#cheval de course
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hippography · 1 year ago
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TRAJAN, ÉTALON DE PUR-SANG PAR JULIUS CŒSAR ET TEACHER A M. TH. DOUSDEBÉS.
Le Sport Universel Illustré, 15 Décembre 1896
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maraboutsentiments · 2 months ago
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MULTIPLICATION D'ARGENT RAPIDE
MUPLTIPLICATION D’ARGENT RAPIDE EN FCFA, MULTIPLICATION D’ARGENT EN EURO, MUNTIPLICATION D’ARGENT EN DOLLAR, MULTIPLICATION D’ARGENT RAPIDEMENT, RELLE MULTIPLICATION D’ARGENT La multiplication d’agent rapide est un moyen très rapide qui permet à tout le monde de vite multiplier son argent en moins de 15 minutes chez le MEDIUM OGODO cette multiplication d’argent est sans conséquences et sans…
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camisoledadparis · 12 days ago
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saga: Soumission & Domination 319
Amaury au taf
Avec Samir et Ammed, nous recherchons ce qui pourrait faire monter Amaury en gamme.
Samir propose qu'on pourrait commencer par le faire sodomiser par mon black le plus membré. Lui, un aristocrate, ça devrait bien le faire kiffer de se faire dominer par un ancien indigène des colonies! Il souhaite y aller progressivement et faire durer le plaisir qu'il prend avec Amaury.
Je suis OK avec ça. C'est son soumis, c'est lui qui décide.
Je fais affaire avec mon black TTTBM. Sa bite de 28x8,5 me pose souvent un problème même avec mes escorts entrainés. Il le sait bien mais je suis le seul qui peut lui fournir où mettre sa bite (si on peut appeler ça une bite !). Surtout qu'on pourrait penser qu'elle est un peu molle et bien non le colosse de 2m la fait raidir comme si elle ne faisait que 20x5 !
Je l'appelle et lui propose un plan sodomie directe. Il hallucine de m'entendre lui proposer cela. D'habitude j'insiste bien sur le fait qu'il prenne le temps de bien préparé mon escort, qu'il y aille lentement dans sa pénétration et qu'il ne casse pas son " jouet " car il ne payera jamais assez pour ça.
Je lui explique que j'ai rentré un nouvel escort aux capacités adéquates. Négo sur le tarif. Samir me dit que c'est pour moi, lui il aura le kiff de gérer Amaury. Je refuse et de toutes les manières il aura une prime sur son salaire normal. Je précise qu'il sera amené par son maître et que ce dernier aura toute autorité de ma part pour gérer la prestation. Le client accepte très excité par les possibilités qui s'offrent à lui.
Récit de Samir :
J'emmène Amaury à son premier contrat pour Sasha. Avant de monter en voiture, je l'ai préparé. Un lavement en profondeur, graissage et maxi plug (longueur 20cm, diamètre au blocage 5) avant que je lui pose sa cage de chasteté. Pour être sûr qu'il ne bande pas celle-ci comporte des picots vers l'intérieur sur toute la pointe qui emprisonne son gland. Dans la voiture, assis dessus, Amaury bascule le bassin pour faire bouger le plug. Il gémit déjà de l'effet sur sa prostate. Je lui dis de se calmer qu'il garde des forces pour se faire défoncer tout à l'heure.
Nous arrivons chez le client. Grosse maison isolée. Amaury va pouvoir gueuler, y'aura pas de voisins dérangés. Il n'a sur le dos qu'un short de course très échancré sur les côtés auquel j'ai retiré le slip intérieur puisqu'il n'y a rien à retenir. Pour le haut un simple marcel de muscu, lâche.
C'est le client qui ouvre. Impressionnant même pour moi qui suis pourtant carré. Le mec fait dans les 2m et bien 120Kg. Il est en tenue de sport lui aussi. Ses bras nus sont comme les cuisses d'Amaury (ok c'est pas non plus ce qu'il travaille le plus !). Ils sortent d'un t-shirt blanc gonflé à l'extrême. Son sexe est emprisonné dans un cycliste élastique qui le moule comme une 2ème peau. Il est tellement moulant qu'on devine qu'il est circoncis et porte un gros cockring.
Je pousse Amaury vers le sol qu'il se mettre à 4 pattes. Je serre la main du client et présente mon slave. Il nous demande de le suivre. Amaury reste à 4 pattes et nous suit jusqu'au donjon du mec. Pas aussi bien équipé que celui du Blockhaus, mais pas mal quand même. Le principal est là, une croix de saint André, une selle à gode motorisé et un cheval d'arçon avec menottes pour mains et pieds. Une étagère avec une collection de gode de taille croissante occupe un des murs. Je comprends leur utilité quand mes yeux reviennent sur le client qui maintenant bande franchement.
Amaury est hypnotisé par le boa qui s'est développé. Le gland a cherché une issue et s'est faufilé sur la jambe gauche jusqu'à sortir du tissus juste au-dessus du genou.
Je lui dis d'y aller. Il se jette dessus et tourne la tête pour prendre en bouche le gland violacé. A la tête du client, je devine qu'Amaury tourne sa langue dessus comme il sait si bien le faire. Je suis sûr qu'il doit même essayer d'enfiler sa langue dans le petit trou. Le client ne tient plus, il s'écarte et descends le cycliste. Sa lourde bite remonte plus haut que l'horizontale ce qui est pas mal vu le poids qu'elle doit faire. Elle ne reste pas longtemps sans couverture. Amaury se jette dessus et s'en enfiles les 3/4 pour sa première plongée. Je connais mon gourmand, il n'aura de cesse que de poser ses dents sur le pubis crépu. il plonge et replonge sur la queue loirs et il ne lui faut que 10mn pour y arriver. Le client est ravi. Il me dit que c'est une première pour lui, en général les autres escorts callent à 3 cm de l'arrivée.
Mon Amaury se donne à fond. Je crois qu'il kiff de réaliser son phantasme de pute. Il se plante le gros noeud dans sa gorge et insiste même quand il est bien au fond. Je le vois se cambrer de plus en plus. Son cul est un véritable appel au viol.
Le client s'en aperçoit lui aussi. Il se dégage de la bouche d'Amaury et l'attrape par les hanches. Il le tourne et remarque le plug. Il me jette un coup d'oeil et je lui dis qu'il peut y aller. Du coup il l'arrache d'un coup sec, faisant hurler Amaury par la même occasion. Quel comédien ! Vu la dose de gel que je lui avais mis, il a dû glisser quasiment tout seul.
Le trou n'a pas le temps de se refermer que le client pousse sa bite kpotée dedans. Je suis en face. Je vois els yeux d'Amaury sortir des orbites. C'est sûr que sans trop de préparation il mange grave le gamin ! Je vois ses yeux se remplir de larmes mais elles sont de plaisir vu le sourire qu'il m'envoi. En attendant c'est pas pire que nos deux bites ensembles à Ammed et moi question diamètre. Parce que côté longueur c'est sûr que c'est beaucoup plus long, sauf le bras d'Ammed ! Le client me prend plusieurs fois à partie et me félicite de la salope que j'ai entre les mains. En même temps qu'il bourre Amaury il discute avec moi. C'est assez troublant mais c'est lui le client ! Je pense que ça doit aussi l'empêcher de partir trop vite.
Il me dit qu'avec les meufs, il n'arrive rarement à en mettre que les deux tiers et encore quand elles ne se sauvent pas en courant. Je le félicite d'être aussi bien outillé et dis que je comprends, ce sont plutôt parmi les juments qu'il devrait trouver son bonheur. Eclats de rire, même d'Amaury qui recule sur le mat qui le perfore comme le client ralentissait le rythme.
Un changement impressionnant de position. Amaury est loin d'être une crevette ce qui ne l'empêche pas d'être soulevé comme une plume, et le colosse noir de le planter sur sa bite debout. Reflexe, Amaury serre ses jambes aux hanches du mec pour se soutenir. Dans cette position, les fesses d'Amaury sont écartées au maximum et il se prend jusqu'au dernier millimètre la bite noire. C'est impressionnant la différence de couleur. Le noir est très noir et Amaury à le cul très blanc !
Ils tiennent la position plus d'un quart d'heure avant que le black pose le dos d'Amaury sur la table et l'encule violement jusqu'à jouir. Je remarque qu'Amaury laisse échapper de son gland compressé un long filet blanchâtre de sperme. Je suis content qu'il ait pris son pied lui aussi.
Le client se barre en nous indiquant la salle d'eau attenante. Je m'occupe d'Amaury. Je libère sa bite. Elle est couverte de son jus. Dans un souffle rauque, il me dit avoir juté au moins deux fois. Je le soutiens jusqu'à la douche. Il est mort. J'ôte le haut pour le laver. Il se laisse faire comme un enfant. Je le savonne, le rince et le remet debout pour le sécher. Au passage je vérifie la fermeture de son anus. Comme d'habitude, il est quasiment à la taille " non utilisé autrement que naturellement ". Je retrouve les quelques vêtements qui le couvraient. Il est renfile et alors que nous nous apprêtons à partir, Le client nous rattrape et me file un enveloppe. Je sais par Sasha que c'est une pratique assez courante de ses clients quand ils sont contents.
Avant de démarrer, j'ouvre l'enveloppe et compte vite fait. Je sais que les clients sont aisés mais là se prendre 5k de plus que le contrat c'est fou !! J'en touche deux mots à Amaury qui me dit de tout garder, lui n'en a pas besoin. Il a pris grave son pied et me dit qu'il est prêt à recommencer quand je veux.
Je vois bien qu'il a kiffé grave le plan mais je dois faire attention pour lui. Il serait capable d'enchainer les plans pour le plaisir.
Je le ramène chez lui et rentre au blockhaus. Je discute avec Sasha du plan qu'Amaury vient de faire.
Samir revient de chez mon client. Il me tend une enveloppe pleine et me dit qu'Amaury n'en n'avait pas voulu. Je le lui rends et lui dis que du coup c'est tout pour lui. Il me débriefe le client. En conclusion il me dit qu'Amaury est prêt pour un gang bang la prochaine fois. Sa rondelle s'est refermée parfaitement. L'entrainement qu'il s'est auto-infligé depuis des années fait son effet.
Je lui dis que je le tiens au courant pour le gang bang. Ce genre de plan demande un peu d'organisation. Le lieu est tout trouvé, le gite habituel est rarement utilisé en fin d'automne. Le proprio sera content de se faire un peu de blé. 
Quand je revois Amaury, c'est en cours. Il a les yeux un peu tirés mais personne ne pourrait s'imaginer qu'il s'est fait monter par un étalon black pendant des heures la nuit passée.
Il me rejoint à la machine à café. Je lui tends celui que j'avais commandé et m'en prends un autre. On papote de tout et rien en attendant que les collègues s'éloignent. Je lui demande alors comment il a encaissé sa première prestation. Il me répond que c'était trop fort. Le plus qu'il ait jamais connu, encore plus que ses plans avec Samir et Ammed. Avant de rentrer dans l'amphi, il me dit qu'il peut aller plus loin encore et que si j'ai des clients partants, il est mon homme.
Je le retrouve après les cours et l'emmène boire une bière. Quand je lui dis que j'ai reçu un appel de son client, je le vois inquiet. Tout de suite je le rassure et lui dis qu'il le redemande dès que possible. Je lui explique qu'il est le seul de mes escorts à part Jimmy mon phénomène beur, à réussir à le prendre en entier. Et qu'il a trop aimé son corps plus formé. Il rougit c'est charmant ! Je lui demande si plusieurs black ça lui ferait peur. Il me fixe et me dis que de toutes manières, je sais qu'il est une grosse chaudasse en manque de queue. Que c'est pas nécessaire de lui demander, il sera partant pour tous mes plans possible les plus hards. Je n'aime pas trop son ton. J'entends sous ses propos une résignation à n'être bon qu'à se faire défoncer. Trop négatif comme état d'esprit !
Comme je sais que ce soir il n'y aura que PH à la maison, je l'embarque avec moi.
Mon homme est étonné de le voir surgir derrière moi du monte-charge. Il l'accueille avec chaleur car lui aussi a vu la tête qu'il fait. Pour qu'Amaury soit à l'aise, je ne me mets pas en shorty comme PH. Samir nous rejoint avec l'apéro et je lui dis de rester et appelle Ammed de venir avec deux verres de plus.
Quand on est tous assis, je déclare ouvert la réunion de guerre. Personne à part moi ne comprend, mais moi si ! C'est le principal. Ils attendent tous la suite.
Je préambule : on se connait, on connait Amaury est ses envies, et bien on est là pour lui faire prendre conscience que si personne autour de cette table ne le juge, il n'a pas non plus à le faire lui-même. On n'est pas des psys mais on doit pouvoir chasser ses idées noires de sa cervelle.
Amaury se récrie qu'il est bien. J'affirme que non et que les autres sont d'accord avec moi. Nous discutons une bonne heure. Je confronte les expériences sexuelles d'Amaury avec le plaisir qu'il en retire. Ammed lui confie que lui aussi adore se soumettre à Samir lorsqu'ils font l'amour ensemble. C'est pas pour ça qu'il n'avait plus sa fierté et que Samir ne le respectait pas. Je confirme que si le client a rappelé, ce n'était pas pour demander quand la salope serait dispo mais quand il pourrait bénéficier des prestations du dernier escort que je lui avais envoyé. Et c'était avec des propos admiratifs qu'il avait parlé de son travail.
Je lui dis encore que quelques soient les plans que je lui organiserais, même s'il y a soumission totale, même s'il y a des pratique sado-maso ou s'il sert de vide couilles à un régiment africain en rut, ça ne le placera pas comme une sous merde dans l'esprit d'aucun de mes clients.
Il me dit que c'est des craques, que lui se cachait la vérité mais qu'il est comme ça depuis l'enfance. Se faire saillir par son Pinocchio à la puberté, ça dénotait quand même son niveau de dépravation. C'était pas la peine de faire un dessin ! Mes trois acolytes se taisent, eux viennent d'apprendre ses pratiques ancillaires. Ça plus de se faire défoncer par le jardinier TTBM, jusqu'à 3 fois par jour, c'est pas un parcours normal !
Là, éclats de rires général. Il redresse la tête pour comprendre. Je lui montre Samir et Ammed en Shorty cuir, PH et moi, le film de mes amis qui singent le " déjeuner sur l'herbe " de Renoir en poussant plus loin l'après-midi et lui dis que normal ça ne veut rien dire !! On est tous le déviant de quelqu'un. Evidemment c'est maintenant que ça se joue pour lui car il n'est plus tout seul et qu'il partage son " originalité " avec d'autres mecs. Que s'il ne s'accepte pas tout de suite, ce sera un siècle de psychanalyse, une femme malheureuse et des enfants futurs tueurs en série. Ma dernière assertion les fait tous se tourner vers moi, interloqués. Ben quoi ! Faut bien des circonstances atténuantes à ces meurtriers !
Ce coup-ci quand les rires éclatent, ils viennent aussi de lui. L'abcès est percé. Enfin on va pouvoir diner tranquille.
Pour assurer sa rémission, il reste dormir exceptionnellement au Blockhaus avec Samir et Ammed.
Au petit déjeuner le lendemain matin c'est un autre garçon. Son assurance n'est plus exagérée, artificielle comme elle l'était avant. Pour preuve, il arrive alors que nous sommes tous déjà levés et après nous avoir embrassés sur la joue, il roule un patin à Samir et fait de même avec Ammed. Quand je lui propose de l'emmener avec moi à l'école, il me dit qu'il doit passer se changer chez lui. On n'a pas trop le temps. Il accepte que je lui prête des vêtements et nous partons ensemble. Notre arrivée est remarquée. C'est uniquement de le voir sortir de ma voiture qui interpelle nos collègues. Maxou m'interroge du regard ? Je lui fais signe qu'on en parlerait plus tard.
Amaury, lui, doit faire face à son groupe de fans. Ils lui demandent ce qu'il peut bien faire avec moi. En quelques mots il dompte ses troupes et avance.
Maxou vient aux nouvelles. Je ne révèle pas la teneur de la soirée de la veille. Je lui dis juste que notre Amaury s'est enfin trouvé. Maxou comprend à demi-mot. Et n'insiste pas. Lui aussi a bénéficié de mes " services " qui lui ont permis de s'affranchir des bâtons qu'il avait dans ses roues.
Jardinier
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uneessencesensible · 4 months ago
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N°1753 – Jeudi 11 février 2021
Beaucoup croient que le bonheur vient de l'extérieur. Beaucoup pensent qu'il suffit de posséder des biens matériels pour arriver à se sentir bien. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'il se leurrent. Le bonheur ne vient pas si nous possédons plus que le voisin. Il ne vient pas quand on ne fait aucun effort de notre côté et que l'on en demande beaucoup des autres.
« Le bonheur vient de la capacité à ressentir profondément, à apprécier simplement, et à penser librement. »
- Storm Jameson -
Les biens matériels contribuent au bien être à un certain degré. Dire le contraire serait un mensonge. Ceci dit, chacun y voit à sa façon. Il y a des personnes qui vont se sentir bien avec beaucoup d'objets, quels qu'ils soient, et d'autres vont se sentir plus léger, plus libre s'ils possèdent peu. Pourtant, miser tout son bonheur là-dessus, c'est risqué. Au cas échéant, nous ne sommes pas satisfaits et nous en voulons toujours plus, jusqu'au jour où nous devenons comme lassé. C'est un peu comme si, sur une course de chevaux, nous misons tout sur le même cheval. Cela réduit nos chances de gagner. Là, c'est pareil. Nous risquons et nous diminuons nos chances d'être heureux, si nous misons que sur notre bien-être matériel pour cela. Le jour où tout disparaît, que nous reste-t-il ?
Ça commence à l'intérieur de nous. Gérer les doutes, les mauvaises réflexions. Arrêter de se rabaisser sans cesse et commencer à prendre, peu à peu, confiance en soi. Le but n'est pas de tout arrêter, car cela est presque impossible. Ne jamais douter, ne jamais avoir des pensées négatives, c'est comme nier le côté obscur qui se trouve en nous. Il vaudrait mieux l'accepter, apprendre à le gérer et aussi, augmenter tout ce qu'il y a de positif en nous. Tout ça, ça sera déjà un très bon début. Les efforts se feront connaître d'eux-mêmes. Le bien-être psychologique est une des choses les plus importantes, pour être heureux et bien dans ses baskets. Tout aussi important que la santé. Qu'elle soit mentale ou physique. En prenant son temps et en travaillant tous les jours, nous pouvons dompter notre esprit et acquérir une paix antérieure, qui nous est propre. Elle ne sera pas totale. Elle se fera avec le temps. Même si nous traversons des moments difficiles, cela ne veut pas dire que tout disparaîtra au moindre malaise.
Nous finissons au bout d'un moment par vivre une vie comme nous le souhaitons. Nous finissons par ne plus nous cacher derrière des biens matériels, ou même pire, derrière es illusions. Être soi-même est une des finalités. Elle permet de vivre et d'organiser son existence en fonction de nous et non de la société ou de notre entourage. Nous nous ne sommes plus influencés par qui que ce soit. Cela devrait faire partie de notre apprentissage. On devrait tous suivre des cours pour apprendre à nous connaître, durant l'adolescence, qui est une période si difficile pour beaucoup d'entre nous. Nous serions plus à même de faire face à la vie, qui n’est pas toujours aussi simple qu'on l'imagine. Ces cours nous permettraient de ne pas passer à côté de l'essentiel : S'écouter. S'aimer. Se faire confiance.
« Au fur et à mesure que je modifie mes pensées, le monde autour de moi se transforme. »
- Louise L. Hay -
Depuis plusieurs années, j'ai arrêté de penser que ce sera les autres qui m'amènerait le bonheur. J'ai arrêté de penser qu'il fallait que je me cache et que je me fonde dans la masse, au risque de m'en prendre plus dans la tête. Comme si c'était une protection sûre et fiable. J'ai arrêté de penser que les autres penseraient à moi, à ma place et que je pourrais m'occuper des autres, avant moi. J'ai arrêté de ne faire qu'exister, maintenant, je vis. Rien n'est parfait. J'ai des moments de doutes, des moments d'angoisses. J'ai des hauts et des bas, comme une grande partie de la population. C'est notre cerveau qui fait cela. Il a des mécanismes automatiques qui, parfois, nous font plus de mal que de bien. Cela peut se régler. Mais malgré cela, même si tout n'est pas rose, je me sens bien avec moi-même. Je me sens en paix avec la plupart des choses qui réside en moi. J'ai façonné mon esprit. J'ai changé sa façon de percevoir le bien-être. De voir qu'il peut venir d'ailleurs, notamment de l'intérieur. Je l'ai fait évoluer à fin qu'il regarde la vie, mon existence d'une autre manière. C'est tout aussi bien de voir les choses sous un autre angle. Nous pouvons prendre conscience de beaucoup de choses. Des choses qui ne sont pas toujours flagrantes de suite. Mon bonheur passe en priorité dans ce que je ressens. Mes envies réelles et fondées. Cela passe en priorité dans ce que je vis et avec qui. Désormais, grâce à tout ce travail, je pourrais rester seule avec moi-même. Cela ne me dérange pas. Même quand mes pensées négatives me submergent, je sais que, même si c'est très dur sur le moment, et que je n’ai personne à qui en parler, je pourrais y faire face.
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abdou-lorenzo · 5 months ago
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Cède doucement, quand la pression est trop forte; pour ce qui est de ta conscience, apprends seulement à l'aguerrir; car, comme un cheval de course, ou un boxeur.....💞✨✨
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George Gordon, lord Byron Don Juan
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ninadove · 2 months ago
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🇫🇷 Debout devant la cheminée était un homme de moyenne taille, à la mine haute et fière, aux yeux perçants, au front large, à la figure amaigrie qu’allongeait encore une royale surmontée d’une paire de moustaches. Quoique cet homme eût trente-six à trente-sept ans à peine, cheveux, moustache et royale s’en allaient grisonnant. Cet homme, moins l’épée, avait toute la mine d’un homme de guerre, et ses bottes de buffle encore légèrement couvertes de poussière indiquaient qu’il avait monté à cheval dans la journée.
Cet homme, c’était Armand-Jean Duplessis, cardinal de Richelieu, non point tel qu’on nous le représente, cassé comme un vieillard, souffrant comme un martyr, le corps brisé, la voix éteinte, enterré dans un grand fauteuil comme dans une tombe anticipée, ne vivant plus que par la force de son génie, et ne soutenant plus la lutte avec l’Europe que par l’éternelle application de sa pensée, mais tel qu’il était réellement à cette époque, c’est-à-dire adroit et galant cavalier, faible de corps déjà, mais soutenu par cette puissance morale qui a fait de lui un des hommes les plus extraordinaires qui aient existé ; se préparant enfin, après avoir soutenu le duc de Nevers dans son duché de Mantoue, après avoir pris Nîmes, Castres et Uzès, à chasser les Anglais de l’île de Ré et à faire le siège de La Rochelle.
À la première vue, rien ne dénotait donc le cardinal, et il était impossible à ceux-là qui ne connaissaient point son visage de deviner devant qui ils se trouvaient.
Standing before the chimney was a man of middle height, of a haughty, proud mien; with piercing eyes, a large brow, and a thin face, which was made still longer by a royal (or imperial, as it is now called), surmounted by a pair of mustaches. Although this man was scarcely thirty-six or thirty-seven years of age, hair, mustaches, and royal, all began to be gray. This man, except a sword, had all the appearance of a soldier; and his buff boots still slightly covered with dust, indicated that he had been on horseback in the course of the day.
This man was Armand-Jean Duplessis, Cardinal de Richelieu; not such as he is now represented—broken down like an old man, suffering like a martyr, his body bent, his voice failing, buried in a large armchair as in an anticipated tomb; no longer living but by the strength of his genius, and no longer maintaining the struggle with Europe but by the eternal application of his thoughts—but such as he really was at this period; that is to say, an active and gallant cavalier, already weak of body, but sustained by that moral power which made of him one of the most extraordinary men that ever lived, preparing, after having supported the Duc de Nevers in his duchy of Mantua, after having taken Nimes, Castres, and Uzes, to drive the English from the Isle of Re and lay siege to La Rochelle.
At first sight, nothing denoted the cardinal; and it was impossible for those who did not know his face to guess in whose presence they were.
— Alexandre Dumas père and Auguste Maquet, Les Trois Mousquetaires [Ch. 14]
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horsesarecreatures · 2 years ago
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Général de ROSENBERG ( 1824-1894), grand maître de la cavalerie militaire d'outre-Rhin, définit clairement l'équitation d'extérieur : "Notre élément c'est la vitesse (toujours relative à la guerre) et la mobilité même à travers les terrains les plus difficiles. On ne peut nier que cela soit la même chose en course et en chasse. Peut-on s'imaginer qu'il y ait des esprits assez obtus pour condamner cette équitation d'extérieur ? Que deviendrait une cavalerie dont les jeunes officiers ne pourraient monter à cheval que dans le service ou au manège ? Que d'idées fausses il se formerait là ?". Sur cette photo: L' homme sur le cheval se prénomme Pierre Lamothe dit "Fanfare" piqueux de l' Équipage de La Chapelle au Bois ( F-J de la Gravière), certainement le piqueux le plus réputé avec Guy Brousseau dans l'histoire de la vènerie française (champion international hors concours de trompe de chasse). Ce cerf a été gracié par le maitre d'équipage car il a fait chuter Fanfare lorsqu'il lui a sauté par dessus, il a donc quelque part vaincu le piqueux ce qui lui valut la vie sauve.
Guy Boivin
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lesondupapillon · 2 years ago
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Moi, dans les dédales de mon image, à cheval sur deux plans,
Forgé avec les minéraux de l'homme, barde de cuivre
Coulant mon âme dans le métal,
Je foule au pas de course ce monde jumelé,
Et, dans le couloir de la mort, je plaque la moitié de mon âme en armure
Sur ma timidité d'homme de fer.
/ Dylan Thomas
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de-gueules-au-lion-d-or · 7 months ago
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Je serai le dieu de la guerre !
Le Mongol enlève son cheval d’un coup de talon. Le Russe surpris, serre les dents, fouette sa monture et rattrape son compagnon. Ils galopent comme s’ils cherchaient à rejoindre le soleil qui illumine les ruines de Karakoroum, la fabuleuse cité de Gengis Khân. Au crépuscule, ils arrivent dans une yourte isolée dans un décor de sable et de pierre. Une femme semble les attendre de toute éternité. C’est la fille d’un berger mongol et d’une tzigane sibérienne. Sans âge, sans race, elle appartient au seul monde du vent. Sans demeure sans le lait aigre , l’urine et l’encens.
Elle gratte soigneusement les lambeaux de viande qui s’attachent encore à une omoplate de mouton. Elle place l’os blanc comme un quartier de lune, dans les charbons ardents du foyer en murmurant des incantations. Une odeur ignoble se répand et une fumée noire se dégage du foyer.
-« Je vais t’annoncer ton avenir »
L’étranger ne dit rien. Le jeu des flammes vertes et rouges semble le fasciner. Il sourit. Maintenant l’os semble à demi calciné, la femme le retire et souffle les cendre qui collent à la surface noircie. Elle regarde à travers l’os déchiqueté comme s’il avait reçu à bout portant une décharge de petits plombs. Son visage exprime la surprise puis la terreur. Elle parle d’une voie tranquille, mais ses yeux conservent une fixité étrange.
-« Je vois le Dieu de la Guerre. Sur un cheval gris , il chevauche à travers nos steppes et nos montagnes. Tu domineras un grand pays Dieu blanc de la Guerre. Et je vois du sang, beaucoup de sang,du sang rouge… »
Ainsi, un soir d’automne 1911, au coucher du soleil , près de la cité sacré de Karakoroum , un garçon qui n’a pas encore vingt-six ans apprend quel sera son destin.
Quant les deux hommes repartent, le soleil a disparu derrière les montagnes. Tout deviens noir autour de la yourte solitaire. Le jeune cavalier reste silencieux. Son compagnon le regarde à la dérobée, comme pour graver dans sa mémoire ce visage : il a un grand front , très bombé , que le vent de la course dégage de ses mèches de cheveux blonds, un nez fin et pointu , des lèvres minces ourlées d’une moustaches claire qui attriste un peu le bas de son visage, où un menton carré apporte une touche rugueuse
Il éclate d’un grand rire et lance vers les étoiles :
-« Je serai le dieu de la guerre ! »
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donkeytonk · 4 months ago
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Lyrics - La Robe Vert and Les Amants du Saint Laurent
Lyrics for the two folk songs that inspired my story. I haven't found a written source for the lyrics of La Robe Verte, but this is my best guess from listening. Maybe someone will have suggestions for the missing bits (and/or better translations than I attempted, and better grammar than mine.) La Robe Verte (De Temps Antan) [English below]
Dessus la pont de Londres un jour ont mi promené J’ai recontreé ma mie, j’ai voulu l'embrasser Les gens de la justice m’a rendu prisonier
Quand la belle a entendir que son amant est pris Elle prend sa grande robe verte et son cheval gris Est sans retard à la porte à la fond du logis
Arrivée à la porte, trois petit coups frappon “Ô monsieur de la justice par votre permission De parler a mon maître qui est dans la prison.”
“Ô si servente vos maître vous pouvez y parler, Il est dans la prison avec les prisonniers Au milieu de la place d’armes au milieu du marché.”
Arrivée à la porte, trois petit coups frappon “Ô prends ma grande robe verte et mon cheval gris Et vos attente dans la ville ne tarde pour longtemps [?]
Comme ont retour j’y aillu je suis connue la [?] Ô prends ma grande robe verte et mon cheval gris Et vos attente dans la ville ne tarde pour longtemps” [?]
Quand elle fu dans l’ échelle [cinq courses y par a mont?] “Ô monsieur de la justice vous n’avez pas raison De faire pendue une fille sur l’habits des garçons”
“Si vous ete une fille ditez-moi votre nom” “Je m’appelle Marguerite, Marguerite c’est mon nom, Une fille de grande mérite d’une riche maison.”
La belle si retourne avec le [propre moisé ?] “Je vais manqué de juge, de son bonne [écarlé ?] Avec ma grande robe verte, j’ai mon amant sauvé.”
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The Green Dress
One day I was taking a walk on a London bridge I met my sweetheart, I wanted to kiss her The judge’s men imprisoned me
When the belle hears that her lover is taken She takes her big green dress and her gray horse And without delay the door at the back of the house
Arriving at the door, three short knocks “O judge, with your permission To speak to my master who is in the prison.”
“O yes servant you can speak with your master, He is in the prison with the prisoners In the middle of the parade ground in the middle of the market.”
Arriving at the door, three short knocks “O take my big green dress and my gray horse And your wait in the city won't last long
As I returned I was known [?] O take my big green dress and my gray horse And your wait in the city will not last long” [?]
When she was five steps up the scaffold “O judge, you are wrong To hang a girl in boys’ clothes”
“If you are a girl tell me your name” “My name is Marguerite, Marguerite is my name, A girl of great merit from a rich house.”
The belle returns with [her own clothes?] “I'm going to miss the judge, and his good [?] With my big green dress, I saved my lover.”
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Les Amants du Saint Laurent (Le Vent du Nord) [English below]
Pierre-Joseph était un jeune marchand, n’avait seulement que 19 ans. Louise Cadet, fille du marchand-boucher, a quant à elle 17 années. Québec 1754, amoureux fous ils sont tombés, dans une veillée d’la vieille Agathe.
Quand ils voulûrent partir pour se marier, “grande jeunesse” les accusants, Jean le tuteur du bien trop jeune galant refusa son consentement. Ils dûrent s’enfuir vers Montréal, Éviter les charivaris, Prendre un canot en pleine nuit
On su leur fugue et aussitôt envoya Les archers d’la Marrée-chaussées Fleuve Saint-Laurent, s’a grève de Saint-Nicolas Les amoureux fûrent capturés Dans les cachots d’la Capitale Pierre accusé d’enlèvement S’enfuit de la prison Royale
Sept ans plus tard, par un beau lundi matin Trois petits coups sans prévenir C’est votre amant qui à nouveau tend la main Ouvrez la porte des souvenirs J’ai parcouru bien des vallées pour revenir à l’endroit même où mes yeux vous avaient quittés
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The Saint Lawrence Lovers
Pierre-Joseph was a young merchant, only 19 years old. Louise Cadet, daughter of the merchant-butcher, is 17 years old. Quebec 1754, they fell madly in love at one of old Agathe’s parties.
When they wanted to leave to get married, their accusers said “You’re so young.” Jean, the guardian of the far too young gallant, refused his consent. They had to flee to Montreal, Avoid the charivaris, Take a canoe in the middle of the night
They learned of their escape and immediately sent the archers of the marshall’s guard Of the Saint Lawrence River, on the strike of Saint-Nicolas day, The lovers were captured In the dungeons of the Capital Pierre was accused of kidnapping, and he ran away from the Royal prison
Seven years later, on a beautiful Monday morning Three little knocks without warning It is your lover who once again reaches out his hand Open the door of memories I have traveled many valleys to return to the very place where my eyes had left you
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hippography · 1 year ago
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1. LE HARDY, ÉTALON DE PUR-SANG A M. C. BLANC.
2. STUART, ÉTALON DE PUR-SANG A M. C. BLANC.
Le Sport Universel Illustré, 15 Décembre 1896
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des-paroles · 1 year ago
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Polyarthrite rhumatoïde, arthrose, osthéoporose sévère (Ne tombez pas! exige ma rhumatologue) et je me dis :
Plus jamais les courses dans les torrents, sautant de rocher en rocher, plus jamais courir sous la pluie
Plus jamais ce rêve de chevaucher un cheval au galop, dès l'aube, le long de l'océan
Plus jamais le rafting, le canyoning, les manèges, les autos tamponneuses, les vagues folles de l'océan, les randos dans les cailloux, l'anti gravity dans le hamac
Tout me fait peur, je ne dois pas tomber trébucher m'affaler me casser
Plus jamais, mais la vie, c'est tout ça, je ne m'en passerai pas
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maraboutsentiments · 2 months ago
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Le Portefeuille Magique en Euro
Le Portefeuille Magique en Euro Tous les Portefeuille Magique en Euro sont faits à la main, et disposent de multiples emplacements pour cartes et d’un système avec attaches horizontales, qui conviennent pour tous les types de billets internationaux. Le vrai portefeuille magique, Le porte feuille magique faire beaucoup de richissime de nos jours car ils y ont cru, l’Afrique regarde de secrets…
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ascle · 8 months ago
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La lettre H
Habitant
-> Personne fruste, ignorante
-> Fermier (péjoratif)
-> Surnom donné au club de hockey des Canadiens de Montréal.
Hautes
Feux de route
Hood
Capot (anglicisme)
Expressions
Habillé comme la chienne à Jacques
Être mal habillé.
Haleine de cheval
Avoir une haleine nauséabonde
Hockey bottine
Match de hockey qui se joue en bottes d’hiver ou en chaussures de course.
Bonus
Je vous laisse sur une excellente chanson (elles le sont toutes) des Cowboys Fringants qui reprend plusieurs mots dont nous avons déjà parlé.
L’shack à Hector
(Je vous épargne un peu, j’vous ai mis une version avec paroles écrites 🤣)
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lilias42 · 8 months ago
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Deux petits textes : Jihane et Khalid + un vieux truc retrouvé mais qui va bien avec le précédent billet
Bon, ça fait un moment que je disais que j'allais le sortir celui-là mais, le voilà "enfin" on va dire : un petit OS où on voie l'enfance de Claude (alors Khalid) à Almyra ainsi que sa soeur ainée - et première héritière du trône de shah - Jihane (ainsi qu'un autre personnage qui s'est rajouté à la dernière minute). Dans mon fanon, c'est la seule ou une des seules personnes de sa famille en-dehors d'Oswald avec qui Claude a une bonne relation, la décrivant souvent comme "la seule personne saine d'esprit dans une maison de fous" quand il sera adulte alors, j'avais envie de vous la présenter un peu.
Par contre, fans de Tiana qui la voie comme une girlboss badass et une bonne mère pour Claude, je vous conseille de passer votre chemin. Je ne la considère pas très bien (tout comme son cher et tendre qui ne s'appelle pas Sélim [comme Sélim II le Blond ou l'Ivrogne] et qui n'a pas accédé au trône comme l'empereur romain Claude pour rien) alors, cette version du personnage sera conforme à ces descriptions dans les supports de Claude : une femme qui rit en voyant son fils être attaché à la selle de son père, et qui doit courir derrière un cheval quand il est puni (petit rappel, un cheval au trot, c'est 14 km/h en moyenne, au galop, c'est 21 km/h en moyenne, jusqu'à plus de 60km/h pour les plus rapides et Alexandre le Grand a tué Bétis, chef de la ville de Gaza, en accrochant une corde à ses talons et en le faisant trainer derrière un char jusqu'à mort s'en suive).
De plus, il y a également de la maltraitance d'enfant et une situation où Claude a l'impression d'être mis à nu devant tout le monde car, Tiana a arraché son turban, les cheveux étant associé à une certaine pudeur qu'il faut couvrir quand on sort de la petite enfance dans cette partie d'Almyra.
Et pour le deuxième texte, je l'ai retrouvé parmi d'autres petits écrits de mes brouillons, "vraiment petits trucs écrits comme ça", qui sont des textes courts et que je ne finis pratiquement jamais. Etant donné que cela collait avec mes derniers billets, c'était l'occasion de le sortir de son trou sans en faire un billet entier vu qu'il est assez vieux. Ce texte était pratiquement fini (il manquait littéralement les 4 dernières phrases et la relecture) et il doit avoir un an, un an et demi alors, il ne doit pas être très à jour avec mon lore actuel alors, ne vous étonnez pas si des choses ne colle plus.
Il s'agit d'une histoire centrée sur la famille Gautier, où Miklan pense avoir réussi à se débarrasser de Sylvain. D'ailleurs, un des personnages de ce texte est Adeline, une précédente version de "maman Gautier" étant donné qu'il y a eu trois étapes avant d'arriver à Fregn. Elle est beaucoup plus semblable aux autres mères Gautier du fandom dans le sens où elle est très soumise et effacée, notamment face à Isidore, avant que son personnage n'évolue vers Fregn qui est - à mon avis - bien plus intéressant étant donné qu'elle est bien plus proactive et avec beaucoup de compétences.
Enfin bon, maintenant que tout est clair, bonne lecture et suite sous la coupe !
1 : Enfance de Claude
Khalid se glissa dans l’écurie des wyvern, attendant que le palefrenier s’en aille pour se glisser un peu plus loin. Les grandes bêtes couvertes d’écailles passèrent leur tête au-dessus de la clôture de leur stalle, regardant distraitement l’origine des petits pas les dérangeant pendant leur sieste, leurs yeux sombres le suivant dans sa course vers le fond de l’écurie.
« Bonjour Bavqar, bonjour Halqe… les salua-t-il tous à mi-voix, ne devant pas se faire remarquer, même s’il prit un peu de temps pour saluer les chefs de la horde, deux immenses wyverns brunes avec des zébrures sur les écailles, couvertes de cicatrices après avoir survécu à bien des batailles. Nader lui avait toujours dit de bien la respecter et c’était les montures de ses parents après tout. « Bonjour Nyrv, bonjour Brutal… ne dites pas à Père et à Mère que je suis venu, d’accord ? Il me gronderait… »
Les deux bêtes massives le fixèrent une seconde avant de retourner dormir, sans doute bien plus intéressante que lui.  Khalid poussa un soupir de soulagement avant de repartir en courant, ne devant pas se faire prendre. Normalement, il devrait être à l’entrainement à la lance mais, il n’aimait pas du tout cette arme alors, il avait échappé à son instructeur pour venir ici. Sa mère lui avait également interdit d’aller aux écuries, elle disait qu’il était de trop haute naissance pour mettre les pieds dans le foin et le sable. Il se ferait gronder mais, si c’était par Nader ou les autres janissaires, ça irait. Si c’était son père ou pire sa mère par contre… le jeune garçon essaya de ne pas y penser, ses pieds et ses mains s’en souvenant encore que trop bien, se concentrant plutôt sur la recherche de la stalle d’Arezu.
Après quelques minutes de recherches, il finit par la retrouver, enroulée sur elle-même tout au fond de l’écurie, toute seule dans la paille et du sable, devenant un gros pois blanc au milieu d’un océan de jaune. Défaisant sans problème le nœud sur la porte, Khalid entra, l’appelant doucement en priant Ahura Mazda pour ne pas se faire remarquer.
« Eh… ! Arezu ! Pssst ! Viens ! »
La petite bête releva la tête, avant de foncer vers lui en le reconnaissant, le poussant dans le sable alors qu’elle le couvrait de coup de langue, le faisant rire, même s’il essaya de ne pas faire trop de bruit.
« Oui, moi aussi, je suis content de te voir, sourit-il en lui faisant un câlin, sortant un gros fruit rouge de son cafetan. Je t’ai apporté des grenades, on va pouvoir les manger ensemble ! »
Arezu poussa un grognement joyeux, cassant sans problème la peau épaisse pour dévorer les grains acides à l’intérieur, tout comme Khalid avec la sienne, heureux de la partager avec son ami. La mère d’Arezu l’avait rejeté et les autres petites wyverns s’amusaient à la mordre car, elle était toute blanche avec des ailes veinées de rouge au lieu de brune comme sa mère alors, elle était toujours toute seule, comme lui à cause de sa peau plus claire et de ses yeux verts étrangers, surtout que sa mère ne l’aidait jamais, ça créait des liens…
Quand ils eurent fini de goutter, Khalid et Arezu s’amusèrent ensemble, d’abord en silence puis, plus il riait avec la petite wyvern, oubliant complètement sa prudence alors qu’il sautait partout dans la paille, n’entendant pas les pas s’approcher de plus en plus de lui, préférant s’amuser à qui tirera le plus fort sur la corde avec son ami à écailles.
« Eh ! Qu’est-ce que tu fais là gamin ?!
Khalid releva la tête d’un coup, voyant un palefrenier le foudroyer du regard depuis la porte de la stalle. Son corps bougeant tout seul, Khalid fonça sans réfléchir se cacher dans un tas de foin avec Arezu mais, c’était peine perdu, l’homme le tira bien vite de sa cachette en criant, bien malgré les morsures d’Arezu mais, c’était peine perdue, elle n’avait pas encore de dent et l’homme semblait habitué à dompter des wyverns bien plus grosse. Il hurla sur Khalid, furieux avant de réaliser.
– Qu’est-ce que tu fiches là ? Voleur hein ? T’essayais de voler une des wyverns de notre vénéré shah ?! Je vais t’apprendre sale gosse… mais attend, bien habillé comme ça… t’es pas un enfant des janissaires toi ? Mais qu’est-ce qu’un enfant du shah vient faire dans… aïe !
Profitant de son étonnement et d’une morsure plus forte que les autres d’Arezu dans sa cuisse, Khalid échappa à son étreinte et se mit à courir à toute vitesse en direction de la caserne des janissaires, évitant le plus possible de se faire attraper par qui que ce soit. Sale comme il était, on le prendrait sans doute pour un voleur alors, il fallait qu’il trouve Nader avant qu’un garde plus bas que lui ne lui mette la main dessus ! Il se ferait gronder, et Nader le punirait surement en lui rajoutant des corvées à la caserne mais, ce serait toujours moins pires que si c’était sa mère ou son père qui lui tombait dessus ! Il n’avait pas envie de courir à nouveau derrière un cheval au galop ! Il avait fini trainé dans la boue sous les rires de sa mère et de ses demi-frères et sœurs, et il avait eu de la chance de finir avec juste une épaule déboitée et une cheville foulée ! Non ! Il ne voulait pas que ça recommence !
Paniquant en entendant la voix de sa mère au loin, Khalid se retourna une seconde pour voir si le palefrenier le poursuivait toujours et où elle était, quand il rentra dans quelqu’un, la violence du choc le faisant tomber par terre.
« Aïe ! D… Désolé, j’ai pas fait exprès !
Il releva le nez et vit une très belle femme qu’il reconnut comme sa demi-sœur Jihane, constatant les dégâts sur son « sari », la robe traditionnelle du pays de sa mère, recouvert du sable et de la boue de l’écurie d’Arezu là où Khalid était rentré, tachant le jaune éclatant tranchant avec sa peau brune très sombre et les quelques cheveux noirs dépassant de son voile avec du brun sale. Bon, au moins, c’était la meilleure personne sur qui tomber avec Nader mais, il devait quand même dégager en vitesse avant que sa mère n’arrive ! Il entendait sa voix s’approcher de plus en plus !
– Khalid… commença Jihane, posant ses yeux noirs comme la nuit sur lui. Mais qu’est-ce… qu’est-ce qui t’es arrivé ? Pourquoi tu…
– Je… je suis désolé… mais s’il te plait, je dois vraiment filé avant que…
– Khalid !
Le jeune garçon paniqua encore plus en entendant la voix furieuse de sa mère l’appeler, tentant de s’enfuir mais, il fut bloqué par le garde de sa grande sœur, l’empêchant de partir alors que Tiana arrivait, folle de rage. Avant que Jihane n’ait pu dire quoi que ce soit, elle lui attrapera le poignet, le serrant à l’en broyer, le tirant sur ses jambes alors qu’elle lui hurlait dessus.
– Khalid ! Qu’est-ce que tu as fait pour finir dans cet état ?! Tes vêtements sont fichus ! Tu es sale comme un paysan ! Et j’ai aussi appris que tu avais sauté ton cours de lance ! Tu es allé te rouler dans la boue à la place d’étudier ?! C’est ça Khalid ?!
– N… non… ! J’ai rien fait ! Je le jure devant Ahura Mazda ! J’ai rien fait de mal !
– Non seulement tu es sale, mais en plus, tu mens ! Devant un dieu avec ça !
Avant qu’il n’ait pu reculer pour l’éviter, Tiana le gifla, lui lacérant la joue avec ses ongles, avant de lui arracher son turban, exposant sa tête devant tout le monde. Non ! Il ne voulait pas qu’on voie ses cheveux ! Il ne voulait pas être tête nue devant tout le monde ! Mais il n’eut pas le temps de penser à sa honte d’être vu ainsi en public, que sa mère lui attrapait son oreille pour la tirer, lui hurlant encore plus dessus, furieuse.
– Tout ton habit est ruiné ! Un habit presque neuf ! Et tu sautes les entrainements et tu me mens avec ça ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu te rends compte de ce que tu fais ?! N’ose même pas croire que ton père ne va pas être au courant !
– Aïe ! ça fait mal ! S’il vous plait mère ! Lâchez-moi ! J’ai pas fait exprès ! Je… je voulais juste jouer avec Arezu ! Finit-il par avouer en espérant que ça ferait arrêter sa mère.
Khalid sut qu’il avait commis une énorme erreur en la voyant se figer, avant d’exploser encore plus fort, ses yeux semblant sortir de ses orbites, rouge de colère.
– Tu es allé jouer avec les wyverns ?! Je t’avais interdit de t’en approcher ! Je vais t’apprendre à te rouler dans la crasse comme… !
– Tiana, arrêtez immédiatement. Lâchez Khalid. Je vais le corriger moi-même.
Jihane s’était mise entre eux, passant son bras entre Khalid et sa mère. Tiana se figea, perçant sa belle-fille du regard alors qu’elle lui ordonnait.
– Ne t’en mêle pas Jihane. Tu n’as pas à me faire la leçon sur la manière d’éduquer mon fils ou à me donner d’ordre.
– Ce n’est pas mon intention. Simplement, c’est moi qui aie été lésée. C’est mon sari qui a été sali, il est donc normal que je m’occupe de corriger celui qui m’a fait du tort. De plus, vous n’avez pas à l’exposer tête nue en place publique. C’est indécent et choquant pour toutes les personnes dans ce jardin.
– Tu es choqué par une tête nue ? Ne te fiche pas de moi ! Ce n’est que des cheveux ! Et tu n’as pas à me donner des ordres ! Je suis ta belle-mère !
– Je sais que c’est surement difficile pour une étrangère telle que vous de comprendre mais, il est regrettable qu’après douze ans à vivre dans notre pays, vous ne compreniez toujours pas nos codes. Vous êtes dans la même situation que ma propre mère, vous auriez dû également vous adapter et comprendre que nous avons une notion de la décence différente de celle de votre pays d’origine. De plus, même si vous êtes un autre bijou pendu au cou de mon père, notre vénéré shah, comme toutes ses autres concubines, je reste la fille ainée du shah Sélim le deuxième et de Pari à présent Delaram, le cœur calme, sœur du raja de Pratihara Anil, héritière légitime du trône d’Almyra, » Jihane releva la tête, toisant Tiana de haut, nullement impressionnée par elle. « En cette qualité, je vous ordonne de lâcher votre fils pour me laisser le corriger par moi-même.
Il eut un long instant de silence entre elles, juste rompu par les halètements de douleur de Khalid, jusqu’à ce que sa mère le libère enfin de son emprise, lui laissant enfin reprendre pied alors qu’elle s’éloignait, finissant par accepter de se soumettre à Jihane. Cette dernière la jugea du regard avant de reprendre la parole, ordonnant cette fois à son petit frère.
– Khalid. Recouvre-toi et suit moi. »
Le petit garçon obéit immédiatement, enroulant aussi vite qu’il put son turban sur la tête pour se couvrir à nouveau, retrouvant sa décence avec soulagement avant de suivre sa grande sœur jusqu’à ses appartements. Jihane n’était pas très grande, ni très assidue à l’entrainement mais, elle marchait vite, à une cadence quasi militaire. Elle gardait toujours son dos très droit, lui donnant un maintien parfait. Il avait entendu une fois une autre enfant des janissaires raconter que leur sœur ainée pourrait se balader avec vase sur la tête toute la journée, qu’il ne tomberait jamais tellement elle restait droite et digne en toutes circonstances. Ça la rendait vraiment impressionnante malgré sa silhouette très fine et menue… elle était déjà si belle… leur père la désignait comme « le plus beau bijou de sa couronne » et vantait tout le temps sa beauté devant tous les ambassadeurs…
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent dans les appartements de l’héritière, immense par rapport à celui de Khalid qui n’avait qu’une chambre à la caserne étant donné qu’il ne vivait pas avec sa mère. Là, c’était pratiquement une maison entière dans le palais, avec une grande pièce à vivre gorgée de soleil et avec tout ce qu’il fallait. À l’odeur, le jeune garçon parierait même qu’elle avait sa propre cuisine personnelle pas loin.
Dès qu’elle fut à l’intérieur, Jihane se retourna pour la première fois vers eux, donnant ses ordres avec calme, mais aussi fermeté. Contrairement à Tiana, d’autres concubines ou leurs autres frères et sœurs, elle n’élevait jamais la voix mais, elle arrivait quand même à obtenir tout ce qu’elle voulait juste en parlant… c’était assez impressionnant à voir…
« Farnaz, allez chercher des habits propres pour Khalid, puis prévenez Nader que je m’occupe de lui. Informez-le aussi de la dernière colère de Tiana. Jabiz, apportez-moi la boite des premiers secours ainsi que de quoi se laver les mains et le visage. Assieds-toi Khalid, je vais m’occuper de toi.
– Mais je vais tâcher tes coussins… marmonna Khalid en frottant sa joue blessée, se souvenant des colères de Tiana quand il salissait quelque chose.
– Ce n’est pas grave, lui assura sa sœur. Le tissu, ça se lave. Ta plaie à la joue par contre risque de s’infecter à cause de la saleté si on ne s’en occupe pas rapidement, surtout si tu la frottes. Vous nous apporterez aussi de quoi manger Jabiz, », ajouta-t-elle alors que la servante revenait avec une grande boite assez simple, débordant de petits flacons, de pots et de bandes. « Tu as faim Khalid ? Une course pareille a dû t’ouvrir l’appétit…
Khalid lui jeta un regard méfiant, sachant que même si Jihane était de loin sa sœur la plus gentille, il fallait toujours se méfier quand on lui offrait de la nourriture… deux fils de concubines importantes étaient déjà morts après avoir accepté l’invitation d’un troisième, avant que ce dernier ne soit également retrouvé mort, chute dans les escaliers… il ne devrait même pas accepter de toucher un onguent venant de quelqu’un de sa fratrie ou d’une autre concubine…
Cependant, comme si elle lisait dans ses pensées, sa grande sœur lui assura.
– Le repas ne sera pas empoisonné, les potions aussi, ni les bandages. Je n’ai aucun intérêt à ta mort, je n’ai pas envie d’avoir le sang d’un de mes demi-frères sur les mains inutilement, et ta mort ne m’arrangerait pas non plus. Maintenant, assieds-toi, il faut qu’on regarde ta joue.
La fatigue lui faisant baisser sa garde, le jeune garçon accepta, s’installant sur le divan, observant tout autour de lui. Un autel décoré d’une statue d’un homme avec une tête d’éléphant était dans l’angle de la pièce, les bâtonnets d’encens le décorant embaumant encore la pièce de leur parfum, même si Khalid reconnaissait aussi des éléments almyrois dans sa conception. Tout dans cette pièce ressemblait à un mélange entre les deux cultures de Jihane, les murs reflétant celle de leur père, et une grande partie de la décoration celle de sa mère… mais ce qui l’intéressait le plus, c’était sa bibliothèque, recouvrant un pan entier du mur, tellement grande que Jihane devait utiliser une petite échelle pour accéder aux étagères les plus hautes, débordant de livres et de rouleaux. Il rêverait de pouvoir lire au moins une toute petite partie tout ça…
– Au nom des dieux, Tiana ne t’a vraiment pas raté…
Jihane s’assit à ses côtés, observant les griffures sur sa joue et les marques sur son poignet, laissé par les ongles de sa mère. Après avoir demandé l’autorisation d’un regard, elle lui prit doucement le visage pour le tourner, exposant sa joue blessée avant de se mettre à le débarbouiller, retirant la saleté avec un linge doux, puis elle nettoya la plaie avec un tissu imbibé de potion, le piquant un peu mais, il ne put s’empêcher de se détendre grâce à ses soins, apaisé par l’attention que lui portait Jihane, ses gestes doux… c’était rare qu’on s’occupe de lui comme ça…
– Et voilà, mieux… souffla-t-elle après avoir fini de s’occuper de ses plaies et lui avoir nettoyé son visage et ses mains. Comment va ton oreille ? Elle te fait mal ? Tiana n’y est pas allée de main morte…
– Un peu…
– Umh… on ferait mieux de vérifier si elle ne t’a pas déchiré quelque chose… enfin, même si on est de la même famille, tu préféreras sans doute que ce soit Nader qui s’en occupe, je comprendrais que tu ne veuilles pas relever ton turban devant moi… surtout après ce qui vient de se passer…
Khalid hésita un peu, n’ayant pas très envie de se montrer encore plus quasi nu à qui que ce soit. Cependant, malgré tout, il hocha la tête, imposant seulement pour condition.
– … Non… non, c’est bon, toi, tu peux… il est mal fait de toute façon… mais tu ne le relèves pas trop… vu que… tu sais…
– Je comprends, je ferais attention.
Prudemment, elle releva un peu le tissu serré, marmonnant quelque chose dans la langue de sa mère avant de prendre un nouveau tissu propre.
– Elle t’a aussi blessé là… ses ongles sont un vrai fléau… ne bouge pas.
Elle nettoya la plaie avant de la recouvrir d’un pansement, alors que Farnaz revenait avec des habits tout propres, s’inclinant devant sa maitresse alors qu’elle lui donnait.
– Cette fois, cela devrait être bon… merci Farnaz. Va te changer dans la pièce d’à côté, tu ne seras pas dérangé comme ça. Il ne devrait y avoir personne à cette heure-ci.
Khalid prit tout de suite les habits propres et alla se changer dans la chambre que lui avait indiqué Jihane. C’était étrange… la chambre ressemblait à celle d’un enfant de shah mais, il y avait plusieurs lits, séparés par des rideaux pour donner un peu d’intimité à leurs potentiels occupants… et ce n’était surement pas celle de Jihane ou de ses suivantes, étant donné qu’il y avait un foyer pour Ahura Mazda, des tapis de prières orientés vers la ville sacrée du prophète du Seigneur des Levants et des Couchants, et même un petit autel pour les adorateurs de la secte de Seiros, mais pas de statuettes des dieux de l’Est… il y avait même tout ce qu’il fallait pour vivre ensemble… ça ressemblait à la salle commune de la caserne…
Khalid enfila en vitesse son habit neuf avant de rattacher son turban, le serrant assez solidement pour que personne ne puisse l’arracher, puis retourna dans la pièce principale de la maison où se trouvait Jihane avec un nouveau sari propre, un grand plateau recouvert de collation devant elle, remerciant d’un signe de tête Jabiz et Farnaz qui se retirèrent toutes les deux. Elle se tourna ensuite vers lui, lui demandant :
« Tu te sens mieux ?
– Oui, merci Jihane… mais dit, c’est quoi cette pièce ? On ne dirait pas ta chambre, ni celles de tes domestiques… il y a l’air d’avoir beaucoup de gens qui y vivent mais, il n’y a pas d’autel comme celui avec l’homme-éléphant, alors que beaucoup de tes servantes viennent du pays de ta mère…
– En effet, ce n’est pas ma chambre ou celle de mes préposées, c’est celle des invités. Beaucoup d’enfants des janissaires, de concubines de bas rang ou d’aventure d’un soir avec une servante viennent vivre avec moi. Ils savent qu’ils ne seront pas menacés par qui que ce soit ici. Comme je te l’ai dit, je n’ai aucun intérêt à tuer mes demi-frères et sœurs, encore moins ceux d’un rang inférieur au mien ou avec des mères qui ne sont guère ambitieuses. Je leur ouvre donc ma porte et les laisse vivre ici.
– Tu fais ça comme ça ? Sans rien demander en retour ? » La questionna-t-il sans vraiment y croire. Même si Jihane était très gentille et bonne avec ses cadets, même elle ne pouvait pas être aussi généreuse… pas ici en tout cas…
« Assez peu de choses, seulement qu’en échange, ils ne tentent pas de s’en prendre à moi et d’être compréhensif si je leur demande une faveur. Il est parfois plus utile et efficace de ne rien demander en échange d’un service rendu et d’agir sans arrière-pensée immédiate. Bien traiter les autres en continue est bien plus utile sur le long terme et surtout, bien plus sain pour le corps et l’esprit, » lui expliqua-t-elle calmement, « même si c’est surement difficile à comprendre quand on a vécu toute sa vie dans le harem où tout se monnaie immédiatement et avec une mère comme la tienne qui demande toujours des comptes sur le champ. Enfin, tu comprendras surement quand tu seras plus grand et que tu auras rencontré des gens en qui tu pourras avoir une pleine confiance… enfin, je te félicite pour avoir compris tout de suite que ce n’était pas la chambre de mes servantes en te basant sur ce qui s’y trouvait, tu es très observateur… même si Ganesh, le Meilleur des Guides, n’est pas le seul dieu que le pays de ma mère adore, c’est celui que je préfère et dont je voudrais suivre l’exemple, nota-t-elle en désignant respectueusement l’autel dans le coin de la pièce.
– Ganesh ? Le dieu à tête d’éléphant ? Pourquoi c’est celui que tu préfères Jihane s’il y en a plusieurs ? Lui demanda-t-il, se demandant pourquoi ce dieu était aussi spécial pour elle.
– Ces fonctions sont multiples mais, il est avant tout le dieu de sagesse, de l’intelligence, de l’éducation, du succès et de la prudence. C’est également le protecteur de ceux qui travaillent pour approfondir leur savoir. En tant qu’héritière au trône et en tant que personne, j’espère pouvoir agir avec autant de sagesse que lui en est capable et de rester prudente vis-à-vis des personnes dépendant de moi, souffla-t-elle, le regard sérieux et solennel, avant de dire d’un ton légèrement plus léger, même si elle gardait toujours la dignité qui la caractérisait. Et aussi parce que j’aime beaucoup apprendre de nouvelles choses alors, il est le dieu qui veille sur mon apprentissage et celui de tous les écoliers et étudiants.
– Un dieu de l’intelligence… mais pourquoi il a une tête d’éléphant ? Et ta statue est cassée ? Il lui manque une défense ! Et pourquoi il est assis sur un rat sur ton autel ? Et si c’est un dieu qui n’est pas associé à la guerre, pourquoi il tient une hache, un nœud de pendu et une grosse aiguille ? Et pourquoi il tient un bol remplit ? Et c’est quoi la guirlande tout autour de son cou ? Et il a plein de fonction ! Mais s’il en a autant, ils font quoi les autres dieux ? Ils ont autant de fonction que lui ? Et…
– Du calme Khalid, une question à la fois ! Ria de bon cœur Jihane devant l’avalanche de curiosité du petit garçon. Je vais tout expliquer si tu veux. En plus, mieux vaut que tu restes ici le temps que Tiana se calme et que Nader vienne te chercher. J’ai une version des védas traduite en farsi, tu devrais pouvoir mieux suivre si je te l’explique avec… songea-t-elle en se relevant, lui tournant le dos alors qu’elle cherchait dans sa bibliothèque. Une seconde… il doit être quelque part par-là…
Khalid ne put s’empêcher de penser qu’elle n’était pas très prudente de lui tourner le dos ainsi… lui, il évitait toujours de tourner le dos à qui que ce soit à part Nader, même avec sa mère… mais cette pensée s’échappa de son esprit, éjecté par sa curiosité quand sa grande sœur tira un livre de sa bibliothèque et l’invita à côté d’elle pour le lire ensemble. Trop curieux, le petit garçon accepta, écoutant Jihane lui raconter l’histoire de Ganesh, le fils que Parvati avait conçu seule quand son mari Shiva était parti méditer sur une très haute montagne, lui tenant compagnie et surveillant la maison de sa mère, jusqu’à ce que Shiva revienne et ne le décapite de rage car, il lui avait interdit d’entrée pendant que sa mère se baignait, ignorant son identité, projetant sa tête tellement loin qu’on ne put la retrouver. Pour consoler son épouse et se faire pardonner, le dieu à la peau bleu aurait remplacé sa tête par celle du premier enfant qui passait et que sa mère ne surveillait pas, qui fut un éléphanteau dont la mère dormait en lui tournant le dos. Par cet acte, Shiva acceptait Ganesh comme son propre fils, acceptant de réparer sa faute et de s’occuper de lui comme s’ils partageaient le même sang en devenant un père aimant. Cela pouvait également symboliser le fait que Ganesh se débarrassait de son propre égo afin de s’élever spirituellement mais, Khalid préférait la version où c’était Shiva qui acceptait de réparer ses erreurs en s’occupant de Ganesh… c’était une historie qui lui faisait du bien…
Sans s’en rendre compte, l’après-midi entière passa à une vitesse folle, Khalid écoutant sa sœur lui raconter les histoires du pays de sa mère tout en grignotant des en-cas salé et épicé, posant des milliers de questions auxquelles Jihane répondait patiemment. Le petit garçon était en train de lutter pour rester éveiller, pratiquement plus pour entendre la suite que par méfiance, quand on frappa à la porte. Farnaz alla ouvrir et vit Nader, saluant respectueusement Jihane en s’inclinant devant elle :
« Votre Altesse Jihane, je vous prie de bien vouloir m’excuser pour cette interruption impromptue. Je suis venu chercher votre petit frère, le prince Khalid, afin de le ramener à ses quartiers. Il est l’heure pour lui de regagner sa chambre afin de respecter le couvre-feu.
– Je comprends Nader, c’est vrai qu’il commence à se faire tard. Il est temps de conclure…
– Mais on était au milieu de l’histoire ! Protesta-t-il, ne voulant plus partir même s’il fatiguait. Et t’as pas fini de m’expliquer cette histoire de réincarnation ! Comment un esprit peut sauter d’un corps à un autre ? ça marche comment ? Je veux en savoir plus !
– Et bien, tu pourras revenir un autre jour pour que je te raconte la suite, qu’en dis-tu ? Comme ça, tu auras bien le temps de digérer tout ce que tu as entendu aujourd’hui, et tu pourras mieux comprendre ce qu’on verra la prochaine fois. Ma porte est toujours ouverte, et Tiana ne pourra pas venir te tirer d’ici par la force, tu seras tranquille comme ça, lui proposa-t-elle d’une voix douce, semblant plus détendue qu’au début de l’après-midi elle aussi.
– D’accord ! Répondit Khalid sans vraiment réfléchir, voulant juste continuer à en apprendre plus et pouvoir dévorer la bibliothèque de sa sœur. Je peux venir demain matin ? Ah non, c’est l’entrainement de tir à l’arc et ça, c’est bien… ou la prochaine fois que c’est le cours de lance ?
– Je ne pense pas que Dame Tiana votre mère accepterait de vous voir sauter l’entrainement prince Khalid… souffla prudemment Nader en posant sa main sur son épaule. Je comprends que tout ceci vous intéresse énormément mais, votre mère tient à ce que vous excelliez dans la pratique des armes…
– Hum… cependant, il serait bienvenu qu’un fils de shah et petit-fils de grand-duc sache aussi bien manier les armes de l’esprit que celles de fer, fit remarquer Jihane, pensive, ses yeux ténébreux posés sur son petit frère. De plus, si j’ai bien compris, Tiana vous fait complètement négliger sa formation intellectuelle, même si ce n’est guère étonnant de sa part, cette femme ne réfléchit qu’avec ces poings… ils se sont bien trouvés avec notre père… enfin, c’est ainsi. Je pense que sauter quelques entrainements ne lui fera pas de mal si cela lui permet de s’instruire un peu plus.
– Vraiment ?! Tu penses que je pourrais faire ça ? Mais… mais tu voudrais quoi en échange Jihane ? ça ne t’apporterait rien… lui fit-il remarquer, essayant de rester méfiant, l’offre semblant bien trop belle pour être vraie, même s’il voudrait croire que Jihane était sincère.
– Bien sûr, tu es fils de shah, il ne faut pas que tu négliges ta formation intellectuelle, elle te sera d’autant voir plus utile que celle par les armes. Et toujours avec ça… hum… alors, la prochaine fois que tu vas jouer avec les wyverns, demande l’autorisation à Nader ou à notre père. Cela évitera que tu salisses de nouveau mon sari parce que tu t’es fait prendre et que tu t’enfuis comme un voleur. Ainsi, mes domestiques ne devront pas enlever du sable maculé de crottin de wyvern de la soie. Cela te semble un échange de bon procédé correcte ?
– Tu dis ça sur l’entrainement parce que t’aimes pas ça aussi, arriva à la taquiner un peu Khalid. Et d’accord, ça me semble bien alors… et pardon pour ton sari… je n’ai pas fait exprès…
– Je sais, ne t’en fais pas. C’est surtout que ça t’évitera de t’attirer les foudres de Tiana. Le tissu se lave en quelques heures, les plaies se referment bien plus lentement. Je ne veux plus la voir t’exposer la tête nue devant tout le monde, personne ne mérite de subir une telle humiliation pour une simple bêtise d’enfant.
– D’accord… merci Jihane, parvient-il à sourire, rassuré par les mots de sa sœur, ne voulant que plus personne ne le voie sans son turban ainsi.
– Soyez-en remercier, Dame Jihane, ajouta Nader après une révérence profonde.
– C’est normal… ah ! Par contre, j’y pense, j’aurais encore quelques mots à vous dire Nader, pourrais-je m’entretenir avec vous quelques minutes ? Farnaz peut raccompagner Khalid jusqu’à la caserne.
Il eut un instant de silence avant que le général ne s’incline à nouveau, sachant qu’il ne pouvait rien refuser à Jihane quand elle lui demandait quelque chose, même ainsi.
– Bien Ma Dame. Farnaz, je vous confie le prince Khalid. Il sait ce qu’il doit faire en rentrant. Et n’oublie pas…
– Mes ablutions et remerciez Ahura Mazda pour cette nouvelle journée, je sais. T’en fais pas Nader, je m’en souviens ! Lui assura-t-il, avant de lui faire un câlin rapide puis de partir. À tout à l’heure à la caserne ! Et à une prochaine fois Jihane.
– À la prochaine Khalid, reviens vite, et je te tiendrais informer de cet entretien avec notre père, » lui jura sa sœur.
Farnaz emmena le jeune garçon avec elle, posant sa main sur son épaule avec douceur en le menant vers la caserne. Jabiz referma la porte derrière eux, puis servi un verre de thé au général avant de disposer sur ordre de sa maitresse. Cette dernière but une traite de son propre verre, laissant à son invité le temps de boire comme le voulait la politesse avant de demander, sérieuse et impénétrable, sachant à l’attitude de son petit frère avec lui que c’était le mieux placé pour lui répondre. Bien plus que Tiana ou leur père en tout cas.
« Est-ce que Khalid étudie beaucoup en-dehors des armes ?
– Il suit les cours élémentaires avec les autres enfants de la garde de son âge. Il apprend à bien lire les textes administratifs ou religieux, à écrire correctement, les rudiments des langues principales de l’Empire ainsi qu’un peu de fodlan étant donné que sa mère en vient, avec évidemment une formation en mathématique. Cependant, sa formation est principalement militaire sur demande de sa mère Tiana, ce à quoi votre père a donné sa bénédiction. Il est très bas dans l’ordre de succession et vous restez son héritière principale, il a dû penser qu’une formation intellectuelle plus poussée serait inutile, surtout qu’il n’est pas très assidu en cours, et cela ne se passe pas forcément très bien avec ses autres demi-frères et sœurs pour des raisons… des raisons que vous pouvez sans doute aisément comprendre… souffla tristement Nader, visiblement affecté par tout ceci. Il les saute assez souvent pour aller jouer avec les wyverns.
– Oui, j’imagine qu’il doit s’ennuyer mortellement, cela n’aide pas à rester concentrer, il comprend extrêmement vite. Il n’a surement jamais entendu parler des principes des croyances de Pratihara mais, il a très vite saisi plusieurs concepts pourtant assez éloignés du culte d’Ahura Mazda, et il est arrivé à identifier quel signe correspondait à quel son seulement en m’écoutant et en regardant les mots que je désignais. Il doit être très bon en langue. Et oui, je voie très bien de quelles difficultés vous voulez parler… il est difficile d’être de deux mondes si différents, surtout vu les relations avec Fodlan. J’imagine sans peine toute les insultes qu’il doit supporter, surtout qu’il n’a personne à part vous pour le protéger j’imagine, marmonna-t-elle, devinant aisément tout ce que son petit frère avait dû endurer à cause de son métissage, surtout sans personne pour le protéger. Saviez-vous qu’il avait un esprit aussi vif ? Sa mère et notre père sont au courant ? Autant pour ses capacités que pour ses brimades de la part de ses frères et sœurs. Pour ces dernières, je connais parfaitement les réactions de notre père mais, Tiana pourrait tenter de défendre son fils plutôt que l’enfoncer en l’humiliant.
– Oui, je sais depuis longtemps pour ces capacités… Vous devriez le voir quand il se sent en sécurité, il est capable de vous résoudre des problèmes et des énigmes que des enfants plus âgés et même des adultes ont bien plus de mal à résoudre ! Et il adore la petite wyvern blanche qui est née pendant la dernière couvée, Arezu ! C’est justement parce qu’il est allé la voir qu’il a séché l’entrainement aujourd’hui… c’est un petit coquin quand il n’est pas sur ses gardes mais, c’est un gamin formidable ! S’exclama-t-il avec affection, arrivant à faire légèrement sourire Jihane, même si son regard si noir restait toujours impénétrable, bien que le visage de Nader se rassombrit assez vite. Enfin, ça, c’est quand il se sent en sécurité… je crois que vous l’avez remarqué mais, il est souvent sur ses gardes, ce qui est assez normal vu qu’il est pratiquement tout seul dans le harem… Tiana se désintéresse de lui à part quand il lui fait honte et refuse de le laisser étudier comme il le voudrait. Elle veut que ce soit un bon guerrier car elle pense que cela est plus respecté… mais sans comprendre qu’un bon général doit aussi avoir une tête bien faite… plusieurs janissaires l’ont entendu croasser à ses dames de compagnie que le petit ressemblait trop à son grand-père, et au ton qu’ils m’ont décrit, ce n’est pas un compliment.
– Le grand-duc Riegan ? Je n’ai pourtant entendu que des éloges à son sujet, c’est un homme d’État reconnu et un fin diplomate. Honnêtement, j’ai toujours voulu le rencontrer, afin de vérifier si sa réputation n’est pas usurpé… enfin, cela ne m’étonne pas que Tiana ne l’apprécie pas, il n’est pas connu pour être cruel à sa différence… et pour les brimades que subit son fils, j’imagine qu’elle s’en fiche… la connaissant, ça pourrait même l’amuser… » gronda-t-elle, pleine de rancœur et de ressentiment, se souvenant des rires mesquins de cette femme quand, pour le punir d’avoir exploré une aile condamnée du palais, leur père l’avait attaché à la selle de son cheval et fait courir tout autour de la cour d’entrainement. Ce n’était même pas Tiana qui l’avait tiré de ce bourbier mais, sa propre mère Delaram qui avait fondu en larmes devant un tel spectacle et réclamé la grâce du petit, au grand désarroi de Tiana en voyant sa « punition » écourté pour les beaux yeux d’une de ses principales rivales.
« Pas exactement mais, elle pense que les brimades l’endurciront et le rendront plus fort… marmonna Nader sans cacher son inimitié envers cette concubine qu’il avait dû laisser gagner lorsqu’elle l’avait défié en duel, histoire de ne pas briser l’égo de Tiana et sa carrière par la même occasion. Et quant à votre père… comment dire… vous savez comment il est…
– …s’il s’est retrouvé sur le trône, c’est pas tant parce qu’il est un fin politicien mais, parce que tous les autres héritiers de sa génération s’étaient entretués pour le trône mais, qu’ils l’ont oublié tellement il était incompétent… je connais très bien les habitudes de mon incapable de père… le condamna-t-elle sévèrement. Autant dire que Khalid est coincé entre la peste et le choléra… un tel potentiel… ce serait du gâchis de ne pas l’aider à s’épanouir… une telle intelligence ne peut être que bénéfique pour Almyra, et nous manquons d’enfants de concubines supérieurs qui ne sont pas bouffis d’orgueil et impotents… non, pour le bien du royaume, il doit recevoir l’éducation qui sied à son rang et à ses capacités… elle se releva, regardant Nader dans les yeux, l’aspirant dans leurs ténèbres dont ils étaient impossible de se détourner. Je parlerai à mon père. Pour le meilleur ou pour le pire, il ne me refuse presque jamais rien, je devrais arriver à le convaincre de lui donner une meilleure formation intellectuelle.
– Bien Dame Jihane… cependant, pardonnez-moi si cela peut vous semblez direct mais, j’aimerais savoir pourquoi l’aidez-vous ainsi ? La questionna-t-il sans détour, ayant appris à décrypter les habitudes de l’héritière du shah. Désiriez-vous en faire un de vos fidèles ?
À force, il savait comment Jihane procédait : elle aidait très souvent les enfants de concubines de bas rang, maltraités pour diverses raisons ou ayant perdus les faveurs du shah, leur octroyait sa protection, ainsi que ce dont ils avaient besoins. Elle ne demandait jamais rien en échange mais, la plupart d’entre eux devenaient de fidèles alliés dans les luttes intestinales du palais. Nader ne se doutait pas que plusieurs d’entre eux étaient en réalité ses hommes de mains les plus dévoués… elle était suffisamment intelligente pour savoir que dans sa position, sa gentillesse pouvait être une arme redoutable.
La princesse garda le silence une seconde, réfléchissant avant de répondre, tout aussi franche avec lui et sans en prendre ombrage. Ce n’était pas dans son intérêt de se brouiller avec le principal général de son père et le chef de la garde du palais, surtout qu’ils semblaient avoir des opinions assez similaires aux siennes d’après ses sources.
– Ce serait mentir de dire que je n’aimerais pas le compter parmi mes fidèles quand il sera un peu plus grand. Il a un bel avenir devant lui et son intelligence pourrait m’être très utile pour maintenir la paix dans l’empire. De plus, j’aimerais pouvoir enfin résoudre nos différents avec Leicester au sujet des terres des opportunistes de Goneril. Ce conflit a déjà fait couler bien trop de sang alors que la principale responsable est morte depuis quatre cents ans. L’héritage mixte de Khalid pourrait être utile pour commencer à avancer sur cette question en prenant un premier contact, surtout s’il a pu entrer en contact avec sa famille maternelle. Cependant, je doute que cela arrive un jour. Il est déjà extrêmement méfiant pour son jeune âge et fait très attention à tout ce qu’on lui propose, il ne se laissera pas manipuler si facilement. Dans ces conditions, même s’il devient un concurrent un peu plus sérieux pour le trône, je préfère ne pas entrer en conflit avec lui. Qu’il soit ou non avec moi, son devoir de prince reste de servir le Royaume, et comme je vous l’ai dit, je pense qu’avec la bonne éducation, il sera un excellent élément pour l’avenir d’Almyra quand je deviendrai shahbanou à la mort de notre père. Il m’est donc bien plus utile vivant, bien traité et éduqué que mort, maltraité et ignare. Cela répond-t-il à vos inquiétudes pour votre petit protégé général Nader ?
– … oui… merci pour votre mansuétude Dame Jihane… je n’oublierais pas non plus ce que vous avez fait pour lui… qu’Ahura Mazda veille sur vous…
– Merci à vous. Qu’Il veille sur nous tous, et continuez à prendre aussi soin de mon petit frère Nader, souffla-t-elle. Maintenant, si vous le voulez bien, Khalid doit vous attendre…
– Oui. Dame Jihane. »
Il la salua avec révérence avant de s’éclipser, retournant à son poste à la maison des janissaires. Peu de temps après, plusieurs de ses protégés revinrent passer la nuit dans leurs appartements, chacun se racontant leur journée, plusieurs lui posant des questions sur Khalid après avoir entendu qu’il avait passé l’après-midi avec elle.
« Tu penses qu’il va venir dormir ici Jihane ? Lui demanda un de leur frère un peu plus âgé que le fils de Tiana, le fils d’une conquête passagère avec une concubine de bas rang dont leur père devait ignorer jusqu’à son nom. Il parait qu’il adore les wyverns mais, il est bizarre… sa peau est toute pale, ses yeux sont trop clairs et il parait que sous son turban, ses cheveux ressembleraient à de la laine de mouton…
– Oui, c’est un demi-fodlan, c’est pour ça qu’il est pas normal. Il doit être un couard fourbe, comme Eudoxie l’Opportuniste, ajouta une fille de son âge, fronçant le nez. Il parait qu’il rase toujours les murs pour ne pas se faire voir. C’est ce que font les traitres non ?
– Je ne pense pas mais, j’espère pouvoir m’entendre avec lui. Et c’est que c’est difficile de s’intégrer dans une famille aussi grande, surtout qu’il y a beaucoup d’idées reçus sur les fodlans. Et ne parlez pas ainsi, un peuple n’est pas juste défini par un seul de ces représentants et tous les fodlans ne sont pas ainsi. Ce sont des êtres humains comme vous et moi. Si on suivait cette logique, je devrais être complètement lymphatique et passer mon temps à dormir, étant donné que c’est le stéréotype qu’on les almyrois des pratiharans, les rappela à l’ordre Jihane avec un ton sévère. C’est surement pour ça qu’il a dû mal à s’intégrer alors que vous pourriez vous entendre, parce que vous le jugez avant d’apprendre à le connaitre à cause de son métissage. Je ne veux plus entendre de tel propos sous mon toit, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
– Oui Jihane… marmonna sa sœur en baissant les yeux, honteuse. Je le dirai plus…
– Moi aussi, je ferai attention…
– Bien mais, que je ne vous y reprenne plus. Allez-vous débarbouillez tous les deux maintenant, et vous irez aider Konstandia à faire la vaisselle cette semaine. Cela lavera toutes ses idées nauséabondes et passer un peu de temps avec quelqu’un originaire de la frontière de Fodlan vous fera le plus grand bien. Filez maintenant, ordonna-t-elle en les congédiant.
Les deux plus jeunes filèrent sans demander leur reste, allant vite se cacher dans la chambre des invités après leur sermon. Jihane soupira, sachant qu’il faudrait bien plus pour arriver à éradiquer ses préjugés, que ce soit dans sa famille ou dans tout son empire. Enfin, il faudrait bien commencer un jour alors, autant tenter de commencer par-là, surtout que ce genre de propos était déjà interdit dans ses appartements.
– Pour le coup de la flemmardise, c’est en partie vraie. Tu fais tout pour que les gens croient que tu ne t’entraines jamais en public. Et j’ai appris pour le petit Khalid. Ta bonté te perdra, tu le sais ça ?
Jihane se retourna en entendant Hamza, son premier petit frère, malgré le fait qu’il soit bien plus grand et large qu’elle, et qu’ils n’avaient en réalité que quelques semaines d’écart tous les deux. Fils de servante, si leur père s’était un peu occupé de lui au début, il l’avait aussi vite oublié que la couche de sa mère pour aller batifoler avec d’autres jolies concubines mais, les deux enfants s’étaient bien entendus malgré tout ce qui les séparaient. Delaram leur avait raconté une fois que la seule crise de colère que Jihane avait faite, c’était pour que son frère vienne en cours avec elle car, ce n’était pas juste que seulement elle y aille et pas lui… avec le recul, elle dirait que c’était surement parce qu’elle n'avait pas envie d’aller à l’école toute seule mais, Hamza la taquinait souvent sur le fait que c’était plutôt qu’elle n’avait pas changé d’un pouce depuis qu’elle était petite et ne se couvrait pas encore les cheveux. Elle lui fit signe pour qu’il s’isole, sachant que personne ne devrait entendre leur conversation. Une fois seuls, elle rétorqua en le fixant, même si son regard très noir ne fonctionnait jamais sur lui, la force de l’habitude.
– Je n’allais pas laisser Tiana le battre et l’humilier ainsi en public. Tu aurais vu l’état dans lequel elle l’a mis en à peine quelques minutes… je ne pouvais pas le laisser comme ça. En plus, tu sais que ce serait contre-productif pour nous de nous le mettre à dos. Son intelligence ne pourra qu’être utile, il est très loin derrière moi dans l’ordre de succession, et même si je n’aime pas le reconnaitre, son ascendance fodlan le disqualifie encore plus. Il ne peut pas me faire d’ombre pour le moment.
– Je sais et je connais la chanson, surtout qu’elle a très bien marché sur moi. Évidemment, on ne peut pas le laisser comme ça mais, si Tiana se fiche de son fils car il ne lui sert pas à grand-chose pour le moment, cette vipère risque de se réveiller quand elle se rendra compte que maintenant qu’on lui donne des cours dignes de ce nom et qu’on ne l’enferme pas dans une cour d’entrainement, c’est qu’il a un esprit qui fonctionne le gamin. En plus, je crois qu’il a ce que les fodlans appellent un emblème, je l’ai déjà vu briller et se soigner instantanément après des brimades, même s’il apparait rarement. Ça va encore plus la motiver à enfin faire quelque chose d’autre que de juste être un autre bijou autour du cou de notre cher paternel adoré. En plus, je suis sûr qu’elle va adorer voir la fille de sa plus grande rivale le prendre sous son aile. Autant dire que ce serait comme s’il trainait avec moi, c’est pas des bonnes fréquentations pour le gamin.
– Je m’en doute, c’est pour ça qu’il va falloir la jouer finement pour éviter qu’elle ne prenne la mouche, même si on risque de devoir se plier un peu devant elle pour endormir sa méfiance.
– T’es sûre que je peux pas juste l’étouffer, l’empoisonner ou lui faire avoir un accident comme les autres cons ? Marmonna-t-il en fronçant le nez avec dégout. Pas envie de la voir avec son petit sourire mesquin en croyant avoir triompher et qu’on lui mange dans la main, comme quand elle pensait avoir vaincu Nader dans un combat « à la loyale ». Ça pourrait également entacher ton image de te soumettre à ses caprices en plus…
– Non, trop risqué, le calma tout de suite sa sœur. Tiana est quand même une fodlan de haut-rang et même si d’après nos informations, personne ne sait qu’elle est ici, je n’ai pas envie qu’ils l’apprennent avec sa mort, et la prendre dans un complot pourrait aussi retomber sur Khalid à cause de la réputation des fodlans. En plus, c’est un des bijoux préférés de notre père alors, il va soit la défendre si elle est prise dans un complot, soit tout faire pour découvrir qui est responsable de sa mort si elle se fait assassiner. Il va donc falloir arriver à la garder sous contrôle ou au moins avoir de bonnes relations avec elle, avant qu’elle ne tue son fils de négligence. Alors, patience Hamza. Après toutes les couleuvres qu’on a dû avaler, une de plus ne devrait pas changer grand-chose.
– Bien, bien, c’est toi la politicienne de nous deux, pas moi. Par contre, je proteste, c’est toi qui te les enfiles les couleuvres, moi, je les utilise pour étrangler les personnes qui tentent de me les faire manger. En tout cas, je te crois et si mes informations sont justes, ce serait dommage que Khalid se fasse prendre dans ses histoires, il a l’air sympa et prometteur. En plus, je sais que si tu le considérerais comme une menace, tu ne serais pas aussi gentille avec lui.
– Tu compenses sur le plan physique et le reste. Ce que tu fais, je ne saurais pas le faire et inversement. Et exactement, même si on va attendre quelques années avant de parler de lui comme ça, c’est encore un enfant. S’il devient comme les autres et une menace pour le pays, on avisera mais pour l’instant, il a l’air bien parti pour être un bon élément pour le futur d’Almyra alors, autant en faire un allié dès que possible. En plus, tu sais que je ne laisserai pas échapper le trône comme ça. On s’est bien trop battu pour le protéger des incapables pour le laisser filer entre nos doigts. En tout cas, j’espère que tu seras là la prochaine fois qu’il vient, je suis sûre que vous pourriez vous entendre, lui sourit-elle.
– Si tu le dis… en attendant, on va tenter de te faire rattraper ton « retard » physique, tout le monde à l’entrainement ! Tu retourneras à tes livres plus tard !
Jihane soupira mais, se rendit tout de même à l’entrainement même si contrairement à sa mère et Hamza, cela ne la passionnait pas, sachant qu’elle devait savoir se défendre, même si peu de gens étaient au courant qu’elle maniait des amulettes, soigneusement cachées dans ses manches. Même si certains critiquaient sa faiblesse, cela évitait également que qui que ce soit ne la défie au combat sans passer pour un lâche de défier un « joyau » fragile, ou alors craignaient d’affronter Hamza qui la défendait dans ses cas-là. Elle n’aimait guère ce surnom mais, il pouvait être très utile malgré tout. Enfin, il fallait bien passer par l’entrainement…
Quelques jours plus tard, Jihane revit le petit Khalid toqué à sa porte accompagné d’un janissaire proche de Nader, armé de mille et une question, même s’il restait toujours sur ses gardes, mais son regard restait curieux. Comme elle lui avait promis, leur père avait accepté de lui donner une formation plus poussée en lui enlevant un peu d’entrainement. Tiana avait très mal pris son intervention mais, Jihane l’avait amadoué en faisant mine de la respecter tout en la complimentant, minaudant que Khalid était aussi brillant que sa mère, et lui offrant un ensemble d’armes typique de Pratihara finement travaillés afin d’acheter la paix. Comme après sa « victoire » contre Nader, la concubine se pavanait en claironnant qu’elle avait réussi à soumettre l’héritière du trône mais, Jihane la laissait s’agiter toute seule. Si elle arrivait à utiliser correctement l’orgueil de Tiana, elle devrait arriver à garder une marge de manœuvre suffisante afin d’aider Khalid à développer son potentiel et lui éviter de mourir à cause de ses mauvais traitements…
De son côté, le petit garçon avança prudemment. Il savait que Jihane était gentille mais, malgré tout, n’importe quoi pouvait arriver… il paraissait qu’elle était très proche d’Hamza, le deuxième enfant de leur père, qui lui obéirait au doigt et à l’œil… c’était un homme qui ressemblait à leur père avec ses yeux bruns rouge et ses courts cheveux noirs mais, également très grand et large, encore plus que Nader, une vraie force de la nature que peu de gens avaient déjà vaincu et même si c’était mal de sa part de le juger ainsi, il devait avouer qu’il le trouvait très impressionnant aussi… c’était comme Jihane, c’était difficile de dire ce qu’il avait dans la tête, sauf quand on s’en prenait à elle…
Essayant peut-être de le mettre plus à l’aise, sa grande sœur lui montra le livre qu’ils avaient commencé la dernière fois, lui demandant s’il voulait qu’elle lui réexplique certains points. De nouveau happé par sa curiosité, Khalid se détendit et s’approcha, s’essayant à côté d’elle pour l’écouter et la questionner sur le pays de sa mère.
Petit à petit, venir la voir devient une habitude, les deux ayant la même passion pour les livres et apprendre, pouvant discuter pendant des heures, étant également à l’abri des brimades de Tiana ou des autres enfants du shah avec elle. Hamza devenait également plus sympathique à force de le voir chez Jihane. Pas bavard du tout et implacable avec les ennemis de sa sœur, il ne lui tournerait clairement pas le dos s’il était l’ennemi de l’héritière mais, plutôt gentil envers ceux qu’il ne considérait pas comme une menace. Plus il grandissait, plus son intelligence croissait également, arrivant très vite à cerner des situations complexes et à les résoudre. Par contre, Jihane regrettait qu’il ait encore du mal avec les relations humaines. À part avec Nader, le petit restait très solitaire et secret, même avec elle, préférant largement la compagnie des wyverns, en particulier sa petite blanche préférée qui l’accompagnerait partout s’il pouvait, Arezu, et des livres à celles d’autres humains… enfin, cela ne l’étonnait guère non plus… être métis n’était pas facile à porter, encore plus en étant à moitié Fodlan en Almyra… surtout que Tiana n’aidait clairement pas en délaissant son fils ainsi, ne s’intéressant à lui que pour ce qu’il pouvait lui apporter… ce n’était guère étonnant que Khalid ne fasse confiance à personne…
« Espérons qu’un jour, tu trouveras la force de t’ouvrir aux autres… pria-t-elle alors qu’il lui montrait un livre qu’il avait trouvé à la bibliothèque du palais, un recueil de croquis d’un certain Maitre Claude, un peintre verrier de renom ayant réalisé parmi les plus beaux vitraux de tout Leicester, avant à mi-mot qu’il aimerait bien se rendre à Derdriu un jour pour voir tout ça de ses propres yeux. Qu’une divinité, qu’importe son origine ou les croyants qu’Elle protège, te donne la chance de te faire des amis et de rencontrer des personnes en qui tu pourras enfin avoir pleinement confiance… »
2 : Miklan pense avoir gagné mais, le retour du karma fait mal.
Miklan regarda le voleur, un peu plus bas, en train de jouer avec un chien en riant. Il avait toujours eu un bon contact avec les animaux, les apprivoisant en quelques paroles et caresses à chaque fois qu'il en croisait un. Même les chevaux les plus nerveux s'arrêtaient de piaffer et de mordre quand c'était lui, devenant doux comme des agneaux quand Sylvain tentait de s'occuper d'eux. "Un don de Gautier" que les gens disaient, "C'est bien le fils de Gautier" disait d'autres, "Il domptera les srengs aussi facilement que les bêtes" en rajoutaient encore certains des généraux...
Connerie.
C'était juste que son voleur de petit frère voulait lui pourrir la vie encore plus que sa simple existence ne le faisait déjà.
« Un chien féroce... il était censé le mordre jusqu'au sang ! Il a déjà tué un voleur celui-là ! Il n'était pas censé se mettre à quatre pattes devant lui aussi ! Enragea-t-il en voyant Sylvain câliner le chien, ce dernier remuant la queue comme un toutou à sa mémère au lieu d'un animal d'attaque, le morveux de onze ans éclatant de rire quand l'animal passa sa langue sur son visage. Bon, il va falloir que je passe à l'autre plan... »
Le vrai héritier avait hésité à être plus direct que le poison, même s’il devait se méfier de cette méthode, trop facile à détecter, ou juste mettre des raclées à son frère dès qu'il pouvait mais, si rien ne marchait, il devait y aller plus franchement…
Son père lui donna l'occasion parfaite quelques temps plus tard, organisant une grande chasse peu de temps avant qu'une tempête de neige ne les empêche tous de sortir. Le porte-emblème détestait tirer à l'arc, encore plus la chasse qui faisait du mal à ses amis les animaux mais, leur père l'avait obligé à suivre le mouvement pour s'endurcir. Si le temps était en plus avec lui, ce serait parfait.
Le groupe s'enfonça dans la grande forêt de sapin, d'abord en rang serré avant que des petits groupes se forment. Allant moins vite sur son poney qu'avec un cheval plus grand, Sylvain pris du retard, et ce fut l'occasion ou jamais. Miklan s'approcha alors de lui, lui soufflant à voix basse, sautant à terre.
« Eh, débile, je vais là-bas, l'informa-t-il en montrant un coin où les buissons et les branches des arbres s'emmêlaient plus, rendant le passage difficile.
– Mais Père nous a dit de ne pas nous séparer du groupe... lui fit-il observer, se mettant presque en boule à ses mots, Sylvain avait juste assez d'esprit pour avoir peur de lui à raison.
– Je m'en fous, j'ai vu tout un tas de renard là-bas, derrière ses buissons. Il y a une petite rivière qui se jette dans la mer là-bas, ils vont surement y boire.
– Mais on doit chasser que des animaux comestibles, ça ne se mange pas.
– Non, je me contenterais de les écorcher, leurs fourrures feront un bon manteau, répliqua-t-il en accrochant son cheval à un arbre. A tout à l'heure débile. »
Miklan s'enfonça dans les buissons, comptant jusqu'à trois avant de voir Sylvain tenter de le suivre. Évidemment que cela allait marcher, surtout pour des renards, c'était les animaux préférés du porte-emblème, être roux devait rapprocher.
Une fois très loin des autres, trop loin pour qu'on les entende, l'héritier légitime finit par se cacher et le laissa s'enfoncer jusqu'au ruisseau qui n'existait pas, cherchant sur la côte des renards imaginaires pour les sauver de l'écorchement. Miklan récupéra une grosse pierre sur le chemin, traquant sans un bruit le voleur de place. Dès qu’il se mit à chercher les bêtes dans un buisson, ce fut le moment.
Miklan abattit le rocher en plein sur le crâne du voleur à emblème.
Il n'eut même pas le temps de supplier.
Il lui ouvrit le front dès le premier coup mais, il recommença, encore et encore histoire d'être sûr qu'il était bien mort.
Quand il eut fini, le corps de son frère ne bougeait plus, la tête fracassée à coup de pierre. Il respirait encore malgré tout, c'était résistant un porte-emblème mais, il n'en avait plus pour longtemps. Si ce n'était pas la perte de sang qui le tuait, ce serait soit le froid soit les bêtes affamées qui finirait le travail.
Miklan ne put s'empêcher de rire en pensant à l'ironie qu'un « fils de Gautier » finisse dévorer par une bête comme lui.
Il fit vite demi-tour pour rejoindre le groupe, récupérant une bête qu'il avait tué plus tôt pour justifier le sang sur lui, avant d'aller dire à son père que Sylvain avait disparu, remerciant le ciel quand la neige commença à tomber à gros flocons.
Son père chercha son précieux héritier de partout mais, rien à faire, Miklan l'avait emmené trop loin et la neige recouvrait tout, personne ne penserait à chercher là-bas, et il fit en sorte de fouiller cette zone seule avec un chien. Ce dernier pleurnicha quand Miklan l'empêcha d'approcher trop près du corps de sa victime mais, il le fit taire d'un coup sec sur son collier.
La tempête faisait rage, interrompant les recherches pour la nuit et le jour suivant.
Quand on les reprit leur surlendemain, Miklan retourna là où il avait laissé le corps de Sylvain. Il ne retrouva que son manteau et des tâches de sang au sol, pas de corps. Il sourit tout seul en pensant que son frère était dans le ventre d'un ours ou d'une meute de loup.
Il prit le manteau et le ramena à son père comme preuve de la mort de Sylvain.
Après encore quelques jours de recherches, Isidore finit par laisser tomber, déclarant officiellement la mort de son héritier et Miklan eut enfin ce qu'il voulait.
*
Tous les amis de son frère furent présents aux funérailles. Dimitri et Glenn soutenaient Ingrid qui pleurait à chaudes larmes la mort de leur ami, pendant que Rodrigue tenait Félix dans ses bras, braillant aussi toute sa peine. Quels faiblards... et ça prétendait avoir un emblème, majeur même pour le nabot aux cheveux noirs... Normalement, il devait encore être en train de se remettre de ses brûlures mais, il avait insisté pour venir apparemment, ne croyant pas que son ami Sylvain était mort…
Miklan fit tout pour ignorer le regard tranchant de Glenn, poser sur sa gorge comme une épée invisible. Il mettrait sa main au feu qu'il avait compris ce qui c'était vraiment passé. Il était assez con pour ne pas vouloir se débarrasser de son petit frère, alors que lui aussi avait tout perdu quand ce braillard de Félix était né en tuant leur mère au passage mais, pas à ce point. La reine Héléna, représentant le roi Lambert qui était tombé gravement malade quelques jours auparavant, aussi lui jetait des regards en coin, méfiante quant à sa version des faits mais, elle n'avait pas de preuve de sa culpabilité. Quoi qu'elle tente, sauf si elle interrogeait le fantôme de Sylvain, Miklan était blanc comme la neige du Nord, point.
Dès qu'il put quitter la cérémonie sans faire de vagues, il le fit. Sa mère Adeline était inconsolable, pleurant la mort de son petit à chaudes larmes en oubliant encore que l'ainé existait. Elle avait déjà assez de soutien de la part des autres parents, et pour son père, Miklan ne savait même pas ce à quoi il pensait. Il s'en foutait en fait.
Il dériva jusqu'à la grande salle seigneuriale, et contempla la Lance de la Destruction, accroché au mur à côté de la chaire margravine. Elle remuait toujours malgré les liens, se tordant sur sa hampe.
« Maintenant, même si je ne peux toujours pas te toucher, tu es à moi, » lui annonça fièrement Miklan.
La gemme à la base du fer en os brilla d'un éclat lugubre, alors que les épines sur le côté s'agitaient de plus belles, comme pour protester contre la réalité. Miklan eut un air narquois avant de s'en aller, se moquant de la lance de son ancêtre qui avait eu le culot de le renier pour son frère. C'était surement le signe qu'il se sentait très con maintenant que le sans-emblème avait tué le porte-emblème malgré tout.
*
Rodrigue tenait Félix contre son épaule, son fils pleurant encore et encore. C'était dur pour lui... quelques semaines plus tôt, il se remettait de ses blessures avec Sylvain à ses côtés pour le faire rire et oublier sa peine et maintenant, il ne le reverrait plus... c'était une épreuve bien trop dure pour un enfant de son âge. Pour n'importe qui à n'importe quel âge... surtout qu'à l'attitude de Miklan... ce n'était surement pas un « accident »… pas après tout ce qu’il avait déjà tenté d’infliger à son petit frère… mais il n'avait pas de preuve...
Fatigué de le porter depuis des heures, Rodrigue se permit de s'asseoir dans la salle seigneuriale, tentant de calmer son cadet alors qu'il niait encore ce qui s'est passé.
« Il n'est pas mort... il n'est pas mort... il a promis... il m'a promis... il avait mon écaille pour le protéger... il m'avait promis qu’on vivrait et mourrait ensemble ! Il ne peut pas être mort ! Pour ça, Sylvain n’est pas un menteur !
Rodrigue ne sut quoi répondre, frottant le dos de son fils en l'entourant d'une étreinte protectrice. Si seulement cela pouvait être aussi simple...
Ce fut alors qu'ils virent tous les deux la Lance de la Destruction s'agiter, son éclat d'habitude sanglant devenant plus doux, plus chaleureux, alors que ses pointes bougèrent toutes ensembles, comme pour dire quelque chose. Félix fixa le fer, comme s'il arrivait à comprendre le message, avant de s'exclamer avec un grand sourire.
– Il n'est pas mort ! Sylvain n'est pas mort ! C'est Gautier qui l'a dit ! Il va revenir papa ! »
Sans trop savoir pourquoi, Rodrigue savait aussi au fond de son cœur que c'était vrai, comme convaincu par la relique elle-même.
*
Une dizaine d'année passa et Miklan se crut au paradis : il avait le titre d'héritier du margrave, sa mère n'arrivait pas à pondre un autre héritier, étant trop âgée pour le faire, et même s'il avait pris une maitresse pour tenter d'avoir un bâtard à emblème, son père avait également échoué à produire un autre enfant de Gautier. Miklan était donc assurer d'avoir tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, avec tous les avantages que le titre apportait : la richesse, le pouvoir, l'importance, les femmes... tout pour être au paradis ! En plus, l'empire qui avait tenté de conquérir Fodlan sous les ordres d'Eldegard s'était brisé les dents sur la résistance de Faerghus et Leicester. Une alliance de circonstance conclut par la régente Héléna avec les Riegan, Daphnel et Goneril avant que les autres seigneurs de l'Alliance ne suivent, tout ce petit monde ayant finalement réussi à briser les assauts adrestiens, donc il serait aussi tranquille au sud. Il n'aurait qu'à se préoccuper des srengs et eux, ce n'était que des sauvages faciles à mater alors, cela ne lui faisait pas beaucoup de travail.
Bon, sa mère était toujours aussi inconsolable, pleurant presque tous les jours depuis dix ans. Le seul réconfort qu'elle trouvait, c'était dans un petit chien de poche qu'elle avait commencé à élever avec son fils préféré, une petite créature toute carrée, blanche et rousse avec de grosse oreilles tombantes et bouclées. Sinon, elle passait son temps quasi seule dans le silence en compagnie d'animaux. Elle disait que cela lui rappelait son fils perdu.
Son père – comme toujours – ne disait rien mais, il semblait plus s'enfermer dans le travail qu'avant, comme pour compenser son échec d’avoir donner un héritier à emblème à leur fief. Miklan s'en fichait en fait, il faisait son boulot à sa place. On avait fini par le retrouver mort de vieillesse dans l'écurie, peu de temps après qu'on ait annoncé qu'un espion sreng étrange aurait été aperçu dans une ville proche, avec des détails que Miklan ne connaissait pas. Il avait voulu s'en charger lui-même mais, il était trop faible pour cela et son corps n'avait pas supporté. Alors après des funérailles formelles, Miklan se retrouva donc avec le titre bien mérité de margrave Gautier, le premier de l'histoire sans emblème. Il n'aurait pas été officiellement en période de deuil, il aurait fait une grande fête pour célébrer tout ça comme il se le devait.
Évidemment, les relations entre lui, Fraldarius, Galatéa et la famille royale ne commençaient pas sous les meilleurs auspices. Tous étaient persuadés que c'était lui qui avait tué Sylvain, à raison mais, ils n'avaient aucune preuve pour le prouver alors, ils l'avaient tous dans le cul. Ils l'accusaient aussi de mal s'occuper de son fief, ayant dû mater plusieurs révoltes frumentaires mais bon, un coup d'épée dans la gueule des bouseux suffisait à les faire taire. Ce n'était pas forcément bien pour le margraviat mais, l'important était qu'il avait tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, c'était tout ce qui comptait pour Miklan. Il se fichait d'eux, qu'ils soient princes héritier, à emblème, ou roturier. Il était margrave depuis trois ans et c'était tout ce qui comptait.
Le seul qui pourrait lui faire un peu peur, c'était Félix. La Lance de la Destruction agissait toujours bizarrement à chaque fois qu'il l'approchait, et à chaque fois, l'héritier des Fraldarius disait la même chose, comme une prophétie.
« Sylvain n'est pas mort. Il reviendra récupérer ce que tu lui as volé un jour. Et ce jour-là, Lui se chargera de ton sort. »
Puis il partait sans plus d'explication. Non pas que Miklan en ait quoi que ce soit à foutre de l'héritier des Fraldarius mais, à chaque fois qu'il le disait, c'était étrange... ses yeux d'ambre semblaient capter la lumière de la Lance de la Destruction pour la réfléchir sur lui, assez fort pour l'aveugler. Il ne savait même pas qui était ce "lui" mais bon, ce n'était que des paroles en l'air. Le margrave légitime n'avait pas peur d'un pauvre gosse incapable de finir son deuil, même après s'être illustré pendant la guerre contre l'empire comme le meilleur fossoyeur de tout Fodlan au côté de son frère.
Un jour qu'il devait se coltiner des visites de doléances, on annonça la venue d'un scalde, un poète sreng. Il serait venu afin de renouveler les vœux de paix entre leur peuple qui durait un peu plus longtemps que d'habitude. C'était plutôt lui qui allait les taquiner, avant que la reine-mère Héléna ne hausse le ton et le menace d'agir contre lui s'il s'en prenait encore à leurs voisins. Enfin, le sreng avait encore le réflexe d’être effrayé de la Lance de la Destruction, toujours accrochée à côté de la chaire de margrave, même si celui-là semblait un peu moins apeuré que les autres en sa présence. C'était un homme aux cheveux bruns assez longs pour être liés en tresse mais, avec de larges bandes blanches sur les tempes, ainsi qu'une grosse cicatrice sur le front. À son allure, il devait avoir une petite quarantaine d'année. Mouais... Miklan n'aimait pas beaucoup l'art sreng mais bon, fallait bien se plier à ce genre de corvée. En plus, les gens diraient qu'il négligeait sa mère s'il ne la laissait pas se changer un peu les idées... alors, il accepta de laisser le scalde déblatérer ses légendes pourries.
L'homme le remercia, s'installant pendant qu'un serviteur allait chercher Adeline, le temps d'accorder sa lyre. Quand elle arriva dans la pièce avec son toutou, l'animal se mit à aboyer en remuant la queue, tout content alors qu'il se précipitait vers le scalde. Ce dernier sourit en le caressant, mettant juste son instrument loin de ses pattes pour ne pas l'endommager.
« Gentil petit, gentil, ria-t-il avec son gros accent alors que le chien lui faisait la fête, comme s'il le connaissait depuis toujours.
– Oh ! Excusez-moi ! Rustine ne fait jamais ça d'habitude, je ne sais pas ce qui lui a pris, s'excusa Adeline en tentant de reprendre le chien avant qu'il n'abime l'instrument du scalde. Il n'est aussi affectueux qu'avec moi et... et avec mon fils cadet, même s'il nous a quitté depuis des années.
– Ne vous en faites pas ma Dame, j'ai l'habitude des animaux, il y a beaucoup de chien chez moi, lui assura-t-il alors que le toutou s'installait sur ses genoux. Et toutes mes condoléances, la perte d'un enfant est toujours une épreuve bien dure. Nous la connaissons bien, la faim emportant plusieurs des nôtres à chaque hiver. Alors, je vous chanterais une histoire que nous nous racontons pour apaiser nos âmes en deuil. Celle de la Déesse Frigg qui elle aussi, a connu la douleur de perdre son fils malgré tous ses efforts pour le sauver de son destin et qui à présent, veille sur les âmes de chaque enfant mort trop tôt… »
Il se mit alors à déclamer en vers une histoire par rapport à un grand arbre où neuf mondes s'accrochaient, de lieux où les morts festoyaient en attente de la fin du monde en compagnie des dieux, se préparant pour la grande bataille qui la précéderait, ainsi que d'un lieu pour les morts de faim et de froid toujours chaud et accueillant, loin des manigances d'un dieu maléfique dont le nom était une honte pour tout ce qui vivait et mourrait qu’on ne le disait pas, celui ayant tué le fils de cette Frigg... Miklan devait avouer qu'il s'était endormi en cours de route mais, s'il se fiait aux applaudissements, ça avait plu au moins à la foule. Adeline pleurait même un peu (encore…), alors qu'elle le remerciait…
« Merci beaucoup, c'était magnifique... faites-lui apporté un sac rempli de pièce d'or de ma propre cassette, avec également un collier d'ambre et des bracelets de pierres de lune.
Miklan laissa passer, ce n'était pas sur son argent à lui. Le scalde se releva après avoir fait descendre Rustine de ses genoux, baissant bien bas son chapeau à la Fodlan alors qu'il déclarait avec un sourire ravi.
– Merci pour votre générosité ma Dame, un simple scalde tel que moi ne pouvait imaginer recevoir autant après cette modeste prestation. Ma reine entendra parler de votre générosité, je vous le jure.
– C'est bien normal, vous l'avez amplement mérité... déclara-t-elle en le regardant étrangement, alors que Rustine remuait toujours la queue à ses côtés.
La prédiction du porte emblème de Fraldarius lui revient en mémoire, son esprit lui jouant des tours en essayant de coller le visage de son frère sur celui de cet homme… puis Miklan se ressaisit. Non, impossible, Sylvain était mort, il lui avait enfoncé le crâne avec une pierre, il ne pouvait pas avoir survécu à ça. S'il n'avait pas retrouvé de corps, c'était parce qu'un animal l'avait trainé dans sa tanière pour le dévorer, fils de Gautier ou non. En plus, cet homme avait bien quarante ans, impossible que ce soit lui. Sa mère se berçait juste de trop d'illusion.
Elle lui demanda son nom, trop d'espoir résonnant dans sa voix, avant de surement perdre ce qui lui restait quand l'homme déclara :
– Je m'appelle Snorri Fregnosson ma Dame, on me surnomme le Musicien, du royaume de Sa Majesté la reine Thorgil. Si vous voulez faire de nouveau appel à mes services, envoyer un messager là-bas, j'accourrais ! Leur jura-t-il.
– Bien... souffla-t-elle. Je vous contacterais alors surement un jour. »
Le scalde lui embrassa la main, fit une dernière caresse sur la tête de Rustine, puis s'inclina profondément devant le margrave. Bien, au moins, il savait où était sa place. Miklan ignora juste la manière dont il fixait la Lance de la Destruction, le mettant sur le dos de sa crainte et de la présence impressionnante de la Relique.
Miklan crut entendre un rire à côté de lui alors qu'il était seul.
*
« Alerte ! Alerte ! On est attaqué ! Les srengs ! »
Miklan se réveilla en sursaut, sortit de son sommeil par les hurlements d'alerte. Il s'habilla aussi vite qu'il put, passant son armure et prenant sa hache en vitesse avant de demander ce qui se passait à un de ses rares hommes de confiance.
« C'est la catastrophe ! S'écria-t-il malgré son calme légendaire. Des bateaux srengs se sont infiltrés jusqu'à la capitale margravine sans que personne ne sonne l'alarme ! Puis une fois près de nous, les soldats ont fait défection et nos gens leur ont ouverts les portes ! Seule la forteresse résiste encore ! Il y a toute une coalition et ils ont emmené leurs valravens avec eux !
Le margrave légitime jura dans sa barbe. Quelle poisse ! Quelle mouche avait piqué les srengs ?! ça faisait bien six mois qu'il n'était pas allé les taquiner, et il avait même envoyer leur scalde là, Snorri Fregnosson quelque chose, pourquoi ils les attaquaient d'un coup ?! Bon, c'était des sauvages donc, il imaginait qu'il n'avait pas vraiment besoin de justification. Il jura alors, donnant ses ordres en vitesse.
– Protégez la salle du trésor et empêcher n'importe qui de l'approcher. Pour les srengs, éradiquez-moi tout ça et toutes les personnes les aidant avec ! »
Il n'attendit même pas de réponse avant de courir à la rencontre des envahisseurs. Miklan avait tout fait pour avoir ce margraviat, ce titre qui lui revenait de droit en tant que fils ainé, jusqu'au meurtre de son propre frère, il n'allait pas laissé une bande de sauvage tout lui prendre !
Il courrait vers la cour pour les empêcher d'entrer, quand ils entendirent tous un grand bruit de chute, comme après qu'une bricole détruisait un pan de mur. Merde ! Ils avaient des engins de sièges en plus ?! Non, c'était trop lourd pour leurs bateaux ! Un autre soldat vient au rapport, mort de peur.
« Ils ont pris leurs magiciens avec eux ! Ils viennent de détruire un pan de murs pour pouvoir entrer dans le fort ! Nous sommes perdus !
– Non ! Pas encore ! Je suis enfin margrave, je les sacrifierais tous pour conserver ce titre, j'en fais le serment ! »
*
Quand les srengs enfoncèrent sa porte pour piller la pièce, Adeline n'eut même plus la force d'avoir peur. Elle se sentait vide depuis la mort de Sylvain, depuis la perte de la seule personne qui lui avait témoigné de l'affection sincère... son petit rayon de soleil dans ce nord froid et ce mariage sans amour... le fils qu'elle avait perdu aux mains de son autre fils... elle le savait elle aussi sans avoir de preuve et à quoi bon ? Sylvain était mort là-bas, dans le froid et la neige, et son corps assassiné avait été dévoré par les animaux sauvage, le laissant sans tombe... elle ne supportait plus cette situation... Si elle devait mourir maintenant, ainsi soit-il. Au moins, elle retrouverait la seule personne qu'elle aimait sincèrement. Elle prit donc Rustine sur ses genoux, calant son seul réconfort contre elle et ferma les yeux, s'attendant à tout et priant pour rencontre l'acier.
Cependant, aucune violence ne lui fut faite, une voix familière résonnant à la place, en fodlan.
« Eh ! Mais je vous reconnais !
Il eut alors un ordre en sreng et quand elle rouvrit les yeux, Adeline vit un guerrier sreng donner des ordres à ses hommes, habillé comme un chevaucheur de valraven. Il portait un casque à masque typique de son peuple mais, elle ne put que reconnaitre sa voix. Rustine aboya et sauta pour trotter à ses côtés, récompensé par une caresse sur ses oreilles. Snorri ajouta de nouveau en fodlan alors qu'il l'approchait, prudent, comme pour ne pas l'effrayer.
– Ne vous en faites pas ma Dame, ils ne vous feront rien. Vous avez été tellement gentille avec moi, je vous jure qu'il ne vous arrivera rien.
Il enleva alors son casque, dévoilant une tresse de cheveux roux en bataille dont les boucles encadraient le visage d’un jeune homme d’une vingtaine d’année, et le cœur d'Adeline s'arrêta. C'était... c'était bien... Déesse... non, c'était impossible... Déesse...
– Déesse... suis-je morte et au paradis ? Demanda-t-elle, ne pouvant empêcher ses doigts de passer ses doigts sur la grosse cicatrice sur son front... elle était à la fois si grande et si petite... comme faite sur le front d'un enfant...
– Ah non ! Bien sûr que non ! Vous allez bien, promis, on veut juste donner une leçon à ce roi sans yeux de Miklan ! Il attaque sans même avoir besoin de nourriture des gens qui n’ont déjà pas un sou alors, réaction solidaire entre srengs et avant qu'il s'en prenne à d'autres. Surtout qu'on est calme en ce moment… les récoltes ont été assez bonnes ces dernières années, et votre reine est clairvoyante, tout comme son héritier alors, pas de raison qu’on s’en prenne à vous. Et oui, vieille histoire cette cicatrice mais, c'est un peu long à raconter, peut-être plus tard... Hum, tenez ! » Il posa son propre manteau sur ses épaules et les attacha avec une grande fibule finement travaillée, le cœur saignant d'Adeline reliant les points entre eux pour créer une image claire de ce qui avait pu se produire, sans pouvoir quitter du regard ces yeux inchangés en dix ans et cette cicatrice. Malgré tout, il était toujours aussi attentionné et gentil... « Avec ça, on saura que vous êtes protégée. La reine Thorgil le Kaenn, c'est ma tante alors, les gens y réfléchiront à deux fois avant de s'en prendre à vous. On fait juste le tour, on trouve Miklan pour s'expliquer et on s'en va surement. En tout cas, c'est le plan. Vous, vous ne vous bougez pas, d'accord ?
– D'accord...
– Bien ! Et Rustine vous protège aussi non ? Sourit-il en reposant le petit chien dans ses bras, ce dernier aboyant avec enthousiaste, la queue remuant toujours en regardant l'homme qu'il avait reconnu dès le premier regard.
– Oui, il est très courageux et fort, comme son premier maitre... Adeline hésita une seconde avant de déclarer, voulant juste arrêter Miklan à ce stade. Dans la grande salle seigneuriale, il y a une lance qui est enchainée juste à côté de la chaire du margrave. Vous devriez essayer de la prendre Snorri.
– Quoi ?! C'est les crocs de Fenrir non ? Enfin, la Lance de la Destruction pour vous mais, dans les deux cas, c'est une arme maudite qui détruit le destin de tous ceux qui l'approchent ! C’est l’arme de la Dévoreuse de Cadavre qui est né après qu’elle ait assassiné le Bavard ! Je ferais mieux de la jeter au feu !
– Je ne pense pas qu'elle vous fera du mal, simple pressentiment. Vous devriez au moins essayer, l'encouragea-t-elle en priant pour ne pas lui donner trop d'information d'un coup et ne pas faire remonter quelque chose au pire moment.
Snorri la regarda, sceptique quant à sa supposition, avant qu'on l'appelle plus loin. Il répondit alors en sreng, puis lui répéta en fodlan avant de partir, remettant son casque sur sa tête.
– Restez ici en sécurité, et si qui que ce soit vient vous piller, dites-lui que Snorri Fregnosson le Renard, fils de Fregn l'Ombre et neveu de la reine Thorgil le Kaenn, vous a pris sous sa protection, ça les fera reculer.
– D'accord, merci beaucoup le Renard, » le remercia-t-elle à la sreng, en utilisant son surnom plutôt que son nom... elle ne savait même pas si elle aurait pu à nouveau l'appeler "Snorri"...
Le guerrier lui sourit avant de repartir après un dernier signe de main. Rustine aboya sur les genoux d'Adeline, tout aussi heureux qu'elle de l'avoir retrouvé, même si lui le savait depuis plusieurs mois contrairement à elle.
« Ne t'en fais pas Rustine, tout va bien se passer, je le sais... il est bien plus résistant qu'il n'en a l'air, n'est-ce pas ? » Sourit Adeline sans pouvoir s'arrêter de joie.
*
Snorri partit en courant dans les couloirs, tâtant son sac de butin en faisant la liste de ce qu'il avait récupéré : surtout de la nourriture qui pouvait se conserver longtemps, des médicaments et des potions, ainsi des objets précieux à revendre en cas de nouvelles disettes afin d’éviter de faire d’autres raids. Avec tout ce qu’il allait pouvoir récupérer, cela devrait les aider à tenir… au moins jusqu’à la belle saison… même s’ils avaient été tous assez déçu en découvrant un aussi petit trésor mais bon, ce n’était guère étonnant, l’argent brûlait les doigts du margrave apparemment, et le plus important pour eux, c’était la nourriture.
Il rejoignit la salle seigneuriale, dominée par les crocs de Fenrir mais, ils étaient inoffensifs maintenant que plus personne ne pouvait les manier. Ils avaient explosé le mur de cette pièce afin de pouvoir pénétrer plus facilement au cœur du château et s'en servir de point de ralliement, leurs magiciens bien aidés par leur espion qui avait mis une potion explosive entre les pierres. D'ailleurs...
« Mamma ! » S'écria-t-il en voyant Fregn aux côtés de son valraven à lui, Igie.
Il ne savait pas ou plus d'où il avait tiré ce nom mais, quand il avait vu cet adorable créature à la fois déterminé et autoritaire tout en étant gentille, ce nom s'était imposé comme une évidence. C'était comme pour son chien Dima et son chat Filix. Aucune idée d'où venait les noms mais, ça lui semblait familier alors, il les utilisait.
Sa mère répondit à son signe de main, avant de l'enlacer, aussi soulagé l'un que l'autre de se retrouver en vie. Fallait dire, cela faisait bien six mois qu'elle était infiltrée et il l'avait à peine vu quand il était aussi venu prendre le pouls de la forteresse alors, il s'inquiétait pour elle.
« Je suis content de te revoir. Ça va ? Tout s'est bien passé ?
– Moi aussi mon petit. Et ne t'en fais pas, ça va. C'était l'infiltration la plus facile de ma carrière.
– Vraiment ?! À ce point ? S'esclaffa-t-il. Faut dire, ça n’a pas l'air d'être une flèche leur margrave Miklan.
– Une brute épaisse oui. Il n'en fiche pas une et quand les gens disent qu'ils ont faim trop fort, il les nourrit à coup d'épée dans le ventre. C'est un vrai tyran même pas capable de bien gérer son argent et son peuple. Je n'ai même pas eu à les pousser à la révolte, tout le monde était furieux de base et veut juste le chasser d'ici, expliqua-t-elle posément, habituée à ce genre de situation quand ce n'était pas elle qui semait la zizanie. D'ailleurs, tu t'es très bien débrouillé quand tu t'es infiltré à ton tour. Ton maquillage était très réussi et même s'il y a eu des imprévus avec ce chien qui semblait te reconnaitre, tu as très bien su les gérer tout en ne trahissant pas ta couverture. Vraiment, un sans-faute.
– J'ai eu un excellent professeur l'Ombre, la complimenta-t-il sincèrement, sa mère était de loin la meilleure espionne de tout Sreng et même de Fodlan.
– Tu as bien su te débrouiller aussi. Le seul problème, c'est cette cicatrice, elle est trop grosse pour être caché mais bon, c'est ainsi. ... et toi ? Comment tu te sens ? Lui demanda-t-elle, attentive, lui tenant les mains pour le maintenir, alors qu'Igie frottait sa tête contre son compagnon d'arme.
– ça... ça va... je crois... ça fait comme des flashs quand je suis ici... avoua-t-il. Je suis déjà venu ici avant de m'infiltrer mais, je n'arrive pas à me souvenir comment... C'est comme si quelque chose voulait remonter à la surface mais, n'y arrivait pas. Il me manque quelque chose mais, je ne sais pas quoi...
– C'est normal, les souvenirs sont quelque chose de difficile à récupérer, surtout vu l'état où on t'a trouvé... ces pêcheurs seraient venus quelques minutes plus tard et Huld n'aurait pas été avec eux, tu serais mort dans la neige, souffla sa mère en ordonnant ses mèches, et tant pis si ce n'était pas par le sang, Fregn était la seule qu'il reconnaissait comme sa mère avec ses tantes.
– Vive le braconnage, on sauve des vies grâce à ça, arriva à en rire Snorri, posant ses doigts sur sa cicatrice, un des seuls vestiges de sa vie d'avant avec son porte-bonheur. Après, je ne sais pas trop si j'ai vraiment envie de me souvenir de certaines choses... je veux dire, ça me semble familier ici mais, j'ai pas vraiment envie de retrouver ceux qui m'ont abandonné dans la neige avec le crâne ouvert et plusieurs fractures car, ils m'ont surement fracassé à coup de pierre. Limite, je préfère m'en souvenir pour comprendre, puis tout oublier pour juste refermer la boucle et ce chapitre de ma vie.
– C'est ta mémoire, c'est à toi de voir ce que tu veux en faire. En tout cas, je ne te forcerais pas à te souvenir si ce n'est pas ce que tu veux.
– Merci Mamma... lui sourit-il, avant d'ajouter après un regard en coin. En fait, ce qui m'intrigue le plus... tu vas me prendre pour un fou...
– Dis toujours, histoire que je fasse ma propre opinion, répliqua Fregn.
– Ce qui m'intrigue le plus, c'est les Crocs de Fenrir, souffla-t-il en montrant l'arme enchainé dans la pièce, personne ne s'en approchant à moins de dix pas. Je sais, tout le monde se pose des questions sur ce truc mais, c'est pas de la peur... en fait... elle m'intrigue et... et elle me dit vraiment quelque chose...
– C'est ce qui t'intrigue le plus ? Comment cela ? Elle te semble familière ?
– Oui, comme si je l'avais toujours connu... elle... elle a un lien avec ma mémoire, j'en suis sûr... et... et j'ai vraiment envie de la toucher... admit-il, presque honteux de vouloir toucher une telle abomination capable de briser le destin, Igie continuant à se serrer contre lui pour le rassurer. Quand j'ai croisé la margravine-mère, elle m'a aussi dit que je devrais tenter de la prendre et... et ça me donne encore plus envie de tenter...
Fregn resta silencieuse une seconde, avant de déclarer en posant sa main sur son épaule, toujours ce roc inébranlable à ses côtés et sur qui il pouvait compter. Que sa famille de sang rejoigne Fenrir et sa sœur Hel pour se faire dévorer, Fregn, c'était une vraie famille à elle toute seule !
– Je suis aussi sceptique que toi sur le fait que ce soit une bonne idée mais, si c'est ce que tu ressens et que tu penses que cela te rendra peut-être la mémoire, alors je ne peux que te soutenir si c'est ce que tu veux. Si tu ne la touches que quelques instants, elle ne devrait rien te faire et de toute façon, elle mord toute personne qui n'a pas d'emblème. Parfois, tu as une lumière qui s'active autour de toi quand tu combats, comme l'emblème des fodlans alors, qui sait ? Tu en as peut-être un et cela te protégera surement de son influence ?
Snorri lui sourit, rassuré par ses mots. Timidement, il s'avança avec sa mère vers la chaire du margrave et les Crocs de Fenrir. Dans le fond de sa tête, ce décor lui disait quelque chose mais, il était incapable de dire quoi... peut-être quelqu'un qu'il n'avait jamais vu et qu'il ne connaissait pas sur la chaise... mais pas sûr... mais ce qui l'attirait le plus, c'était cette lance, comme des insectes autour d'une bougie la nuit...
Elle était terne, inerte, desséchée comme un cadavre mort depuis des siècles mais, malgré tout, une force au fond de sa poitrine et de son sang le poussait vers elle... sans qu'il sache pourquoi... le jeune homme ne savait plus.
Il jeta un dernier regard à sa mère et à son valraven, embrassa le sachet où se trouvait son porte-bonheur de toujours, accroché à son cou. Puis, après avoir pris une grande inspiration, il effleura la gemme écarlate des doigts.
Snorri recula un peu en la voyant s'illuminer à son contact.
La chaleur d'une présence rassurante, une protection au-dessus de son épaule...
C'était quoi ça ?! Il n'avait jamais pensé ou ressenti quelque chose comme ça ! Il sentait sa cicatrice pulsée, quelque chose en ressortant enfin après tout ce temps. Engaillardi par ce premier contact, Snorri recommença, prenant la lance entre ses doigts.
Des moments avec trois personnes de son âge et quelqu'un plus âgé... des adultes aux regards bienveillant... leur départ trop rapide à tous... la protection éphémère de bras... une main sur sa nuque qui l'arrache d'elle... l'épuisement... des bruits flous, des images mélangés entre elle... des coups, des coups, des coups, du froid... immobile... s'enfuir... impossible... les chaines des blessures et de la neige... une présence toujours aussi forte au fond de son cœur, toujours là malgré l'oubli... le protégeant encore malgré tout... lui jurant quelque chose... l'appelle... son nom... son vrai prénom...
« S... »
« Grand-père... »
« S... Snorri ! Tu es encore avec nous ? Reviens ! Snorri ! »
S... Snorri se réveilla d'un coup, se rendant compte qu'il s'était noyé un instant dans l'étreinte de la lance. Elle n'était plus sur son présentoir, il l'avait détaché sans s'en rendre compte et la serrait à présent contre son cœur, comme pour s'y accrocher. Il tourna des yeux exorbités vers Fregn, tout tremblant après ce qu'il venait de vivre, sa mère le regardant avec inquiétude.
« Je... je me souviens... elle... la lance... elle fait revenir des choses... pas tout mais... mais c'est la première fois... c'est net... mais c'est aussi flou... je... je ne comprends pas... c'est... je crois... ma tête...
– Du calme, prends ton temps... souffla-t-elle en posant ses mains froides sur ses joues, l'ancrant un peu dans la réalité, même s'il était incapable de lâcher cette lance. Ne t'en fais pas, on est en sécurité ici, les troupes ennemies sont pratiquement maitrisées. Souffle un grand coup et prend le temps de te reprendre. Là... chut... ça va aller... tenta-t-elle de le rassurer en le prenant dans ses bras, se fichant d’approcher cette lance malgré le danger, Snorri commençant à pleurer alors que tout se bousculait dans sa tête. On est avec toi, les dieux aussi veillent sur toi.
– Mamma... merci... ça... ça fait tellement de chose d'un coup... cette lance... c'est celle de mon grand-père mais, pas de mon grand-père... c'est plus au sens... d'ancêtre, quelque chose comme ça... je... ça va tellement vite...
Il souffla un grand coup, essayant de se reprendre comme il pouvait en faisant le point, jusqu'à ce que tout se calme. L'amnésique arrivait à retrouver un peu pied, la lance toujours contre lui, blottit au creux de l'aile de son valraven avec sa mère à ses côtés, quand ils entendirent un coup de sifflet venant des airs, puis un cri demandant des renforts sur le toit. Aussi vif qu'il le pouvait malgré son crâne qui martelait toujours, Snorri enfourcha sa monture pour aller en renfort et compris pourquoi ils avaient besoin d'aide. La garnison avait trouvé refuge sur le toit, avaient bloqué les escaliers et les valravens étaient les seuls à les atteindre, les troupes de Miklan refusant de se rendre.
Snorri trouva sa cousine Hlif, en train de manœuvrer avec sa propre valraven contre trois pégases, l'homme en faisant tomber un pendant qu'elle descendait le second, avant qu'ils n'achèvent le troisième tous les deux d'un coup de lance.
« La situation ?! Lui cria-t-il et en faisant courir son regard sur elle, heureux de la voir en entier, même si elle semblait proche de la surchauffe de magie.
– Ils refusent de se rendre ! Miklan surtout ! Hurla-t-elle pour se faire entendre en montrant le margrave au milieu de ses troupes, protégé par ses hommes au lieu de les défendre lui-même, puis elle posa la question évidente. Et Snorri, qu'est-ce que tu fous avec les Crocs de Fenrir ?! Tu es fou ?! Ils vont te dévorer et briser ton destin !
– Pour le moment, ça va ! Et longue histoire, je te raconterais ça après la bataille ! Pour faire simple, ces crocs ne peuvent rien me faire de mal on dirait !
– J'espère, reste en vie ! »
Ils refoncèrent dans la bataille, attaquant un côté de la garnison. Les Crocs de Fenrir semblaient agir tout seul dans sa man, lui indiquant où était le danger comme s'il le sentait et voulait le protéger. Comment une arme aussi maléfique pouvait-elle être aussi prévenante avec lui ?! ça n'avait pas de sens ! Enfin, il avait déjà assez de question qui attendrait la fin de la bataille...
« Regardez ! S'écria un soldat. Un sreng a volé notre Relique !
– Il ne l'a pas que volé, elle le reconnait comme son maitre ! Ajouta un autre.
– Mais comment c'est possible ?! »
« J'aimerais bien le savoir aussi, » songea Snorri en les voyant aussi étonnés que lui.
Miklan se tourna alors vers lui, le foudroyant du regard sous son casque, comme s'il voulait lui arracher la tête de loin, encore plus en le voyant manier cette lance.
« Non... non, c'est impossible ! Plus personne ne peut manier cette foutu Lance ! Il est mort ! Il est mort ! Il est mort ce salopard !
– Honnêtement, j'en sais rien mais, rends-toi ! Tout le château est sous notre contrôle et la ville s'est déjà rendue ! C'est fini margrave ! S'écria Snorri en fodlan. Rends-toi !
– Jamais ! Je suis margrave ! Le seul margrave ! Le titre est à moi ! À moi ! Jamais je ne le laisserais à des sauvages comme vous !
Il lui envoya une hachette sur lui mais, le chevaucheur de valraven l'esquiva sans souci, Igie agile comme la brise dans le ciel, avant d'en repousser une autre du bout des Crocs. Voyant qu'il refusait de se rendre, il descendit en piqué pour tenter de lui arracher sa hache des mains et la faire tomber par-dessus les créneaux, ce qu'il arriva à faire mais, Miklan s'accrocha à sa (leur ?) lance, hurlant comme un possédé que les Crocs était à lui seul et pas à un sauvage sortit d'il ne savait où.
« La Lance de la Destruction m'appartient ! S'époumona-t-il, alors que Snorri sentait l'arme hurlé le contraire, essayant de forcer son « propriétaire légitime » à la lâcher en lui mordant les doigts, le sang suintant de ses gantelets.
– Elle n'est clairement pas d'accord mais bon, très bien, comme tu veux. Igie ! »
Son valraven hurla en reprenant de l'attitude. Elle était assez forte pour porter deux personnes sans problèmes et même si Miklan devait pesé son poids avec son armure lourde, elle arriva à s'élever dans les airs, même s'il s'accrochait obstinément aux Crocs de Fenrir comme de la poix sur les mains. Snorri aurait préféré qu'il lâche mais bon, il ferait avec. Le plus dur, c'était de ne pas lâcher la lance avant le bon moment mais, il sentait Hlif utiliser sa magie pour lui donner plus de force. Il lui devrait un bain bien glacé après la bataille.
Ils étaient à plusieurs pieds au-dessus du sol à présent, Miklan suspendu au-dessus du vide, criant toujours que la Relique lui appartenait. Et bien soit.
« Elle est à toi cette lance ? Et bien garde-la ! » S'écria-t-il en lâchant tout simplement l'arme, Igie partant d'un coup plus vite en l'air sans ce poids mort, tellement qu'il en perdit son casque mal accroché dans la précipitation.
Le margrave tomba en faisant un fracas de casseroles qui chutaient de leur étagère, s'écrasant contre la pierre. Il n'avait même pas de sort pour amortir les chutes de trop haut ce con... la Lance de la Destruction roula à côté de lui, inerte alors qu'il gémissait un ordre, peut-être de continuer l'attaque mais, plus personne ne l'écoutait. Sans aide, il ne pourrait même pas se relever à cause de son armure une fois sur le dos, comme une tortue retournée et de toute façon, plus personne ne faisait attention à lui. Tous les regards étaient tournés vers Snorri, incrédules, comme s'il voyait un fantôme.
Puis l'un jeta son arme.
Puis un autre.
Puis encore un autre.
Puis tous se rendirent.
« Par les Vanes et les Ases, jura Hlif alors qu'ils redescendaient tous les deux au sol, les soldats ne tentant rien contre eux quand ils le firent. Qui es-tu Snorri ?
– Je ne sais pas, souffla-t-il à sa cousine, récupérant la Lance de la Destruction qui semblait ronronner entre ses doigts, brillant à nouveau avec lui, comme rassurée que ce soit lui qui la tienne plutôt que Miklan, alors que des souvenirs de plus en plus clairs de l'origine de sa cicatrice remontaient en lui. Mais je crois qu'on va bientôt le savoir. »
Il se releva, tenant fermement les Crocs de Fenrir en regardant les hommes de Gautier, hésitant un peu avant de se décider de crier en fodlan aux hommes autour d'eux, imitant sa tante et reine dans les moments graves ou face à un ennemi, s'excusant auprès d'elle de lui prendre son rôle quelques instants.
« Les Dieux et le destin ont décidé, le combat est à présent achevé. Que les glaives et les épées soient rengainés, que les blessés et les morts puissent se reposés. Notre armée guidée par Thor a triomphé, aux ennemis de s'agenouiller ! »
Les soldats obéirent, mettant sans trop discuter un pied à terre à ses ordres. Au moins, ils se rendaient sans violence, c'était déjà ça. Snorri s'approcha alors de Miklan, gémissant par terre dans son armure, puis pointa le fer d'os vers lui en déclarant, les souvenirs tapant assez fort dans sa tête pour faire exploser son crâne.
« On a des choses à se dire. »
*
Dès qu'ils surent ce qui s'était passé à Gautier, Dimitri, Félix et Ingrid partirent sur le champ à la place de leurs parents avec plusieurs régiments de soldats. S'ils se fiaient à ce qui était écrit, les habitants avaient ouvert les portes et rejoint volontairement les srengs à condition qu'ils les débarrassent de Miklan, et le messager avait confirmé mais mieux valait être prudents. Cela ne leur plaisait pas d'aider l'assassin de Sylvain, mais ils devaient également penser à la sécurité aux habitants de la capitale margravine. Ils se préparèrent donc à affronter les srengs ou à tomber dans une embuscade, de plus en plus sur leur garde quand ils entrèrent sans souci en ville avec leurs hommes. Les gautiens vivaient comme d'habitude, mais avec quelques srengs qui partageaient la nourriture de la réserve seigneuriale, ceux parlant le fodlan les saluant cordialement. Les niches dédiées à Sothis et aux Braves aux quatre coins de la ville étaient même déjà remplis de statuettes de dieux srengs. Cela faisait plus d'un mois que l'attaque avait eu lieu et que les srengs avaient visiblement établis un début de camp ici, mais quand même, c'était rapide...
Quand ils arrivèrent aux portes, ils tombèrent sur Dame Adeline, en grande conversation avec des marchands à la porte du fort. La mère de Sylvain rayonnait, semblant en bien meilleure santé et bien plus heureuse que pendant les dix dernières années. Elle avait repeigné ses boucles rousses et son habit noir de deuil avait été remplacé par une robe colorée typique de Sreng, avec deux grosses broches sur la poitrine. Rustine n'était pas à ses pieds aussi, même si les trois amis sentirent qu'il était encore en vie. Le petit chien était presque la raison de vivre d'Adeline, elle ne pourrait pas être aussi joyeuse s'il était mort.
Elle les salua tous d'une révérence quand elle les vit arriver, respectueuse de l'étiquette.
« Votre Altesse, Bouclier du Royaume et Ailes de Faerghus, c'est un honneur de vous voir en notre ville. Je voie que vous avez une escorte importante. Je comprends cette précaution mais, cela est inutile. Nous vivons en paix avec les srengs depuis quelques semaines à présent. Il y a encore des échauffourées mais, la chasse de Miklan nous a donné l'occasion de trouver un accord de paix temporaire, le temps que les choses se calment un peu après une telle frénésie.
– Salutation Dame Adeline. Mais pouvez nous nous expliquer précisément ce qui s'est passé ? Demanda Dimitri. J'avoue que nous avons un peu de mal à comprendre...
– C'est une longue histoire mais, je vous la raconterais après vous avoir introduit auprès du nouveau margrave. Il a très envie de vous voir, même si je dois vous prévenir que cela vous fera un choc. »
Intrigués, les trois amis descendirent de selle pour la suivre, accompagnés de leurs gardes et toujours armés par précautions. Ils traversèrent les couloirs où tous les ajouts macabres de Miklan avaient été retirés, enlevant tous les trophées de renards morts des murs. Depuis la mort de Sylvain, il adorait mettre partout la peau de cet animal, surement parce que sa fourrure avait la même couleur que les cheveux de sa victime... Félix aurait rêvé de tout arraché devant Miklan mais bon, les relations diplomatiques, tout ça... cependant, il se sentait assez léger, sa marque pulsant dans son dos, sachant au fond de lui quelque chose sans oser le dire à voix haute.
Adeline les annonça alors qu'ils entraient dans la grande salle. Tous les trophées et les armures des Gautier précédent avait été retiré, remplacé par de grandes tables où s'accumulaient des papiers en tout genre, surement des rapports de comptes, des terriers, des registres de lois et d'impôts à la tête. Ils virent d'abord une petite femme blonde aux yeux très bleus debout, en train de plancher sur une liasse de parchemin qui semblait être le terrier de la ville. Les trois amis la reconnurent comme la reine Thorgil le Kaenn, la plus puissante reine des srengs qu'ils avaient déjà rencontré pendant des pourparlers diplomatiques. Cela devait être son Royaume qui avait dirigé l'expédition contre Gautier, Adeline leur ayant expliqué entre temps que l'attaque avait été un coup de semonce pour punir Miklan de ses précédents assauts. Ils se demandèrent une seconde si c'était elle « le nouveau margrave » avant de voir un homme assis à la table d'à côté, en train de discuter avec elle dans leur langue.
Félix, Dimitri et Ingrid n'en crurent pas leurs yeux en le découvrant mais, ils le reconnurent tout de suite : ils reconnurent ses cheveux roux rouge presque sanglant, ses yeux miel affutés et doux, son nez piqueté de tâches de rousseurs et de plus encore aujourd'hui... même sa voix était familière, bien qu’il ait mué comme eux tous entre temps... ils ne purent pas non plus ignorer la grosse cicatrice en forme d'étoile sur son front, signe qu'on lui avait sans doute fracassé le crâne. Mais Déesse... Déesse...
Quand l'homme tourna la tête vers eux, ses yeux s'exorbitèrent à son tour, tout aussi incrédule qu'eux. Doucement, après avoir fait descendre Rustine de ses genoux, il se leva, pour mieux les voir, avant de s'avancer vers eux, sans un mot. Il était plus âgé qu'eux de deux ans alors, quand ils l'avaient perdu, il était plus grand mais, s'il l'était toujours pour Ingrid et Félix, Dimitri le dépassait à présent de quelques centimètres... ça... c'était presque étrange, même s'ils l'oublièrent assez vite... leur esprit crut une seconde qu'on leur jouait un tour, que c'était une mauvaise farce du destin ou alors un rêve trop beau pour être vrai.
Mais le nouveau margrave sortit alors un très vieux sachet qui pendait autour de son cou, toujours le même depuis des années, puis en sortit une minuscule écaille sarcelle. Une de Félix... la trace du miracle de Fraldarius qui lui avait sauvé la vie… il ne se séparait pratiquement jamais de ses écailles sauf pour les donner à quelqu'un de confiance qui ne la revendrait pas... et elle était si petite... cela ne pouvait qu'être celle qu'il...
« Je... je crois que c'est toi qui me l’as donné, déclara-t-il en regardant Félix, la voix tremblante, son autre main allant sur son crâne et sa cicatrice. C'est... c'est encore très flou mais, j'ai l'impression... non, je sais que je vous connais... désolé si c'est pas grand-chose de plus mais, ma mémoire vient à peine de revenir depuis que j'ai touché les Crocs de Fenrir alors, c'est un peu compliqué...
En réponse, le jeune homme aux cheveux noirs s’approcha du rouquin en confirmant, refermant ses doigts sur son écaille.
– C’est bien une des miennes. Je savais que tu reviendrais… comme on se l’était promis Sylvain…
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orageusealizarine · 1 year ago
Text
“Quand je recevrai mon Bonheur, le Trouble ne m’aura pas quittée, je n’en doute pas, mais le Bonheur en changera la teneur, il en fera un instrument de joie, il tapera dans ses mains avec lui, il se mêlera à lui - tandis que moi, de tout mon cœur de bois, de tout mon corps de femme, de tout mon esprit, de toute mon âme, je serai en extase. Je serai remplie d’un plaisir si profond et d’une douleur si intense que le plus minuscule nerf composant mon être chancellera et titubera, intoxiqué, ivre de la plénitude de la Vie.
[...]
Quand je recevrai mon Bonheur, la vie sera une chose ineffable, sans nom.
Ce sera un bouillonnement et un rugissement ; un plongeon et un tourbillon ; des sauts convulsifs, des hurlements ; des tremblements sous l’effet de rêves délicats ; des frémissements et des torsions ; des scintillements, des éclairs qui brillent ; de doux chants ; des cris d’excitation exquise ; des vibrations terrestres semblables à celles d’un chêne énorme dans la tempête ; des danses ; des glissements ; des galops ; des ruées ; des gonflements et des jaillissement ; des vols planés ; des montées en flèche en haut - tout en haut ; des descentes dans des profondeurs inexplorées ; des rages et des délires ; des hurlements de pure joie ; des fusions ; des flammes ; on montera à cheval pour des courses triomphantes ; on rampera dans la poussière dans un plaisir absolu ; ça sonnera comme un énorme vacarme de trompettes ; ça sonnera faiblement, faiblement, comme le tintement lointain d’une harpe ; ça sanglotera, ça sera triste, ça pleurera ; ça sera la fête, ça fera la bringue ; ça rétrécira ; ça se gonflera d’orgueil ; ça sera allongé comme les morts ; ça flottera joyeusement dans les airs ; ça gémira, ça frissonnera, ça éclatera - oh, ça respirera l’Amour et la Lumière !”
Mary MacLane, Que le diable m’emporte
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