviens-moi je serai sur mes gardes et la peur qui s'enfuit par les fentes des nuits les failles de la mémoire les courbures du ciel et les hanches des marbres aplatira tout court il demeure évident pour quelques-uns dont l'âne que l'heure est grave et la moisson sempiternelle des comètes et des coccinelles ne laisse rien prévoir du prochain déluge qui attend debout derrière la porte de l'occident des grandes eaux l'espace diminue à vue d'oeil et prend la forme d'une oreille à laquelle on ne peut plus s'habituer malgré la sincérité désespérée des efforts dérisoires tant il est dur de se faire à l'oreille lorsqu'on a vécu d'espérance depuis la plus tendre enfance à fond de cale et faction dont les phénomènes particulièrement pointus furent rendus par l'éminent Boeuf s'il peut agir de lui dans ce cas éclairant occupez-vous plutôt des scies du ciel et des offrandes je dis j'offre et je prends de ma main rapace et pourrissante ce que je donne en retenant entre les dents des éboulis de cris à m'en boucher la bouche flambons ensemble enfant trop belle flambons en flamme à l'unisson brisante amante dans la sécheresse éperdue des cendres chaudes et des manchots rôtis dont les jambes sont déjà loin disparaissent derrière la courtine de l'horizon qui court en rond l'anneau du ciel qui tourne parce que c'est là son rôle le plus vain mais le plus vénéneux il ne reste plus rien dans cette coupe creuse que l'écho mort et renaissant tous les mille ans de l'antique appel dont le son déchirant a pénétré la première nuit de l'intérieur de l'homme de cette grande horreur que l'on a dit panique alors qu'elle est sans nom tais-toi au premier tournoiement des frondes la voie lactée se décroche et se noue en écharpe autour de la statue en forme de poire élevée à la mémoire des morts de rire étouffant fin tragique
Monsieur Crabe, cet homme cadenas
(La vie l'amour la mort le vide et le vent)
Roger Gilbert-Lecomte
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S’il faut tenter
C'est vrai, alors: nous réprimons cette condition féroce, cette fureur, cette ambition, au cas où nous rêverions jamais. Et nous ferons, parce que nous sommes dans un monde si unique, que vivre n'est que rêver; et l'expérience m'apprend que l'homme qui vit rêve ce qu'il est, même en se réveillant. Le roi rêve qu'il est roi et vit avec cette tromperie en envoyant, en arrangeant et en gouvernant; et ces applaudissements, qu'il emprunte, écrit dans le vent et les cendres transforme la mort (fort malheur!): qu'il y a ceux qui tentent de régner en voyant qu'il doit se réveiller dans le rêve de la mort! Rêvez le riche dans sa richesse, qui offre plus de soins; les pauvres qui souffrent de leur misère et de leur pauvreté rêvent; il rêve qu'il commence à mesurer, il rêve et il essaie de rêver, lui qui pleure et offense les rêves, et dans le monde, en conclusion, tout le monde rêve ce qu'il est, bien que personne ne le comprenne. Je rêve que je suis ici, tu libères des prisons chargées; et j'ai rêvé que dans un autre état plus flatteur je me voyais. Qu'est-ce que la vie? Une frénésie. Qu'est-ce que la vie? Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est petit; Que toute vie est un rêve, et des rêves, des rêves Si vous allez essayer, allez jusqu'au bout. Sinon, vous ne commencez même pas. Si vous allez essayer, allez jusqu'au bout. Cela peut signifier perdre des copines, des épouses, des parents, des emplois et, peut-être, votre santé mentale. Allez jusqu'au bout. Cela peut signifier ne pas manger pendant 3 ou 4 jours. Cela peut signifier un gel sur un banc de parc. Cela peut signifier la prison. Cela peut signifier taquineries, dérision, solitude ... La solitude est un cadeau. Les autres sont la preuve de votre insistance ou de ce que vous voulez vraiment faire. Et vous le ferez, malgré le rejet et les inconvénients, et ce sera mieux que tout ce que vous imaginiez. Si vous allez essayer, allez jusqu'au bout. Il n'y a pas d'autre sentiment comme ça. Vous serez seul avec les dieux et les nuits seront illuminées par le feu. Faites-le, faites-le, faites-le. Faites-le. Jusqu'à la fin, jusqu'à la fin. Vous prendrez la vie directement au rire parfait. C'est le seul bon combat qui soit.
LES-PORTES-DU-SUD
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extrait
HUIS CLOS AVEC UN VAMPIRE
INCIPIT
Un jour, mon visage gelé, peut-être fendu de rides, d'expressions trop marquées, sera marqué d'un rictus triomphant. Celui, de l'avoir à mes pieds. Pas lui, son corps glacé et endormi à jamais. Je ne pleurerais pas, je fumerais une cigarette, son visage sous mon talon, heureuse, certaine, de son inaction éternelle. Comme un Vipère au poing contemporain, je l'écraserais de tout mon poids parce qu'il a eu le pouvoir trop longtemps. Il sera trop pathétique pour que je lui pardonne. Alors peut-être qu'il me possédera encore un tout petit peu dans mes rêves. Mais il m'appartiendra à jamais, cette fois. Comme je lui ai appartenu, comme il m'a dépossédé de tout ce qu'il restait de bon, de pur et d'égal en moi. Je lui rendrais ma folie sur son linceul. Je ferais littéralement ce que mon psy m'a dit de faire, de le tuer, mon père.
J'errerais parmi les serveurs et le faux endeuillés de ce brave homme dont ils ne savent rien. Je sillonnais les couloirs du lieu des funérailles embaumés d’un sillage de santel. L'homme providentiel mangera les pissenlits par la racine et moi je serai vivante, bien vivante pendant que les hommes debout lèveront son tombeau dans un enterrement auquel je n'assisterais pas puisque “les femmes qui pleurent, c'est un péché”. Je n'aspire pas à ce luxe. Alors à moi, le repos, le bon, le meilleur qu'il a volé aux habitants de la maison de demain. Personne ne le respectera plus, puisque c'est moi et mes sœurs qui l'auront remplacé dans l'ici-bas. Je me servirais une coupelle d'eau et ne mangerais rien des victuailles préparées pour son ultime évènement, sa mort.
La brune vengeresse, moi, scandera des : “Retourne là d'où tu viens, chien !” et des femmes affolées me supplieront de me taire. Moi, je rirais et rirais plus fort de leur pudibonderie, parce que je suis certaine qu'elles n'en pensent pas moins. Tous ces êtres vulnérables, victimes d'un certain attachement à leur bourreau ne peuvent pas en souffrir elles sont juste venues voir, de leurs propres yeux, si ça pouvait mourir ces choses-là.
Son cœur l'avait lâché . Il avait des problèmes depuis une dizaine d'années déjà. Comme si l'anatomique avait des prévisions sur le métaphorique. Je me délecterais de ces trois jours pas vraiment funèbres pour moi. Ils sonneront le glas d'un début. Ils marqueront la fin de soixante années de despotisme, de cupidité et de destruction.
La folie douce s'emparera de moi et je serai la demeurée de cette villa où on servira des psaumes désespérés et teintés d'une certaine lassitude. Je me tiendrais assise . Lasse de mes éclats et des larmes de crocodile et portant la grande légitimité d'être l'aînée de la décombre. Libidinalement endeuillée, je ne porterais même pas l'habit du deuil mais une jellaba bleu roi magistrale pour me démarquer de tous ces hypocrites. Ces tripes je les avais en moi et les connaissais mieux que personne.
“Taisez-vous, bande de fous. Je vous dis qu'il ne vaut pas une larme. Vous en avez tous rêvé. Plus de laideur, plus d'obscénité, plus de fiel ! Réjouissez de voir ce corps retourner en terre, et encore, je ne suis même pas sûre que ce soit son fruit. C'est plutôt un laquais du diable qui aura servi trop longtemps sur terre ! Arrêtez donc vos gémissements !” Ce sera inédit dans un enterrement. Les vautours me feront la cour à nouveau, car lassés de la carne, ils chercheront à attendrir la fraîche et se mettront doucement à rire au bout du 3ème jour, fatigués de leur deuil feint et de leurs attitudes surfaites. Je m'en irais, laissant traîner mes voiles de nouvelle orpheline, la tête droite immaculée du rictus que j'attendais tant. Je laisserais couler derrière moi, ses veuves, ses presques amantes, son personnel fidèle qui comme moi, attendait ce soulagement.
C'est le temps qui l'avait transformé. Cette pâte plutôt intègre, aimante, s'était putréfiée à cause de l'argent et ce qui en découle. Son nouvel éclat de nouveau riche l'avait aveuglé mais c'était aussi son père qui lui avait donné le mauvais exemple. Caricature scabreuse de l'homme qui s'était exilé avec sa secrétaire plus maligne que sa femme. Mort d'un cancer lui aussi. Je me souviens, qu'encore toute jeune, il me donnait des leçons de mathématiques.
“Mais puisque je te dis qu'un plus quatre font 5. Qu'est-ce qui est difficile à comprendre ?Mon silence, au lieu de l'arrêter dans son élan le faisait redoubler de colère.
-Mais elle est conne celle-là, dis-le, c'est parce que je suis bête. » Il me forçait à le dire et je répétais jusqu’aux pleurs que j’étais stupide, de ne pas comprendre un simple problème de soustraction. Mes larmes perlaient sur un triste cahier.
Quand je voulais voir ma mère, c'était une porte fermée. A mes quatre ans, elle était trop fatiguée pour me faire sortir. A ses vingt-quatre ans, elle était dans le noir, entre deux coussins, balbutiant : “Je suis fatiguée ma fille”. A lui de siffler entre ses dents : “ Ne tords pas ta mère encore.” Le décor était déjà planté, j'allais devoir assumer ce rôle, celui de la première fille d'un homme avec une voix de stentor et d'une mère précocement lasse de tout.
Meurtrie, l’adolescente était recroquevillée sur elle-même. Le front contre les genoux, elle entendait battre les coups sur la porte comme une sentence imminente. « Leila, Leila, ouvre la porte ! » entendait-elle de la bouche de son bourreau. Ses poings tambourinaient sur l’entrée de la chambre en bois et s’il entrait il était prêt à sévir, avec ses mots. Tranchants, cinglants, acerbes, ses saillies faisaient pâlir son front mais elle ne vivait cela que dans les alcôves. « Mais mon Dieu, ce qu’elle est conne ! » « Tu comprends vite mais il faut t’expliquer longtemps ! » « Tu es bouchée ou quoi ? » Ces paroles étaient des mots doux de la part du vampire. Quand la nuit tombait, il déposait le masque civil et pouvait attaquer dans le dur. « De toute façon, tu n’es qu’une minable. N’essaie pas d’écrire, tes papiers à la con ne serviront jamais à rien. Tu ne sers qu’à raconter des conneries » assénait-t-il entre deux cris de rage. Leila passait en mode autiste en attendant que la fureur passe. C’était son quotidien quand son haleine fétide sentait le whisky Jack Label et les Marlboro rouge. L’homme en costume noir éructait, vacillait et cherchait sa fille, somnolant dans un matelas à même le sol. Il voulait la réveiller car ses convives étaient partis et que sa solitude inerte lui pesait. Leila appréhendait ce moment alors et le maudissait parce que son père n’avait pas la décence de la violer, de la blesser ou mieux encore, de la tuer. Au lieu de cela, il disséminait un venin bien plus subtil : ses paroles. Les unes après les autres, elles escaladaient l’indicible à mesure que l’alcool envahissait le sang de son persécuteur. Ce dernier, elle ne l’avait pas choisi. Elle allait devoir le subir car sa mère avait déjà été détruite par cet homme au chapeau haut de forme. Hôpital psychiatrique, coups, insultes sont autant de sévices que cette femme mariée à la fleur de l’âge a dû subir avant de pouvoir prendre la porte de sortie. Seulement, il restait une laissée pour compte qui a décidé malgré elle de rejoindre l’équipe paternelle. Cela allait lui coûter son âme. A 12 ans seulement, la jeune Leila allait entendre ce qui ne s’écoute pas à l’âge de la puberté. Elle sera témoin des frasques d’un homme divorcé qui, pour noyer son amertume, allait ouvrir le bal des catins. 16 ans, 17 ans, 20 ans pour les plus âgées, ces libertines s’enivraient et s’esclaffaient légèrement sous les regards austères des macs. Ces parties fines faisaient écho jusque dans les murs de la chambre de Leila. Râles, orgasmes, gémissements, fous rires, cris, altercations étaient les sons d’ambiance de tous les soirs après qu’elle ait fait ses devoirs. Parfois, elle se surprenaient à être comme ses amazones qui avaient fait de leur corps leur marchandise. On le lui avait appris, ces belles fardées arrivaient à tirer leur épingle du jeu avec son vampire. Lui, il leur souriait tout le temps et ne leur refusait rien. Il s’amusait en leur présence et souriait après qu’elles aient poussé la porte. Il redevenait lui-même alors, stoïque, son verre de whisky à la main. Il lui fallait une distraction, moi.
Il revenait alors dans ma chambre pour tambouriner sur la porte. « Leila, t’es là ? » éructait-il. Je faisais alors semblant de dormir mais il insistait. J’ouvrais mes yeux ensommeillés et lui répondais. « Qu’est-ce que tu fais ? Viens, je dois te parler » ordonnait l’homme au chapeau. J’opinais du chef et j’écoutais sa litanie. « Tu sais, ta beauté ne durera pas toujours. Tu penses que ton joli minois va te sauver mais il n’y a que des hommes qui passe. Essuie ce maquillage à la con. Tu es minable » Ces mots, il les répétait tous les soirs parce qu’il s’ennuyait. Pour tromper son spleen, il me conduisait à la salle de bain pour essuyer mon vernis et mon mascara avec ses doigts boudinés sentant le tabac. Je pleurais, le visage défait et le noir coulait sur mes joues. J’étais sans artifices, mentalement à nu. Je voulais simplement dormir, mais j’étais prise en otage par mon père ivre, sans savoir quand cela allait se terminer. Il souriait et posait son poing sur mon nez en disant : « Sens la mort… » Enfin, il m’embrassait le front et s’en allait, fier de ce geste incompréhensible qu’il estimait paternel. Soulagée et épuisée, je pouvais enfin revenir à mon lit de fortune, une éponge dans laquelle je dormais avec ma femme de ménage.
Je n’avais pas le droit de protester. Un verset du Coran exhorte à ne pas soupirer devant ses parents ou à les ignorer. Puisque je ne pouvais pas parler, je m’affairais sur mon ordinateur, une machine d’un autre temps équipée d’une webcam. Je chattais. Je pianotais sur mon clavier parce que ma vie en dépendait. Connectée au monde entier, je discutais, je m’exprimais, je pleurais, j’enrageais. Des gens me répondaient, me consolaient, me faisaient rire. Je ressentais des émotions nouvelles, autres que la tristesse et la colère réprimée. Puisque je ne pouvais pas parler, j’écrivais. Jusqu’à en tordre mes doigts en oubliant de manger. Sur cette chaise, le monde n’existait pas. Seule ma tante, surprise de mon absence, me descendait un plateau que je mangeais à la hâte. A 13 ans, je ne me lavais pas, je passais des nuits blanches à découvrir de nouveaux horizons. C’est seulement au moment où la sonnette retentissait que je me faufilais dans les draps sous le regard amusé de Kbira, la « bonne ». Cette femme aux traits grossiers et à la dégaine maladroite, c’était ma mère de substitution, la remplaçante de l’absente, malade. « Tu sais, ta maman ne peut pas s’occuper de toi, tu vas devoir être une femme toute seule maintenant. Ce n’est pas de sa faute, ne lui en veux pas » m’expliquait ma mère provisoire en me caressant les cheveux. J’étais allongée sur son genou. Adolescente, je m’en fichais complétement. Mes seules préoccupations étaient les garçons, la mode, la musique et la rébellion. Et cela se voyait dans mon style. Baggy, caleçon masculin apparent, T-shirt Eminem large étaient autant d’accoutrements avec lesquels j’exprimais mon envie d’être tout sauf une jeune fille.
Soit, je ne pouvais pas être un homme. Mais, je pouvais parer à toute interaction en me travestissant. Mes goûts pour les arts « de mec » dans les années 2000, le rap, la boxe, aidaient. Je n'étais pas encore pubère que j'avais grossi mes cordes vocales par exercice. Ma voix était devenue rauque, dissuasive, irascible. Mes cheveux étaient coiffés en arrière, mon pantalon tombait sur mon caleçon car oui je portais des boxers. Cela me permettait une liberté de discours, une vulgarité et à la paix à laquelle je revendiquais. J'étais en mesure d'inséminer le milieu masculin à ma guise, ayant joué à l'élastique et à la corde à sauter tout mon soul. Je voulais du corps à corps viril, de l'observation passive et des commentaires. Je me surprenais à commenter le corps des jeunes filles avec les autres. Parler de drogue, de transgression, de rigoler de blagues grasses qui ne faisaient rire que nous.
Je n'avais pas encore de seins. Ainsi je me fondais dans la masse pas encore tout à fait testostéronée mais qui avait le mérite d'en parler. Les voix fluettes se complaisaient encore dans l'enfance et moi je voulais grandir vite. Mais malgré ma démarche désarticulée et ma voix éraillée, mes parents s'apercevaient de la supercherie : je ne pouvais pas jouer dehors, je devais rester dans le dedans, enlever mon déguisement quand bien même il transpirait mon intériorité. Sans contrefaçon, j'étais un garçon. Cette démarche sociologique allait rester à l'école. Cette rébellion, j'allais devoir la mener de front. Au grand dam des professeurs qui voyaient d'un très mauvais oeil que je change de déterminismes, que je troque le rose contre le bleu, Lorie contre Eminem, et ma voix aigüe contre un lyrisme rauque et rieur. J'étais ce qu'ils voulaient, pourtant, l'aîné garçon, l'héritier, celui qu'on allait laisser courir. Mais, contre toute attente, je n’étais qu’une fille, emprisonnée, de l’école à la maison. Mon geôlier, mon père.
A ma naissance, la sentence était tombée. C'était sans appel. Comme un baptême de feu pour le nourrisson que j'étais, on m'a chuchoté la Fatiha dans mes débuts d'audition. Bismi Lah Arrahman Arrahim. “ On naît musulman et on meurt musulman” éructait mon grand-père paternel dans sa solennité. La chambre de la clinique où ma mère venait de mettre bas était une garden-party de la bourgeoisie de l'islam. Dans cette suite d'une trentaine de mètres carrés s'amoncelaient des fleurs, des chocolats dans un sillage d'oud et de serghina. Le cristal Saint-Louis et l'eau de fleur d'oranger étaient les liqueurs de ces demi-dieux marocains à l'arrière des berlines.
Ma pauvre mère, à 19h15, avait pris littéralement 12 heures de travail dans la pure connivence de sa famille, belle-famille et consorts. Son gynéco, un membre de sa famille également était entre les jambes de ma mère avec un forceps et un scalpel. A son chevet, mon père filmait avec une caméra de fortune les premières secondes de ma vie. J'étais née et c'était déjà un évènement pour eux. Je n'étais qu'une fille mais on m'acclamait comme la précitée Leila Bennani, aînée d’une dynastie.
Bennani, une famille, une branche de près de 600 personnes. Cette brochette ruisselait sur moi. Enveloppes, Baccarat, Murano, tableaux de maître, tant d'offrandes sur l'autel de mon sacrifice. Je n’étais pas encore née que j'étais en Absurdie. Des you-yous retentissaient pour féliciter ma naissance, il faisait chaud dans la clinique. Les fleurs succédaient au chocolat et ma mère étouffait à cause des allées et venues. Le plus beau jour de sa vie allait vite se transformer en garden-party qui allait précéder mon baptême. Cette fête allait être mon sacre. Pour marquer le coup, mon grand-père a dépensé une somme folle. Traiteur, orchestre, gâteau, tout était au rendez-vous pour célébrer un bébé transporté sur un trône par sa famille. Ils me ballotaient de bras en bras, me portant sur leurs épaules et je ne savais pas de quoi il en retournait, à un an. Je soufflais la bougie de mon premier gâteau. Des liasses de billets étaient dans les poches de mes parents, offertes par leurs proches, question de tradition. Cette fête allait être inoubliable et immortalisée par un vrai cameraman, comme on en faisait pas dans la ville.
Ma mère était d’une beauté diaphane. Plantureuse, la peau laiteuse, elle rayonnait d’une majesté andalouse et enviée. A 19 ans, elle avait un port de tête gracieux et dansait avec des bras langoureux sur des mélodies orientales. Elle devait bien se faire voir et sortait d’une torpeur post-partum. Il me semble qu’elle était heureuse sur les vidéos. Mon grand-père était aux anges, il me tenait dans ses bras et me bénissait. Plus tard dans la soirée, mon oncle bijoutier allait me percer les oreilles, une coquetterie pour signifier que j’étais une fille aux cheveux très courts. Je hurlais de douleur sous les cliquetis de l’appareil photos mais tout le monde m’acclamait. Ces scènes sont immortalisées dans un album photo qui a pris la poussière. Ce recueil d’une enfance morte, ce sont les souvenirs qu’il me reste d’une époque heureuse.
Maman avait une destinée curieuse. Egalement issue de la jeunesse dorée casablancaise, elle ne s’intéressait pas à l’école, comme moi. Douée en français, elle préférait lire des magazines et danser. Une chose normale à 15 ans mais à cet âge dans les années 80, elle avait déjà des prétendants. « Ce ne sont que les moches qui on leur bac » lui a-t-on martelé. Alors elle l’a assimilé et préférait s’amuser avec ses cousines et parler au téléphone avec ses amis. Son insouciance lui a valu de se faire exclure de tous les collèges qu’elle fréquentait. Son père, plutôt sévère, l’a surprend en train de fumer. Il la réprimande et lui interdit alors d’aller à l’école.
Sa grand-mère l’accueille et lui autorise cette lubie, qu’elle juge normale puisque la cigarette était admise dans cette famille fassie où toutes ses tantes fumaient. Elle allait alors rentrer dans la cour des grands et devenir une vraie femme. Sa nouvelle maison, un véritable riad où l’on recevait jusqu’à 100 personnes. Cette demeure, véritable domaine aux hectares de jardin, accueillait constamment des invités. A l’entrée de cette villa gardée par un jeune concierge, on pouvait voir des petites tables en rotin où étaient installés quelques invités qui se faisaient discrets pour fumer.
En s’approchant du perron, nous pouvions déjà entendre le brouhaha des dizaines de femmes de ménage qui cuisinaient dans un véritable vacarme. Elles étaient chapeautées par Assia, mon arrière-grand-mère, qui était dépassée par le nombre d’invités. En quittant la cuisine, la maitresse de maison s’entretenait avec son mari, un résistant au protectorat, respecté. Il portait une toque en fourrure et une jellaba immaculée, il était seul dans le salon, dans un fauteuil roulant. Il avait des allures de roi dans son siège écarlate tout de velours près d’une cheminée en marbre. Près de lui, ses petites filles, des donzelles qui fumaient des Marlboro Light en s’esclaffant. Dans un grand salon marocain intimiste, il y’avait 40 personnes qui profitaient d’une ambiance bon enfant. Sur chaque petite table installée devant les groupes d’invités, trônait un verre de thé fumant.
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Soulmate
partie 4. la dernière en date mais j’en ai prévu bien plus u.u on explore un peu plus l’après-guerre ! On est sur de l’angst, j’aime l’angst, ça fait mal mais ça vaut le coup ! x)
1. 2. 3.
Un homme aux cheveux d'ébène était à genoux sur le sol sale et blessant du champ de bataille. Autour de lui, des hurlements, des sorts, un homme aux cheveux blancs étendu sur le sol devant le cadavre d'une femme aux cheveux roses ; ses amis. Un autre homme était emprisonné dans la glace, mort malgré son aspect peu amoché ; son ennemi. Dans son esprit, le néant. Il ne vivait plus, il ne pouvait plus vivre. Pas sans elle. Elle. Inerte, qu'il tenait dans ses bras. Elle. Qui l'avait sauvé, quand il aurait voulu mourir à sa place.
Pupille noire de ténèbres, pupille bleue d'océan.
Un hurlement strident, déchirant, sortit de sa gorge, sans qu'il ne sache qu'il était celui qui hurlait. Il ne vivait plus. N'avait plus de sensation. Il était un mort qui vivait encore. Grâce à elle. A cause de lui. Lui. Zeref. Zeref et ses chiens. Gray hurla encore, et encore, et encore, et ne hurla plus. La glace recouvrait tout. Les tatouages noirs recouvraient tout son corps. Il était perdu. Il le savait. S'il était perdu... il n'y avait alors qu'une solution. Une solution, qu'il avait patiemment préparé quand il était encore vivant. Une solution contre END mais cela fonctionnerait contre Zeref.
L'homme de ténèbres et de glace posa avec précaution le corps de son aimée. L'emprisonna dans un cercueil de glace éternelle. Préserver au moins son corps s'il n'avait pu préserver sa vie. Il mit un pied devant l'autre, difficilement, douloureusement, sans faillir. Il ne sentait plus rien, ne ressentait plus rien. Tout n'était que froid et néant.
Il ne fut pas arrêté, ou peut-être l'avait-il été. Cela n'avait pas d'importance. La blessure de son ventre n'avait pas d'importance. Rien n'avait d'importance. Il allait vaincre Zeref. Le tuer. La venger. Ensuite, ensuite... Il n'y avait pas de suite.
Finalement il s'arrêta. Un vieil homme blessé se trouvait face à lui. La magie irradiait en vague. Terrifiant. Peut-être l'homme aux iris hétérochromes aurait-il été terrifié s'il avait encore eu des émotions pour l'être. Mais il n'y avait plus rien. Rien que des ruines et de la glace. Le néant.
Ce n'était pas le mage noir mais le vieil homme le gênait. Ce n'était pas grave. Il le tuerait et continuerait à avancer. Pensées arrogantes. Pensées suicidaires.
Le Chasseur de Démon attaqua.
L'homme surnommé Le Fléau répliqua.
Grey expira une mince buée, l'indifférence se disputant à la satisfaction. Elle allait être en colère de le voir la rejoindre si vite mais il ne pouvait s'en soucier.
Gray s'effondra aux pieds de la statue de glace éternelle qu'était désormais August.
...
Ce fut Juvia, Lyon et Meredy qui furent trouvés en premiers. Ce fut une petite adolescente aux yeux chocolat bordés de larmes et aux longs cheveux bleus qui les trouva, bien après la bataille. Dans ses bras, un petit corps de chat, tout blanc. Ô défunte Carla. Victimes de la même guerre, trop jeunes pour se battre et qui s'était pourtant dressées devant l'ennemi avec le même courage que leurs aînés.
Wendy tomba à genoux, sans voix, ses sanglots ne devenant que plus fort. Devenant cris et hurlements. Sa famille. Ses amis. Elle les perdait tous, un par un. Une main légère l'interrompit, une pression réconfortante la sortit de son désespoir. Wendy leva ses yeux brouillés de perles salées vers le regard bleu d'une Cherrya sanglotante.
« —G-Gray... J'ai... j'ai t-trouvé Gray avec le vieil... le vieil homme... celui qu'ils ap... pelaient le Fléau, sanglota-t-elle. I-Il l'a comp-complétement g-gelé. Il... il a gagné, tenta-t-elle de sourire avec une voix tremblante. »
Les pleurs de Wendy s'aggravèrent et son amie tomba à genoux à ses côtés. Les deux petites adolescentes se prirent dans les bras, sanglotant, hurlant, inconsolables.
Elles avaient survécu. Zeref avait été vaincu. Et pourtant...
Et pourtant...
Ce fut Fried qui les retrouva et qui signala la position aux autres survivants. On emporta les cadavres, on soigna sommairement les deux petites âmes-sœurs et on les mit à l'abri. La blonde constellationniste, aux blessures à peine soignées, leur laissa sa place à l'infirmerie pour leur permettre d'y dormir ; prenant délicatement le petit corps de Carla pour aller le poser avec les autres dans cette pièce qui avait été enchantée par Fried pour servir de morgue.
Wendy sanglota plus fort encore dans les bras tremblants de son âme-sœur. D'autres qu'elles avaient survécu.
Elle n'était pas seule.
Elles n'étaient pas seules.
Elles n'avaient pas perdu toute leur famille.
...
La scène était familière, aux accents répétitifs. Certaines choses avaient changé pourtant. Trois hommes se faisaient face à présent en se disputant, l'un aux cheveux d'un flamboyant rose et les deux autres cheveux corbeaux. A leurs côtés, pas trop proches, se tenaient un groupe de femmes. Les cheveux, distinctives, portaient des couleurs variées. Ainsi la couleur du soleil côtoyait celle du ciel d'été, de la délicate lune ou d'une rivière de feu. Les rires et les plaisanteries s'élevaient du bruyant groupe alors que les exclamations de fausse colère des trois hommes à l'écart les interrompaient parfois.
La voix agacée de la femme aux cheveux de flammes s'éleva et les trois hommes s'interrompirent, souriant d'un air si faussement innocent que leur blonde amie, bras-dessus bras-dessous, pouffa de concert avec la femme aux courts cheveux d'argent. La malicieuse Levy laissa filer un gentil sarcasme auquel son âme-sœur répondit avec indignation ; déclenchant le rire de leurs amis. La présence intimidante d'Erza Scarlet l'empêcha de se venger comme il l'aurait voulu cependant alors Gajeel Redfox se contenta de prendre sa crevette dans ses bras pour bouder.
La conversation se fit plus paisible, jusqu'à ce qu'un cri enthousiaste les interrompe. Les regards curieux se tournèrent vers la nouvelle arrivante. Aux cheveux ondulés de la couleur profonde de l'océan, celle-ci se tenait aux côtés de Meredy Milkovitch, l'amie aux cheveux rose de Jellal Fernandez, et de Lyon Bastia, l'homme aux cheveux couleur neige, le cousin de Grey Fullbuster. La femme se tenait droite, figée, une main tremblante recouvrant son œil gauche. L'œil des âme-sœurs. Une seconde exclamation sortit de la bouche de l'homme aux courts cheveux d'ébène.
Pupille d'ébène devenant bleue océan.
Pupille d'océan devant noire ébène.
Avant que quiconque ait pu comprendre, ils coururent l'un vers l'autre pour s'étreindre. La stupéfaction répandit ses tentacules dans les rangs d'amis de l'homme, celui-ci connut pour son stoïcisme. Un sourire se dessina sur les lèvres de Meredy et Lyon qui se prirent la main, attendris et ne sachant que trop bien la raison de leur émotion. Ils n'étaient pas âmes-soeurs mais eux aussi s'étaient souvenus de leurs vies antérieures ; dont celle au goût de sang. En miroir à leur réaction la flamboyante Erza serra les poings, l'intuitive Levy se coula dans les bras du réconfortant Gajeel tandis que la main de la sensible Lucy se glissa dans la main du compréhensif Natsu qui la lui serra en retour ; tout cela sous le sourire attendri de la compatissante Lisanna au regard parfaitement bleu d'été. Ils se souvenaient tous de cette guerre sanglante qui avait décimée leur famille.
Les âme-sœurs nouvellement retrouvées finirent par se séparer et les sourires fleurirent à la vision de la rayonnante Juvia, aussi enthousiaste que dans leurs souvenirs lointains. La femme les prit tous dans ses bras, même la raide Erza ou le grincheux Gajeel qui lui tapota dans le dos avant de l'écarter. Son rire éclatait pour tout et rien, contaminant ses amis qui riaient avec elle, attirant un léger sourire sur les lèvres de son âme-sœur pourtant d'habitude si discret avec ses sentiments.
Grey Fullbuster avait déjà été privé d'une vie avec Juvia Lockser.
Il ne referait pas la même erreur.
#my writings#fairy tail#gruvia#gray#juvia#angst#war#soulmate#réincarnation#j'ai du maaaaal à écrire du gruvia mais je m'en suis pas trop mal sortie je trouve x)#guerre#université
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On contrôle mieux un pays en transformant ses citoyens en enfant assistant à un spectacle de marionnettes. Le rire de service public serait-il un moyen de perpétuer la domination étatique ? Dans Se distraire à en mourir en 1985, le théoricien de la communication de la New York University, Neil Postman, ne dit rien d'autre. "Nul besoin de tyran, ni de grilles, ni de ministre de la Vérité. Quand une population devient folle de fadaises, quand la vie culturelle prend la forme d'une ronde perpétuelle de divertissements, quand les conversations publiques sérieuses deviennent des sortes de babillages, quand, en bref, un peuple devient un auditoire et les affaires publiques un vaudville, la nation court un grand risque : la mort de la culture la menace.
L'homme qui pleure de rire, Frederic Beigbeder
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Sachets d’automne
...
10 h 27
Ceux qui me connaissent se diraient que je suis sortie aux aurores. Me voilà rue des Morillons. En la longeant, je pense mort, mort des morilles, fin de l'automne et des champignons. Pignons sur rue. Bref. Me voilà rue des Morillons. Au téléphone, l'employé m'a dit, avec un petit chuintement sur chaque « s », que « schi j'arrivais après midi, la porte scherait close ». Alors qu'il aurait pu me dire, sur une touche plus positive : « Nous schommes ouverts juschqu'à midi. » 10 h 32 J'en ai fini de couper, sur les langues, les cheveux en quatre dans la rue des Morillons qui rime avec carillon. Raidillon. Maillon. Tourbillon. Un vent léger secoue le doré des quelques feuilles encore agrippées aux branches pudiques des arbres parisiens. Quand elles ne voltigent pas, elles s'allongent sur les trottoirs, craquent sous les pas, les plus hardies traversent la route ou partent se baigner dans le caniveau ; un employé de la ville devra venir souffler-aspirer ce qu'il en restera demain. C'est l'automne pour de vrai. Même les trottoirs grisâtres le savent et font de leur mieux pour déposer des plaques glissantes sous les pas étourdis des passants trop pressés. 10 h 35 Je suis au 36. Sur une plaque bleu de minuit, il y a écrit en lettres blanches : Préfecture de Police – objets trouvés – 36, rue des Morillons. Dessous, une flèche démesurément longue indique la direction à suivre pour se rendre au guichet, que je trouve facilement rien qu'en suivant la flèche. Ça s'annonce bien, déjà une chose de trouvée. L'employé qui m'accueille n'est pas celui que j'ai eu au téléphone puisque, tout droit sortis de sa bouche, tous ses « s » sifflent comme ils le doivent. L'homme, dont je ne saurais dire l'âge, s'intéresse à ce que je lui raconte autant que sa fonction l'y oblige, mais ses yeux ne me voient pas vraiment ou plutôt regardent à travers moi. C'est un peu gênant je trouve de ne pas être vue par la personne en face de soi, mais je lui explique quand même : — C'est une mallette, une série limitée... hum... même si cela ne se voit pas. Grise. En aluminium et plastique. Elle est fermée à clé, mais, regardez ! je les ai... Dedans il y a six objectifs, des câbles et toutes mes pellicules. C'est mon matériel de travail et tous mes clichés de la semaine. Je suis fichue si je ne la retrouve pas. Et... Et je continue de secouer le petit trousseau de clés que j'ai déjà agité, un instant plus tôt, sous le nez de (je l'espère de toutes mes forces) mon futur sauveur. Et les larmes me montent aux yeux. Et je vois bien qu'il n'est pas plus intéressé que ça par mon problème. Et... est-ce qu'il me voit même ?! Je me tais et cela semble le soulager. Alors, je vais m'asseoir sur l'une des chaises alignées contre le mur du hall d'accueil. Enfin, après un temps qui me parait affreusement long, d'un geste lent, l'homme des objets trouvés – peut-être est-il myope – me fait signe de le suivre. Ce que je fais. Bien sûr. En silence. Comme lui. Nous nous retrouvons dans l'arrière-boutique. Je m'attendais à arriver dans une sorte de grande salle des archives, à être face à un entrelacs d'étagères recouvertes de poussière et d'objets de toutes sortes dignes d'un inventaire à la Prévert ou à des alignements comme les rayons des bibliothèques municipales. Ce n'était pas non plus un entrepôt comme ceux qu'on a l'habitude de voir. Non. La pièce, d'une hauteur sous plafond impressionnante, mais de quarante mètres carrés tout au plus, est chaleureuse comme la boutique d'un antiquaire et incroyablement encombrée : des guéridons Louis je ne sais pas combien, des portants emplis d'habits d'un autre âge, une table et ses chaises de mobilier breton, un buffet savoyard en bois massif, du chêne peut-être, comme ceux qu'on peut voir dans les très vieux chalets transmis de père en fils, de grand-mère en petite-fille... Ce sont quand même de bien gros objets à perdre, pensai-je. Et l'employé continue à zigzaguer entre vieilleries et oublis. Avec moi derrière. L'homme que je suis pas à pas, sans être tout à fait sûre de bien faire, pousse une porte en fer forgé, une véritable œuvre d'art qui se trouve être délicieusement travaillée et qui détonne un peu avec le lieu. Les gonds grincent légèrement. Nous arrivons dans une salle encore plus petite que la précédente. Un peu plus sombre aussi. Un guéridon encore, avec dessus une pile de livres, ce qui donne un ensemble bien plus haut que je ne le suis, une sellette, une plante verte artificielle, une montre à gousset qui me rappelle celle du père de... de... comment s'appelait donc cette camarade de classe chez qui j'avais passé les vacances de 1964 ou... ? Eh bien ! J'ai oublié ma tête en plus de ma mallette.
— Voilà, c'est votre coin à vous ici, dit mon éclaireur en posant la main sur un comptoir d'apothicaire cérusé et de belle facture, rehaussé d'une vitrine aux verres dépolis. Je distinguais à peine ce qu'elle contenait. Je constate malgré tout que chaque étagère est chargée à ras bord. D'enveloppes et de boîtes... De boîtes et de sachets... — Pardon ? — Oui, nous y sommes. — D'accord, mais où ? Je ne cherche que ma mallette d'objectifs. Est-ce que vous l'avez ? — Non, mais j'ai autre chose. L'employé ouvre, sans à-coup et d'un geste nonchalant, l'un des tiroirs du meuble blanchi. Au fond, perdu au milieu, trône un trèfle à quatre feuilles. Je suis très étonnée, mais ne dis rien. Que pourrais-je donc faire d'un trèfle à quatre feuilles, moi qui ne suis pas tant superstitieuse que ça... Au loin, une horloge sonne douze coups. 12 h 00 — Mince, vous allez fermer, dis-je, et vous ne m'avez pas rendu ma mallette. — Ne vous inquiétez de rien. Ouvrez plutôt cet autre tiroir. » Il pointe du doigt une poignée en laiton sur laquelle je tire. Oh ! Mais comment est-ce possible ? Trente et une enveloppes liées par un bolduc argenté. Trente et une, je le sais : ce sont les miennes ! Trente et une : le nombre de lettres que nous nous sommes échangées avec Antoine, mon amour, mon tout premier grand amour. Parti rejoindre son père et son frère dans leurs rêves de marins. Antoine, mon ami, mon amant. Mon Poséidon, dieu des eaux salées et de mes larmes. Je t'ai perdu le 25 août 1973... et je n'avais jamais autant pleuré avant. Et je n'ai jamais pleuré autant depuis toi. Trente et une lettres perdues, disparues, envolées au cours d'un déménagement désastreux où mon cœur s'est déchiré encore. Ce jour-là, on m'a retiré un peu de ce qui me restait de toi. Mon Antoine. Ma cicatrice. Je cache mon visage, je ne veux pas que le myope me voie pleurer, même flou. Et je me souviens du trèfle à quatre feuilles... Je l'ai trouvé il y a... L'horloge sonne encore au loin. Et je n'ai toujours pas ma mallette ! 12 h 01 Je souhaite partir, j'ai l'impression d'être oppressée et ressens le besoin d'air frais. Je remarque que la porte devant laquelle je me suis extasiée un peu avant n'est plus là. Seul reste visible le dormant ; l'ouverture, remplacée par un mur de briques rouges, ne nous laisse aucune échappatoire. Cela m'arrive depuis quelque temps : pendant un bref instant, rien n'a plus de sens, mais quand je ferme les yeux un moment, trois secondes tout au plus, tout se remet en place, tout revient à la normale. Alors je ferme les yeux, assez fort pour voir des étoiles briller sur l'écran noir de mes paupières. Saurais-je même dire par où nous sommes arrivés ? J'ouvre les yeux. Nous sommes toujours emmurés. Mon geôlier n'a pas l'intention de me venir en aide et me tend encore un sachet. — Et là, c'est vide ! Il n'y a rien dedans. Pourquoi me montrez-vous cela ? Je suis agacée. Je suis agacée et épuisée. Et c'est d'un geste bien plus brusque que je l'aurais souhaité que je déchire le sachet que le préposé au bordel ambiant m'a tendu. Et ça revient d'un coup. Et je ne retiens plus rien, je me répands en larmes, je hoquette. Il y a l'odeur d'oignon, d'ail et de sueur qui recouvre tout. Ça me couvre les yeux. Parfois la bouche. Il y a la voix qui dit « Ne me regarde pas ! » et « Ce sera notre secret, d'accord ? » Il y a moi qui ne dis rien à la main qui se déplace sur mon corps frêle de minuscule petite fille. Il y a la voix qui crie « Non ! » dedans, mais qui ne sort pas. Il y a la peur et la lumière aussi. La lumière enfin. Des voix, des pleurs, des menaces, des hurlements. Deux sacs de voyage, moi dans la voiture, maman qui conduit, la nuque en colère. C'est de ma faute ? J'ai un petit peu moins de trois ans et je ne comprends rien. Il y a un père dont on ne me parlera plus jamais. J'avais tout occulté, relégué dans les tréfonds d'une mémoire en friche. 12 h 01 — Mais à quoi jouez-vous ? Qui êtes-vous ? — Appelez-moi comme vous voudrez, je ne suis qu'un employé. Je crois que j'ai hurlé, mais cela n'a aucunement l'air de l'émouvoir. Cette fois-ci, c'est une minuscule boîte en cuir que l'employé me tend. Elle provient de la vitrine aussi. Toute ronde et légère, elle m'échappe des mains quand je veux l'ouvrir. Un rire d'enfant en sort alors qu'elle roule sous le meuble, un rire fort, revigorant comme savent l'être les rires des enfants. — Oh ! C'est Margaux ! C'est le rire de Margaux... quand elle était bébé. Margaux, ma fille, ma joie, le cadeau que la vie m'a donné, ma fierté, ma plus belle aventure. Je ne changerais aucun instant de ma vie, car chacun m'a conduite jusqu'à toi. Comme j'aime l'entendre ce rire ! Comme j'aime encore son rire quand elle vient me voir. Moins souvent que je le voudrais... Elle a dit : « À dimanche maman. » C'est quand dimanche déjà ? J'entends encore le rire depuis dessous le meuble. Ces montagnes russes sur les bons souvenirs et les tristes, ce va-et-vient incessant entre ce que j'aimerais oublier, ce que j'ai oublié et les images que j'aimerais tant conserver intactes. Tout cela me chamboule-tout à l'intérieur. C'est quand dimanche déjà, ma Margaux ? Est-ce qu'Antoine viendra aussi ? La mémoire peut s'effacer bien avant qu'on ne la perde. Les mots qu'on entend, ceux que l'on dit ou que l'on tait, les images... tout cela est-il vrai ? Les événements qui nous ont construit sont-ils justes ? Ont-ils vraiment été ? Je suis assise sur l'une des chaises alignées contre le mur du hall d'accueil. L'employé des objets trouvés fait semblant de ne pas me voir depuis son comptoir, même quand je lui souris. Il est midi. Une jeune femme portant un badge à la poche de sa chemisette apparaît dans mon champ de vision, se penche vers moi et me crie : — Alors madame Saint-Gilles, vous m'en faites faire des kilomètres ! Heureusement, on sait toujours où vous retrouver. Allez, c'est pas le tout des choux, il faut rentrer maintenant. Suzie (c'est ce qui est écrit sur son badge) se tourne vers l'employé de la Préfecture de Police : — Ça va ? Elle ne vous a pas trop embêté aujourd'hui ? — Pensez-vous ! Elle s'assoit. C'est tout. Elle vient tous les mois. Comme ça, on sait qu'on est le 25. Aujourd'hui, elle cherchait une mallette de photographe. On va finir par savoir qui elle a été vraiment. Qui je suis vraiment ? Il suffit de demander : Je suis... euh... Je suis... Quelle certitude a-t-on d'avoir vécu si la mémoire prend la poussière ? La jeune femme me prend par le bras dans un mouvement qui ne souffre aucune contradiction. Sur le revers de son col, un trèfle à quatre feuilles brodé est des plus gracieux. Retour à l'EHPAD qu'elle dit. Je ne comprend vraiment rien à ce qu'elle me raconte, mais je me laisse emmener. Et nous longeons la rue des Morillons. Et l'automne n'en finit pas de tomber en feuilles d'or tourbillonnantes. Dans la rue des Morillons, mort des morilles, fin de l'automne et des champignons, pignons sur rue, j'ai vu une vieille dame au bras de Suzie sur la devanture d'une boutique d'antiquaire. L'inconnue dans la glace m'a fait peur. Elle était toute tassée, minuscule et avait une peau si fripée, si usée. Je ne sais pas qui c'est.
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[image depuis https://www.emmeline.fr/comment-devenir-brocanteur.html]
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Je t'aime à la folie - Vengeance
Disclaimer: Les persos ne nous appartiennent pas!
Comme indiquez précédemment, ce chapitre est la vengeance. Si vous êtes ici par erreur parce que vous n'avez pas lu la note d'auteur ou que vous avez appuyé sur le chapitre suivant par erreur, veuillez passer votre chemin.
De vous à moi… C'était la fin que j'avais envisagé de base… Ce n'est qu'après que j'ai créé des fins alternatives.
Bien, maintenant que je vous ai averti, voilà la vengeance.
Bonne lecture à tous! ^^
┬┴┬┴┤・ω・)ノ├┬┴┬┴
Chapitre 4: Vengeance
- Ahah…
Le visage caché dans son épaule, Katsuki crut entendre des sanglots contre lui. Jamais il n'avait autant maudit le fait d'être incapable de toucher son amant.
- Oï, Deku! Ne pleure plus, je-
- … Ahahahah!
Les pleurs se transformèrent en rire. Deku sépara son corps du sien et la semence du blond s'écoula le long de ses fines cuisses légèrement musclés. Il fit un pas ou deux en arrière, ne pouvant s'arrêter de rire, un regard dément le toisant. Le vilain se tordit sous l'exercice intense au niveau de son abdomen.
- Tu verrais ta tête! Kacchan! T'y as cru en plus? Imb��cile! C'est trop facile!
- De-Deku?
Le rire causa des douleurs à l'estomac au vert et il dut faire d'immenses efforts pour reprendre le contrôle de son corps. Il caressa le menton du blond en tendant son bras avant de donner un violent coup de poing avec l'autre, sans crier garde. Le choc avait fait basculer la chaise avec le héros enchainé par terre. Le vilain rejoignit la nouvelle position de son héros et le titilla avec son pied. Avec la pointe de son pied, il caressa cette joue meurtrie qu'il a frappé ainsi que cette bouche qu'il a tant de fois embrassé. Il traversa ce torse musclé qu'il a tant étreint et écrasa légèrement cet organe qui l'a pris tant de fois.
- J'ai tellement attendu ce moment! Alors? Ca t'a fait du bien de baiser avec moi? Une dernière fois avec ton Deku.
- Qu'est-ce que…
Izuku donna un coup de pied pour mettre Katsuki sur le dos et posa, de manière assez jouissive, son pied sur le torse de son amant, le regardant de haut avec tout le plaisir qu'il pouvait exprimer.
- Je suis The Fool à présent. Deku est mort le jour où toi et All Might m'aviez brisé. Heureusement que j'ai pu aller voir All for One l'autre jour pour le remercier de ce si précieux alter.
- All for One…
- Je ne sais pas quelles étaient ses intentions mais il m'a offert l'opportunité de me venger.
- T'es complètement barge!
- Je le suis! Je le suis devenu!
The Fool s'installa à califourchon sur son prisonnier qui était déjà dans une position inconfortable et posa un rapide baiser sur les lèvres scellées de celui qui fut son amant.
- Tout ne fait que commencer, Kacchan. Ma vengeance ne fait que commencer.
Le monde redoutait à présent les héros. The Fool sévissait à travers le Japon tandis que Ground Zero était porté disparu depuis qu'il s'était lancé à sa poursuite. Ce fut un coup dur pour la société. Midoriya Izuku, son amant, fut dévasté par la nouvelle. Dans le but de retrouver l'élu de son cœur, il redoublait d'effort dans le rétablissement des différents héros touchés par la déchéance afin d'obtenir le moindre indice sur The Fool. Il sacrifiait bien trop souvent son temps de sommeil et il fallait le surveiller pour qu'il se nourrisse régulièrement. Avec l'aide d'autres spécialistes criminologues, ils cherchaient à établir des profils et des schémas de folies du à l'alter terrifiant du super vilain.
Depuis l'instant où l'attention fut tournée vers Midoriya Izuku, The Fool avait changé de stratégies et répandit sa terreur parmi les civils. Son bouc-émissaire lui avait servit le temps d'installer sa routine, le temps de préparer son aire de jeu. Il aimait jouer avec ces inspecteurs qui le traquaient sans succès. Il aimait s'amuser. Il aimait le fait qu'on puisse l'aimer autant qu'on le haïssait. Il aimait le fait d'être l'homme le plus indispensable et le plus recherché du pays. Cette dualité le faisait vibrer. Combien de fois avait-il inversé le processus de déchéance? Combien de fois avait-il fait subir l'ascenseur émotionnel à ces héros? Combien de fois avait-il plongé le plus héroïque des justiciers dans le plus profond désespoir? Combien de super vilain avait-il rallié à sa cause? Il jubilait en son fort intérieur. Combien de fois avait-il joué les cupidons entre un super héros et un super vilain? Il aimait les tragédies à la Roméo et Juliette. Combien de fois avait-il brisé des couples? Il ne s'en lassait pas. Combien de temps lui restait-il avant que tout ce jeu ne prenne fin?
Il n'était pas dupe. Un jour, les héros le trouveront. Un jour, ses méfaits sortiront des abysses pour être exposé au grand jour. C'était dans l'ordre des choses. A-t-on déjà vu un super vilain triompher sur le bien? Combien de génie du mal peuvent se vanter d'être insaisissable jusqu'à la fin de leur vie? Il espérait que le jour où il perdrait tout, sa notoriété serait aussi grande que All for One. Quel honneur ce serait. Il rendrait ainsi hommage à l'homme qui l'avait transformé. En attendant ce jour, il allait profiter pleinement de ses jours de liberté. Et puis, quelle expression devrait-il faire, le jour où ces imbéciles se rendront compte que le héros des héros et le super vilain qui ébranle la société fondée sur les héros n'étaient en fait qu'une seule et même personne? Il avait hâte. Tellement hâte. Mais un travail bien fait demandait beaucoup de minutie et une patience à toute épreuve. Il pariait sa vie sur ce jeu. Il saurait rendre ce jour mémorable.
Dans un repaire souterrain, Midoriya Izuku pénétra dans une pièce où était actuellement retenu prisonnier le fameux Ground Zero disparu. Il était attaché contre un mur. Les chaînes aux poignets et aux chevilles ne le laissaient que peu de liberté de mouvement. Au mieux, il pouvait faire deux ou trois pas. Elles n'étaient cependant pas assez longues pour lui permettre de s'étrangler lui-même ou de prendre un éventuel otage.
- Enfoiré… Relâche-moi…
- J'ai ramené un nouvel invité, Kacchan. On fait comme d'habitude, d'accord? Montre-moi ton plus beau désespoir.
Des hommes jetèrent un sac aussi grand qu'un homme par terre et refermèrent la salle, la verrouillant, comme à leur habitude.
- Je dois dire que c'est bien pratique d'avoir l'alliance des vilains comme partenaire de travail. Entre condisciple, on devrait bien s'entendre, non? J'avais toujours travaillé en solo jusqu'ici et c'est de loin ce que je préfère comme méthode de travail.
Le bourreau s'approcha du sac. Il tourna autour, comme s'il l'inspectait puis s'accroupit devant l'ouverture.
- Mais j'ai une dette envers mon bienfaiteur. Je vais donc continuer à prêter mes méfaits à Shigaraki quelque temps. Ah, mais ne lui dit pas que je prévois de l'abandonner un jour prochain, d'accord? Kacchan.
Izuku posa son index contre ses lèvres, comme s'il demandait à son ami d'enfance de garder un secret et lui sourit. Il défit doucement le sac et dévoila une tête aux cheveux rouges piquants. En voyant son ami, Katsuki tira pour la énième fois sur ses chaines, se blessant un peu plus à chaque fois. Ses poignets et ses chevilles étaient recouverts de sang séchés.
- Kirishima! Deku! Arrête!
- J'ai cru entendre que c'était ton meilleur ami. Dire que tu m'avais si facilement remplacé. Quoi qu'on était de simple ami d'enfance. Ce n'est pas du tout le même statut, hein? Je me demande si je dois être jaloux ou pas. Après tout, je suis devenu ton petit ami donc, je suis le numéro un dans ton cœur, n'est-ce pas? J'ai la priorité sur ton meilleur ami, n'est-ce pas? Kacchan.
The Fool débarrassa le héros rouge de son sac et le plaça en position assise. Il s'installa dans son dos, passant ses bras autour du cou de l'inconscient. Il tata ce visage lisse, ce torse musclé, ce cou qu'il rêvait de tordre.
- Arrête! Deku! Je…Je t'en supplie… Arrête…
Deku lâcha un petit soupir satisfait. Il ferma les yeux un instant pour profiter des supplications désespérées de son prisonnier et les bruits de chaînes qui s'entrechoquaient contre le mur, signe qu'il essayait de s'échapper, en vain. En se concentrant bien, il put même entendre une goutte ou deux s'écraser sur le sol. Serait-ce du sang ou des larmes? Un mélange des deux sans doute. Il rouvrit les yeux pour apprécier de la mine accablée de son compagnon. Son esprit se brisait un peu plus chaque jour. Il pouvait presque entendre les fissures craquer encore et encore.
- Venge-toi sur moi et rend-moi fou si tu veux! Mais arrête d'impliquer les autres! Ils ne t'ont rien fait!
- Les autres? Oh, tu parles d'Uravity du mois dernier? Elle était splendide sur le terrain de construction. J'ai adoré quand elle a fait tomber toutes les poutres métalliques sur la grue. Ou bien du dernier fils d'Endevor d'il y a deux mois? J'ai été généreux et je lui ai permis de se défouler sur sa famille. De ce que j'ai compris, le jeune Todoroki Shouto détestait son père, non? Il m'a bien aidé à me débarrasser du nouveau numéro un des héros. Dommage qu'il ne soit pas mort… Mais être infirme pour le reste de sa vie doit être assez humiliant pour cette brute. Voir tout ce qu'il a construit depuis ses débuts réduits en cendre.
Katsuki se souvenait de chacun d'entre eux. Izuku prenait un malin plaisir à laisser les chaines d'information tourner pour lui montrer le désastre que provoquait son alter. Certaines images ont même été censuré tellement elles avaient été horrible. Il se souvenait encore de ce mec au nombril bruyant et trop brillant faire fondre des humains.
- Ah, je sais, l'homme électrique d'avant encore… C'était la première fois que je voyais quelqu'un bouillir de l'intérieur jusqu'à ce que sa cervelle sorte par tous ses orifices.
Combien de fois le héros prisonnier avait-il était impuissant en voyant ses anciens camarades de classe perdre leur lucidité pour plonger dans les abysses de la folie à cause de cet homme? Lui-même se sentait glisser lentement dans les ténèbres, incapable de faire quoi que ce soit, attaché à ce mur, à part supplier pour ses amis. Cela ne lui ressemblait pas. Il aurait du être plus fort. Mais il se savait plus quoi faire, ni ce qu'il pouvait faire.
Il avait tenté l'indifférence. Il avait tenté la haine. Il avait tenté la violence. Il avait tenté l'amour. Il avait tenté d'en finir avec lui-même. Il aurait du être le numéro un des héros. A la place, il était la cause numéro un du désastre des héros corrompus du pays. Tout cela arrivait à cause de lui. Il avait tué All Might. Il avait tué cette femme. Il allait tuer tous ses anciens camarades de classe. Deku les avait tous envoyé à la mort à cause de lui. Aucun n'avait pu être maitrisé. Aucun ne survivait assez longtemps pour suivre la thérapie. Et quelle putain de thérapie. Le sauveur et le bourreau n'était en réalité qu'une seule et même personne.
- Arrête… Fais de moi ce que tu veux mais laisse les autres tranquilles… S'il te plait… Deku…
Le vert pencha la tête, feignant un visage innocent qui se voulait mignon. Cette expression n'avait rien à voir avec la cruauté qui se reflétait dans ses yeux verts.
- Mais Kacchan, te rendre fou serait bien trop facile. Comment pourrais-je voir ton visage ravagé si tu ne sais même plus distinguer ta droite de ta gauche? Où serait ma vengeance dans ce cas-là? Mon plaisir? As-tu déjà cherché à me sauver alors que j'avais justement besoin de ton soutien?
- Deku! Je suis désolé pour avant! J'étais qu'un putain d'gamin sans cervelle et-
- Ah, j'en ai assez d'entendre ça, lâcha Izuku, ennuyé. Ca ne m'amuse plus. Dire qu'au début, tu te débattais plus férocement… Tu essayais différentes stratégies pour me faire plier… T'aurais-je déjà cassé? Je préférais quand tu essayais de m'étrangler avec tes menottes quand on le faisait.
Izuku bougea un peu le corps qu'il soutenait pour se réinstaller de manière plus confortable. Il frotta son visage contre celui de Kirishima tout en réfléchissant au moment où tout avait basculé. Oui, à partir de quand Bakugou Katsuki avait abandonné? Rien n'était éternel, n'est-ce pas? Pourtant, il faisait en sorte de maintenir la barrière entre la lucidité et la folie.
- Tu as si facilement jeté ta si grande et si belle fierté pour eux … Je suis si jaloux… Extrêmement jaloux. Tu les aimes tant que ça, ceux de Yuei? Si j'avais eu un alter plus tôt et si j'étais entré à Yuei… aurais-tu fait la même chose pour moi? Ou m'aurais-tu quand même abandonné?
- Deku… Arrête, je t'en supplie… Deku…
Un petit bruit attira leur attention. L'otage se réveillait. La première chose qu'il vit fut son meilleur ami Bakugou Katsuki, le visage fatigué, les yeux ternes, des sillons de larmes sur le visage, enchaîné à un mur. Jamais il ne l'avait vu aussi mal au point.
- Bakugou!
Le rouge tenta un mouvement vers le prisonnier quand il se sentit retenu. Il baissa son regard et vit une paire de bras autour de son cou. Il voulut se dégager mais il se sentait étrangement faible. Il ne se souvenait pas de grand-chose. Il était entrain de faire sa ronde, cherchant The Fool qui s'en était pris à ses anciens camarades de classe. Il était tombé sur une embuscade de l'alliance. Ils étaient en surnombre. Malgré toutes les précautions qu'il avait prise avec son ainé, Amajiki Tamaki, ils avaient été séparés. Combattant chacun de leur côté en attendant les renforts, malgré sa peau durcit, The Fool apparut, le combattit et l'envoya voler grâce à une superbe technique de combat au corps à corps. Il avait eu l'impression d'avoir déjà vu ce mouvement, mais où? Durant la seconde de désactivation de son alter, il reçut une balle-piqûre. Alors qu'il retirait la seringue, le fou lui balança un coup de pied dans la mâchoire et ce fut le trou noir.
La première chose qu'il voyait à son réveil était son meilleur ami disparu. La première chose qu'il ressentait vraiment depuis son réveil n'était pas ces puissants bras mais cette sensation glaciale qui émanait de son dos. Ce n'était pas le même froid que la glace de son camarade Todoroki. C'était quelque chose qui pénétrait profondément dans sa chair et qui l'effrayait. Avant de pouvoir faire quoi que ce soit, il entendit un murmure.
- Bienvenu en enfer, Red Riot, et…
Une main se leva et cacha sa vue tandis que l'autre raffermit sa prise sur son cou. Le rouge sentit un souffle contre son oreille et une voix lugubre résonna.
- Bon cauchemar.
Un cri de douleur retentit dans la pièce souterraine. Le héros de pierre se débattit, essayant de se libérer de ces vagues d'émotion négative qui affluait en lui. Il avait l'impression de ressentir tout le désespoir, toute la peur et la malveillance de ce monde couler dans ses veines. Il n'avait jamais autant haï sans raison. Il n'avait jamais eu aussi peur sans raison. Il n'avait jamais été aussi triste sans raison. Il n'avait jamais été aussi en colère sans raison. Il n'avait jamais été aussi jaloux sans raison. Il n'avait jamais été aussi désespéré sans raison. Il n'avait jamais eu autant envie de tout détruire sans raison. Il subissait ces vagues, encore et encore. Il voulait résister encore et encore. Il savait qu'il ne devait pas se faire. Il connaissait le schéma d'action de The Fool grâce au gentil petit ami de Bakugou, Midoriya Izuku. Des barrières. Il devait imaginer ériger des barrières et…
La pression exercée sur lui se desserra. Il entrevit une ouverture.
- De fais pas ça! Deku! Ne bouge pas, Kirishima!
Kirishima leva le bras pour se dégager quand il sentit des lèvres sur les siennes. L'emprise était encore plus forte que précédemment. Toujours plus. Plus de colère. Plus de désespoir. Plus de haine. Encore et toujours plus. Il ouvrit difficilement ses yeux qui s'étaient refermé sans qu'il ne le sache. Le choc le paralysa. Ces yeux verts… Il les avait déjà vus quelque part. Il sentit un sourire se dessiner sur cette bouche collée aux siennes. Deku… C'était le surnom que Bakugou donnait à son amoureux… Mais alors…
Quelque chose se brisa en Eijirou. Son bras levé retomba mollement sur le sol humide et glacé. Pourquoi luttait-il déjà? Pourquoi devait-il subir tout ça? Pourquoi lui? Alors que Bakugou Katsuki était sain et sauf, dans sa petite cage dorée, en sécurité. Lui, il avait du combattre et neutraliser ses amis, ses mentors, ses nouvelles recrus, l'amour de sa vie… Il avait du lutter entre ses sentiments et son devoir. Ses mains qui devaient sauver des vies avaient ôté des vies. La sensation humide sur ses lèvres disparut. Le mal s'insinuait lentement mais surement. Tout s'entremêlait dans son esprit. Il craqua, comme ses prédécesseurs.
A ses cris se mélangeait une autre plus déchirée, plus anéantie, qu'il reconnut vaguement comme celle de son meilleur ami. A quoi bon lutter dans ce monde de merde? A quoi bon sauver ce mec qu'il avait considéré comme son ami? Cette amitié avait-elle au moins été réciproque un jour? Pourquoi le considérait comme tel d'ailleurs? Pourquoi sauver celui qui n'avait pas bougé pour le sauver. Tous les efforts qu'il avait fait été vain. Tout ce qu'il avait fait n'était qu'un gaspillage de temps et d'énergie. Il voulait être tranquille. Il voulait en finir avec tout ça. Il voulait décharger toute cette merde hors de son corps. Peu importe qui la subissait, il voulait s'en débarrasser. Au plus vite. Cette sensation désagréable à en vomir devait être expulsée. Par tous les moyens.
- Désolé… Désolé… Kirishima… Toi aussi…
- Red Riot… Et si tu te déchaînais toi aussi contre cette société injuste qui t'a tout pris? Toi, le héros qui a du tuer ses petits camarades à cause de Kacchan?
Izuku appuya sur bouton rouge au mur. Des gardes vinrent dans la seconde récupérer le héros rouge qui n'était désormais plus que l'ombre de lui-même. Une fois le corps sécurité pour la prochaine étape, ils laissèrent le maitre vilain avec son prisonnier, comme à leur habitude. De part leurs expériences, ils savaient qu'ils n'avaient que peu de temps avant que le héros déchu n'émerge de son état second et ne perde le contrôle de ses faits et gestes pour tout saccager. Heureusement que Black Mist n'était jamais très loin pour éjecter les héros déchus en ville.
The Fool prit une télécommande et alluma la télévision, attendant le futur flash info. Il avança vers Ground Zero qui ne bougeait plus, toujours sous le choc de ce qui venait de se passer. Il passa ses bras autour de son cou et l'embrassa. Le blond ne bougeait plus, ne répondait plus, ne se débattait plus. Serait-ce la goutte d'eau qui faisait déborder le vase? Le vert rompit le contact et serra contre lui le héros qui perdait de plus en plus sa volonté.
- Tu es à moi Kacchan… Et tu resteras avec moi jusqu'à la fin. Devrais-je tenter de te «guérir» pour qu'on puisse s'amuser encore un peu?
Il caressa le dos du blond, comme pour le réconforter et enfouit sa tête sur ce torse qui l'avait tant de fois accueilli. Un jouet cassé pouvait être réparé, n'est-ce pas?
- Sombrons ensemble dans la folie, d'accord? Kacchan…
Alors? Satisfait? Maintenant que vous avez vu le pire, le meilleur reste à venir!
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Tag yourself : SLG Édition
Heyyy, tout le monde ! On a beaucoup moins de contenu sur SLG en ce moment, que ce soit au niveau des fanfics ou du reste (en même temps la Web série est terminée :'(), du coup voilà un petit tag yourself 😊 J'espère que ça n'a jamais été fait ? :/
Mathieu : Boire beaucoup trop de café, répondre sarcastiquement à des questions stupides, ne porter que des T-shirts avec une référence à la pop culture, une soirée pizza / bière avec ses amis, des inside jocks, des nuits passées sur l'écriture d'un nouveau projet, ne pas être certifié sur Instagram
Patron : Une cicatrice à l'origine inconnue, ne porter que du noir, l'odeur du sang, le bruit des sirènes de police, un couteau suisse, l'obscurité, un incendie, un verre de whisky, un petit rire narquois, les mains tachées de sang, des cernes, un néon qui clignote, une paire de lunettes de soleil presque incassables
Prof : Parler d'aliens à trois heure du matin, un carnet rempli de notes, une blouse tachée, un petit rire gêné, des manies dont on n'arrive pas à se débarrasser, oublier d'enlever ses lunettes de protection, froncer les sourcils un peu trop souvent, renverser une tasse de thé sur un ordinateur
Geek : s'endormir devant un jeu vidéo, un ours en peluche, collectionner les cartes pokemon, perdre sa casquette en forêt, une animalerie, un chocolat chaud, fondre en larmes devant un Disney, serrer quelqu'un dans ses bras, ne parler qu'en memes et en citations de Vines
Hippie : adopter cinq chiens, ne voir que le bon chez les gens, pardonner, partager ses cigarettes avec un inconnu, construire un toboggan avec des morceaux de cartons dans les escaliers, collectionner les cailloux, signer des petitions
Panda : Une collection impressionnante de disques, pleurer la mort de Kurt Kobain chaque année, apprendre une langue juste pour connaître le sens d'une chanson, une tasse de tisane au bambou, une capuche trop grande, retrousser ses manches pour que les mains en sortent, vouloir changer le monde, une vieille guitare couverte de graffitis, regarder en boucle des bootlegs de comédies musicales
Fille : Renverser un flacon de vernis à ongles par terre, une soirée pyjama entre amies, une tache de rouge à lèvres sur un pull, des posters de stars, pleurer devant une comédie romantique, ou devant des vidéos de mariage, faire des DIY's à la perfection, éclater de rire en lisant une blague carambar
Redneck : Un vieux T-shirt de foot, manger des chips devant une série française (*tousse* Plus Belle La Vie), se couper les cheveux soit-même, apprendre à chasser à un enfant, une paire de chaussettes trouée, twitter à toute heure de la journée
Démon : Beaucoup trop de maquillage noir, adorer les Tim Burton, être polyglotte, un pleur d'enfant, une tasse de café noir sans sucre, une bougie rouge, un clair de lune, un piano poussiéreux, toujours garder un objet sur soi pour se protéger, regarder un film d'horreur, avoir une conversation profonde sur le sens de la vie tard le soir, laisser quelqu'un dormir sur son épaule sans oser le réveiller.
(Dites moi si vous voudriez le Moine, le Virus, le Gothique, l'homme a la Cravate, Jeanne, et le chien dans un autre post ^-^)
#slg#mathieu sommet#salut les geeks#prof#patron#hippie#french side of tumblr#tag yourself#tag urselves#tag urself#tag your oc
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Je revois la ville en fête et en délire Suffoquant sous le soleil et sous la joie Et j'entends dans la musique les cris, les rires Qui éclatent et rebondissent autour de moi Et perdue parmi ces gens qui me bousculent Étourdie, désemparée, je reste là. Quand soudain, je me retourne, il se recule, Et la foule vient me jeter entre ses bras
Emportés par la foule qui nous traîne Nous entraîne Écrasés l'un contre l'autre Nous ne formons qu'un seul corps Et le flot sans effort Nous pousse, enchaînés l'un et l'autre Et nous laisse tous deux Épanouis, enivrés et heureux.
Entraînés par la foule qui s'élance Et qui danse Une folle farandole Nos deux mains restent soudées Et parfois soulevés Nos deux corps enlacés s'envolent Et retombent tous deux Épanouis, enivrés et heureux
Et la joie éclaboussée par son sourire Me transperce et rejaillit au fond de moi. Mais soudain je pousse un cri parmi les rires Quand la foule vient l'arracher d'entre mes bras
Emportés par la foule qui nous traîne Nous entraîne Nous éloigne l'un de l'autre Je lutte et je me débats Mais le son de ma voix S'étouffe dans les rires des autres Et je crie de douleur, de fureur et de rage Et je pleure
Et traînée par la foule qui s'élance Et qui danse Une folle farandole Je suis emportée au loin Et je crispe mes poings, maudissant la foule qui me vole L'homme qu'elle m'avait donné Et que je n'ai jamais retrouvé
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