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Course épique
Les grosses roches, les racines, la terre, la vase, la mousse verte et les feuilles mortes : il n’y a rien comme une belle journée d'automne pour aller courir dans le bois. Souvent en forêt, je tombe sur des excréments d'animaux. Il n'y a absolument rien de spectaculaire là-dedans, mais l'intérêt est là. Une foule d'informations émanent de ces excrétions. D'elles, je sais reconnaître le passage d'un chevreuil, d'un orignal et d'un ours.
La course à pied est folle, légère et enflammée dans un faux plat descendant forestier. J'esquive les arbres comme des joueurs de football, j'éclate les trous d'eau comme un enfant avec un pouvoir d'adulte et je place chacun de mes pas de course avec la précision et la rapidité d'un chat. Exactement dans ce genre de moment l'autre jour, je suis tombé à pic sur un porc-épic. Une grosse bête intimidante pleine d'épines prêtes à faire feu sur moi. C'est ce que la légende dit, mais c'est aussi de cette façon que la légende se moque de nous. Tomber sur des excréments de porc-épic, je n'aurais aucune idée de quoi ç’aurait l'air.
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Les fleurs du tapis
Je me brise le crâne. Je ne sais pas dans quelle direction aller. Je sens mon inspiration fragmentée. Des fragments à l'intérieur d'un fragment. Désenchantement fractal. Je m'enfarge dans des dessins de fleurs fanées. Quelque chose courbe ma perception de la réalité vers le gris. L'excuse facile serait d'imputer la faute à Rainer Maria Rilke. Sa prose dépressive invitant à embrasser sa solitude et sa douleur m'a soûlé. Heureusement, il ne me reste que quelques pages à boire avant de pouvoir dégriser.
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Tu seras une croustille perdue dans le désert numérique
Tu te lèveras un matin avec l'envie de changer le monde. Tu te déplaceras vers la cuisine pour ouvrir le garde-manger avec un enthousiasme ambigu et tu te sentiras aspiré par le sac de chips au ketchup. Tu iras déjeuner avec le sac de chips en question, devant la télé. Rien de moins. Tu zapperas le monde ; tu zapperas ton existence. Et tu seras déçu, car tu ne sais pas jouer aux échecs.
Cette journée-là, tu n'iras pas courir dehors. Ni le lendemain. Ni le surlendemain. Pauvre croustille perdue.
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- Savignac aux échecs - 1950 Robert Doisneau
Échec
Je joue aux... échecs. Non mais faut le faire. Mais il fallait surtout y penser. C'est d'être sérieux aux échecs qui est dangereux. Si on décroche et qu'on s'amuse de ses propres foirades, le contexte devient alors propice à nous nourrir et nous faire fleurir. Il me semble.
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Ma principale prise de conscience suite à la lecture de Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke
L'évolution de la littérature et de la société en cent ans : voilà ce qui capte mon attention suite à cette lecture. Le monde de la littérature s'est métamorphosé depuis les années 1900. Les phrases ont raccourci, les formules de politesse se sont simplifiées, l'usage du passé simple a diminué et le contexte du genre épistolaire s'est numérisé, entre autres choses qu'on peut observer. Du point de vue social, le rythme de vie s'est accéléré. À la lecture des lettres, on peut ressentir toute la lenteur de la vie à cette époque comparée à la nôtre. Les lettres sont écrites à la plume et sont envoyées par un système de courrier lent par rapport à nos standards d'aujourd'hui. On ressent la mise en place particulière que l'écrivain doit mettre en place pour écrire. Ça lui prend un endroit calme où il pourra déposer sa plume avec application dans l'encrier et sur le papier. C'est de tout cela que j'ai pris conscience durant la lecture.
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UNE MÉTÉOROLOGIE GASPÉSIENNE : Appréciation générale de Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke
La météo gaspésienne est changeante et surprenante ; telle mon humeur à la lecture de Lettres à un jeune poète. La pensée de Rilke s'articule constamment à l'aide de très longues phrases parsemées entre autres de points virgules et de pronoms référant à des réalités abstraites. N'ayant eu aucune piste de lecture préalable à l'amorce du livre, j'ai eu la sensation d'avoir été envoyé dans de grands vents de novembre sans coupe-vent ni petite laine. Mais outre la forme du texte, le contenu m'a aussi paru comme un genre d'intense phénomène météorologique. La pensée de Rilke, quoique parsemée de pieds de vent lumineux et intelligents, m'apparaît particulièrement grise, pluvieuse et même ésotérique, ce qui, superposé à la forme déjà lourde et complexe, a fini par me peser sur le dos. La traversée des Lettres à un jeune poète aura été malgré tout une riche expérience.
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Je tenais encore à vous dire [une] choses : ironie — ne vous laissez pas dominer par elle, surtout pas dans les moments non créateurs. (...) Recherchez la profondeur des choses : l'ironie de descend jamais si loin (...).
Rainer Maria Rilke
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Tout est d'abord mené à terme, puis mis au monde.
Rainer Maria Rilke
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Ne vous laissez pas abuser par les surfaces ; en profondeur, tout est loi.
Rainer Maria Rilke
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Ne vous examinez pas trop. Ne tirez pas de trop hâtives conclusions de ce qui vous arrive ; laissez-le tout simplement ce produire.
Rainer Maria Rilke
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L'art lui aussi n'est qu'une manière de vivre et, quelle que soit la vie qu'on mène, il est possible sans le savoir de s'y préparer ; dans tout ce qui est réel, on en est plus proche et plus familier qu'en exerçant une de ces professions semi-artistiques et irréelles, qui, dans la mesure où elles reflètent une proximité d'avec l'art, et, en fait, nient et attaquent l'existence de tout art, ce que fait, par exemple, toute la profession journalistique, presque toute la critique, et les trois quarts de ce qu'on appelle littérature et qui revendique ce nom. (1)
Rainer Maria Rilke
(1) C'est la forme de la citation davantage que son contenu que je désire souligner ici.
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(...) et qui, dès que possible, se lève de table, [car] les repas l'exposent trop longtemps au jugement de sa famille.
Rainer Maria Rilke
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(...) la dépense d'énergie vous semble trop importante simplement parce que vous surestimez la victoire (...)
Rainer Maria Rilke
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Il était derrière moi
Bordel! Je ne trouve rien. Pourquoi chaque matin j'ai l'impression de partir en voyage et de ne pas être prêt. Ma routine se confond à un mauvais rêve où la course chaotique semble sans fin et sans pantalon. Allez on se ramasse! Bon, je crois que j'ai tout, je pars.
Les comptoirs brillent, aucune vaisselle ne traîne, les planchers sont faits et la liste des priorités est adéquatement établie. Si seulement ça pouvait être comme ça tous les matins. Au boulot maintenant, une grosse journée m'attend. Les légumes sont frais et impeccables. Je l'adore, ce monsieur Barriault! Il a le pouce vert à la bonne place comme on dit. Coup d'eau fraîche sur les tomates, planche à découper, couteau archi-affûté et j'enclenche le travail. J'ai deux heures devant moi avant que Christophe, mon superviseur immédiat, n'arrive.
Coupe, coupe, coupe, coupe, coupe… Merde! Je me suis encore escalopé le doigt. Une petite partie de peau de la phalange, sublimée sous la tranche de mon couteau. Un classique. Un peu de sang, ce n'est rien de dramatique, juste un peu choquant. Je panse ma blessure puis désinfecte mon plan de travail. Mais d'où vient tout ce sang pour l'amour? Je n’ai rien senti. Mes genoux faiblissent, je peine à freiner ma chute vers le sol, mais on m'y aide. Le froid envahit subitement mes extrémités : mes doigts, mes pieds, mon crâne, mon nez, mes lèvres… Ma chemise blanche, trempée d’hémoglobine crue. Déferlante sanguinolente, spasmodique et giclée. Ma gorge est fendue, tranchée. J'ai le temps de penser un dernier instant à ceux que j'affectionne, à ma tendre moitié d'amour : je t'aime. Une dernière et étonnante étincelle de bonheur. Je suis parti, c'est fini. Ce salaud ne m'aimait vraiment pas.
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(...) toute les professions ne sont-elles pas pleines d'exigences, pleines d'hostilité à l'égard de l'individu, tout imprégnées en quelque sorte par la haine de ceux qui sont restés muets face au devoir objectif et s'y sont pliés en maugréant.
Rainer Maria Rilke
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Bleu
J'aime le bleu, mais je n'ai pas les blues. Non. Pourquoi le rouge est la couleur de l'amour? Est-ce un cliché ou l'analogie est cohérente? En amour, il fait chaud. Humeur chaude. En amour, il y a beaucoup de sang, dans la tête, entre autres. Il y en a aussi dans les yeux. Les émotions sont à fleur de peau. Champ de fleurs bleues dans le cerveau. Les cœurs saignants sont rouges. Je m'ennuie, peut-être; une touche de bleu dans le sang et le rouge-violet tempère mes fluides. Un peu.
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Ce progrès va modifier l'expérience de l'amour qui actuellement est plein d'erreur, la transformera fondamentalement, la convertira en une relation pensée comme un rapport d'être humain à être humain, et non plus d'homme à femme.
Rainer Maria Rilke
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