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JE N'AI PAS LU HUBERT AQUIN, J'AI JUSTE LU NELLY ARCAN c'est ce que je dis quand je veux me penser bonne, je le dis et le répète comme une rengaine comme une litanie comme une Nelly qui fuit le Québec pour aller France, qui fuit la colonie pour aller conquérir le roi, la reine et tous les sujets sauf que moi je ne séduis personne avec mes confessions salutaires mes aveux littéraires, je ne séduis personne quand je reste dans mon canapé avec mon café à lire JE VEUX UNE MAISON FAITE DE SORTIES DE SECOURS oui c'est vrai que je le veux, ma maison en courants d'air ma maison de littéraire qui se cache du dehors du grésil de la neige du -35, je me cache avec Nelly et on lit on lit on lit comme des larves abreuvées de cafés lattés, une larve littéraire qui se gave des mots qu'elle n'a pas su écrire, qui lit les mots des inconnus qui pleurent la disparition de la grande suicidée romancière et je déteste quand on l'appelle Nelly même si je le fais moi aussi je préfère Arcan comme les grands je la préfère à toutes les autres mais bon puisque Nelly rime avec Lizzie Nelly rime avec Marie-Sissi Nelly rime avec Angie ce sera pour le besoin de la cause cette cause noble de pleurer la disparue, d'écrire mortuaire sur sa vie littéraire, écrire le party d'anniversaire où tout le monde dévisage Nelly écrire l'émission de télévision où tout le monde dévisage Nelly écrire le bar à la lueur tamisée où tout le monde dévisage Nelly, je ne suis pas mieux que ceux qui prennent un MORCEAU DU CADAVRE POUR SE REPAÎTRE DU GÉNIE (M Delvaux p.127) je suis celle qui fuit la trentaine à coups de mots LES FEMMES DOIVENT ÉVITER LA TRENTAINE LEUR FIN Y DÉBUTE PLUS VITE (C Leblanc p.115) alors j'écris j'écris j'écris ma vie pour passer d'objet à sujet, une transformation froide dans laquelle y n'y a pas de magie, même si on le dit trois fois, même si on le lit à l'envers, j'écris de A à Z de 1 à 30 pour étaler sur papier la blancheur de ma vie, la pâleur maladive de mes traits de caractère, ma peur de vieillir qui commence par un M, M comme Marie, M comme Mort, M comme Bruno Pelletier qui te dit AIME, aimer comme une panacée, aimer pour être sauvée, d'ailleurs j'ai une date ce soir une date dans la lumière tamisée d'un bar où l'on se sculptera les contours flous à coups de secrets car c'est dans le secret que se trouve le salut c'est dans le secret qu'on explorera la forme de l'autre, celle de sa poitrine de sa bouche de son nez de ses fesses, la forme du mensonge d'exister, ce que je veux dire c'est que ce soir j'étalerai mes secrets dans la noirceur et on n'y verra que du feu, la lueur des chandelles qui déforme le contour des aveux, Nelly y sera aussi, Nelly avec sa poitrine sa bouche son nez ses fesses elle me soufflera à l'oreille TU N'AS LU QUE MOI ALORS PAS OBLIGÉ DE LIRE AQUIN
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Alors encore une fois Angelina Jolie s'est fait prendre en photo avec sa famille par Annie Leibovitz, encore une fois bienheureuse avec Maddox Zahara Pax Shiloh Vivienne Knox et Brad bien sûr Brad toujours Brad, la famille sourit à la caméra et moi je souris en retour à mon écran d'ordinateur, je souris devant la face d'Angie et les mots d'Angie I CAN'T WAIT TO HIT 50 AND KNOW I MADE IT car bien sûr ces photos sont accompagnées d'un reportage, je fixe le logo du Vogue et je me demande quel peut bien être le secret de la jeunesse éternelle l'élixir qui fait qu'on se réveille après 30 ans et qu'on est encore et toujours en vie et qui plus est on aime ça, à chaque matin on aime sentir les draps sur son corps l'oreiller sur son visage l'air sur ses lèvres je veux dire qu'est-ce qui fait qu'Angie a survécu passé 30 ans, comment est-ce arrivé, je dirais GRADUALLY THEN SUDDENLY elle est passé de 29 à 30 ans sans qu'on le remarque, sans fracas et sans tracas mais ça on ne le sait pas car peut-être qu'elle a angoissé toute la nuit de ne pas savoir comment ça allait se passer, peut-être qu'elle a angoissé de sentir ses cheveux pousser, ses dents bouger, sa face s'allonger, peut-être qu'elle a angoissé de sentir le poids du temps qui passe, des épreuves qui passent mais qui ne se passent jamais bien, peut-être même qu'elle a pleuré de se sentir tétanisée dans son lit, ce cercueil sans parois qui la tenait prisonnière de la dernière année de sa vingtaine et qu'a-t-elle fait pour se débarrasser de son angoisse, peut-être a-t-elle avalé deux ou trois Xanax ou deux ou trois vitamines Centrum en fixant le mur blanc devant elle, ou peut-être était-ce un mur avec un miroir, elle a fixé le miroir dans lequel elle s'est vue sans se voir vraiment, ses longs cheveux, ses grands yeux, sa grosse bouche, voir tout ça sans vraiment comprendre, sans rien comprendre du tout si ce n'est peut-être que le temps passe et qu'on ne le rattrape pas ou autres clichés du genre, Angie est habituée aux clichés puisqu'elle a été mannequin depuis l'âge de 14 ans, c'est sa mère qui la forçait à poser pour la caméra alors que tout ce qu'Angie souhaitait c'était de retourner dans son sous-sol de Malibu pour jouer avec ses couteaux, une activité dangereuse mais oh combien intéressante et ça vous et moi le savons pertinemment que rien ne remplace la lame froide sur l'avant-bras douillet, rien ne remplace l'appel de la lame sur la chair tendre, quand on ne sait pas où l'on s'en va et pourquoi on y court il est toujours bien de ralentir et de sentir le poids du temps sur cette lame qui ne pardonne pas, ne pardonne rien pentoute à part peut-être le fait d'être jeune et jolie, jeune et jolie comme une héroïne de film français, jeune et jolie comme l'héroïne qui coule dans les veines d'Angie, oui, je vous l'ai déjà dit qu'Angie n'a pas connu un passé qu'on pourrait qualifier de "facile" ni même de "commun", c'est précisément ce pourquoi elle est notre sujet d'étude favori, notre favorite, celle qui nous permettra peut-être de résoudre l'énigme de la jeunesse éternelle, celle qui nous sauvera à coups de clichés réalisés sur le bord de la mer, seule la mère sait comment être heureuse avec Maddox Zahara Pax Shiloh Vivienne et Knox, pendant que moi je ne suis ni mère ni pute ni vierge ni même celle qui peut dire I CAN'T WAIT TO HIT 30 AND KNOW I MADE IT.
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j'ai rencontré Eileen Myles et elle m'a dit YOU'D BE AN EXCELLENT PROSE WRITER, YOU HAVE TOO MUCH TO SAY FOR POETRY alors je m'assois devant mon MacBook, devant mon nouveau set-up qui inclut un miroir juste en face, un grand miroir dans lequel je regarde d'un oeil la face que je fais quand j'écris ou plutôt la face que je fais quand je fixe l'écran sans rien ajouter à des documents Word qui se nomment DESPOEMESCRISS.DOC ou encore SHITLOADDEMOTS.DOC je me regarde dans le miroir et je suis tannée de voir des poches d'eau dans mes yeux, tannée de me voir embrouillée, de voir à moitié, je ne me sens pas comme the Next Great Canadian Writer je me sens pas comme the Next Great Prose Writer je me sens plus comme Elizabeth Wurtzel une sacrifiée littéraire, comme Nelly Arcan une suicidée romancière, à peine, à peine, je veux dire j'aimerais mieux être une parcelle de Wurtzel que d'être moi, j'aimerais mieux être un morceau d'Arcan que d'être moi, je veux dire, qui après tout, qui lira ces mots sauf peut-être le Tumblr Bot ou deux-trois stalkers qui me suivent depuis que j'ai enlevé mon tshirt dans l'agora de l'UQAM pour une performance artistique, j'ai rencontré Eileen Myles et depuis je retourne ces mots dans ma tête, EXCELLENT PROSE WRITER mais moi je dis quand je dis comment je dis pourquoi je ne suis pas capable d'écrire, d'exister à travers le grand vide des jours de l'été qui finit, l'été des mille lectures qui se voulaient des façons de me donner le goût d'écrire mais au lieu de grandir dans le savoir des grandes dames littéraires je me suis plutôt ratatinée comme le plus petit noyau de la vie littéraire, un noyau sec qui ne germera jamais, une petite graine de rien qui pleure dans l'ombre des femmes modernes de Kate Zambreno, qui pleure en regardant le mur qui ondule alors que Charlotte Perkins Gilman et Bertha Mason me disent qu'ils fait bon être dehors, elles me disent de profiter d'une vie où je ne fais pas tapisserie, une vie où j'ai le choix de prendre mon clavier en main et de devenir AN EXCELLENT PROSE WRITER.
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J'ai la face par en bas quand j'appuie mon menton dans ma main pour fixer mon écran, je fixe mon écran où je lis que les suicides sont plus fréquents chez les gens qui ont une belle vie en apparence, une belle vie ça veut dire un compte instagram avec des assiettes remplies juste ce qu'il faut et des piscine remplies juste ce qu'il faut car on est en été oui je suis déjà un an plus vieille que je l'étais l'été dernier oui je suis un an plus conne et quand les gens me demandent mon âge il est maintenant impossible de répondre "28 enfin" non je dois répondre "29 tout court" et alors on me parle de la trentaine, j'ai le menton appuyé dans la main et la face par en bas alors que je lis que durant la trentaine les gens deviennent plus empathique puisque forcément ils ont vécu un ou deux ou trois drames, la mort d'une grand-mère, un avortement, un divorce, une rupture à coup de poings dans face, bref les gens ont tous vécu leurs propres drames personnels ce qui les rend plus sensibles aux drames des autres, il y a donc de l'espoir dans l'avenir et moi je vois l'espoir dans le fond des coupes de vins bues dans la chaleur de l'été, on boit moins vite mais on boit jusqu'à la dernière goutte, on appelle ça de la parcimonie ou de la sagesse, on appelle ça vieillir ou alors prendre de l'âge, moi je finis tous les verres jusqu'aux dernières gouttes de toutes les coupes, toutes les bouteilles, je suis toujours là pour absorber les drames des autres et m'emplir du sens des autres et fonctionner par bonheur de procuration puisque moi je ne sens rien d'autre que le poids de ma propre face par en bas, la gravité qui tire sur mes cils et arrache quelques larmes au passage, oui je me monte un bateau pour apprendre à surfer sur la vague, je me retiens de pleurer en tenant mon menton pour mesurer le séisme dans mon visage, je mesure l'ampleur des dégats à coups de fines rides à peines voilés, je commence à m'afficher je commence à me plisser puisque je prends de l'âge, ma sagesse se cache au creux de mes yeux et parfois lorsque je pose mon menton dans ma main je soupire doucement en disant "29 à présent" et dans le creux de mes doigts je recueille juste assez d'eau salée pour me baptiser, me souhaiter une bonne année.
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j'ai une boule dans la main à force de ne pas écrire, la raison est simple la raison approche je la sens dehors en regardant les sofas s'accumuler sur le trottoir, le premier juillet approche et le premier juillet je serai un an plus vieille et un an plus conne que l'an dernier c'est logique c'est facile c'est tout ce que je voulais éviter mais bon lentement mais surement c'est ainsi que nous faisons les choses disait la tortue au lièvre, GRADUALLY THEN SUDDENLY disait Lizzie, j'ai cligné des yeux et une année a passé, j'ai fermé les paupières et une année s'est écoulée, j'ai à peine eu le temps de la voir passer puisque j'étais occupée à courir après la carotte, le cossin, le lapin, la patente qui fait que j'ai tourné en rond dans mon circuit pendant un an, une année entière à regarder la vie s'écouler, une année entière à égrainer les jours à coup d'abilify effexor wellbutrin et autres drogues de prescription ou pas, avoir du fun ou pas, être triste ou pas, ne pas succomber à la mélancolie de la black wave, apprendre à surfer à coup de mdma coke xanax n'importe quoi, n'importe quoi sauf le bonheur qui est un concept abstrait le bonheur dans une tasse de thé comme une voyante qui lit l'avenir ou comme Angelina et Brad en visite chez la reine d'Angleterre un petit afternoon tea pour Brad et Angie pendant que tout ton Facebook feed change sa photo de profil en arc-en-ciel, une mer de faces noyées dans 6 couleurs transparentes, des visages dilués dans la bisexualité, des profils qui s'accrochent à une soi-disant liberté pour se remonter le moral, c'est jour de fête au pays de la claque dans le dos et pendant ce temps je caquète sur Tinder à essayer des romances auxquelles seul le point orange me répond IT'S A MATCH pour ensuite disparaitre dans le silence des filles qui ne parlent jamais, une sountrack de silence de filles qui aiment Netflix et les chats mais qui n'aiment pas les fuckboiz oh non pas les fuckboiz ou peut-être juste un peu pour se donner une raison de rebloguer des memes Tumblr NO TIME FOR FUCKBOYZ sur fond holographique pastel .gif d'images qui véhiculent leur personnalité de filles qui ont 3 paires de Nike Free et une chambre blanche ou seul leur selfie stick les prend en photos, des filles qui ne sentent pas le poids du temps qui passe tant elles sont légères dans leur kit Lululemon, tant elles sont bien dans la blancheur du matin qui se dessine dans leur compte Instagram #palegirl #healthgoth #lovemyjob pendant que moi je pleure sur mon iPhone 5 je pleure pour diluer mon thé dans lequel la face d'Angie s'efface lentement à l'aube de mes 29 ans qui passeront comme du beurre sur un scone royal comme une ligne blanche pure dans le nez de Lizzie comme une longue journée de vie de 28 ans qui ne finit jamais sauf peut-être quand il n'y aura plus de place pour empiler les sofas dehors devant ma porte, qui sait.
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Lizzie me fait toujours rire même si elle ne répond pas à mes tweets ou à mes mentions Instagram elle me fait rire quand je relis Prozac Nation ou quand je relis Bitch comme en ce moment, je relis Bitch dans la chaleur de l'été qui ne débute jamais, je relis Bitch et je me dis que pour parler de l'humour inattendu dans les écrits de Lizzie on pourrait dire quelque chose de quétaine et d'attendu comme "même dans la noirceur il y a des perles de clarté" on pourrait dire ça pendant que je poufferais de rire derrière ma main, dans les ateliers de création littéraire mon commentaire favori est de dire IT'S EXPECTED c'est une façon plus gentille de dire que la personne écrit des gros clichés, moi je suis gentille derrière mon col claudine derrière mon toupette derrière ma main je glisse des critiques-compliments qui sont bien déguisés, je suis une fan finie de l'Halloween, chaque workshop je déguise mes mots pour qu'ils fassent moins mal puisqu'un jour je serai professeure et je dois m'habituer à flatter les gens dans le sens du poil, dans le sens des métaphores de soleil de pluie de nature en général, je suis une Bitch à peine déguisée, je n'aime pas me faire mentir au nez alors j'offre la vérité à peine voilée même si je crois qu'elle va blesser, ceci est un slam, ceci sont tes quatre vérités semi-bien balancées, ceci est moi prétendant être honnête comme Lizzie, Lizzie serait directe comme une Bitch qui sait when ENOUGH IS ENOUGH, c'est elle qui le dit verre de vin à la main, elle qui sait quand s'arrêter et se marier, vous ai-je dit que l'Instagram de Lizzie est rempli de photos de mariage qui a été couvert par le New York Times, tout le monde s'extasie devant la capacité de Lizzie à ne plus être une Bitch, à aimer, à vouloir se marier, et il est maintenant étrange de relire l'oeuvre de Lizzie pour trouver des mots du genre IF I WAS A HOUSEWIFE IT'D BE COMPLETELY BORING puisque c'est le propre de la jeunesse de penser qu'on va se marier vieux et con, c'est le propre de Lizzie d'être convaincue qu'elle était tout d'abord FULL OF PROMISES quand elle était enfant puis complètement vide de tout par la suite, c'est la dépression qui fait ça, la dépression nous vide de tout en même temps qu'elle nous laisse tout désirer, c'est Lizzie qui le dit dans Bitch: DEPRESSION THE DISEASE OF NOT FEELING STARTS TO MANIFEST ITSELF AS TANTRUMS HYSTERIA EXCESS - THE DISEASE OF FEELING TOO MUCH, c'est contradictoire et il faut l'avoir vécu pour le comprendre tout comme il faut avoir lu Lizzie pour la comprendre, mais voilà Lizzie a presque 49 ans et moi j'ai presque 29 ans alors il faut agir, il ne faut pas se retenir de faire des chose attendues, EXPECTED, c'est bien d'être comme les autres après tout, c’est bien de se flatter dans le sens du poil encore un peu, juste assez pour être bien à l'aise sans déguisement, juste assez pour être dans son corps le jour de ses 30 ou 50 ans.
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Of course Elizabeth Wurtzel a encore écrit un texte qui me donne envie de l'étriper et de la hugger à la fois, c'est le propre de Lizzie de faire ça aux gens elle le dit elle-même I KNOW HOW TO WIN PEOPLE OVER I KNOW HOW TO WIN READERS OVER I AM DOING IT RIGHT NOW et c'est justement en lisant ces mots que je réalise qu'elle a raison, le charme de l'écriture c'est Lizzie, elle a tout pour elle comme dans un film d'ado comme une histoire qui finit bien il faudrait demander à Céline de venir beugler ON NE CHANGE PAS, brag un jour brag toujours, c'est exactement ce qu'on reproche aux gens, que leurs défauts sont aussi leurs meilleures qualités, superlatif de fille qui a toujours eu des A+ et des mentions d'honneur que ce soit à Harvard ou à Yale oui bien évidemment que Lizzie était première de classe il ne faudrait pas s'en surprendre, et maintenant qu'elle répète CANCER IS NOT SO BAD on n'a pas le choix d'avoir la gueule ouverte et de boire ses paroles, pourquoi ferait-on autrement si on est disciple de Lizzie on l'est jusqu'au bout, jusqu'à mille millions de RT@LizzieWurtzel auxquels elle ne répond pas puisqu'elle est trop occupée par la chimio, c'est ce que je me dit même si je sais que c'est faux, la vérité c’est que pour Lizzie je ne suis rien puisqu’elle se fout de moi, je me dis un reply Twitter et je pourrais mourir en paix je me dis un like Instagram et je pourrais mourir en paix je me dis une seule petite marque d'attention et je pourrais m'oublier, c'est tout ce que je désire depuis le début, depuis que je l'ai aimée et détestée en même temps, moi je ne sais pas si CANCER IS THAT BAD mais je sais que pour Lizzie je ferais tout et je m'en fous.
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Je ne sais pas par où commencer pour vous annoncer que Lizzie s'est mariée, oui, symbole du temps qui passe pendant qu'il ne se passe rien, moi j'aimerais bien lui demander comment elle a passé d'affligée à mariée, je veux savoir si on se débarrasse vraiment de la black wave ou si elle revient toujours de façon sournoise, mais voilà, je ne sais pas par où commencer et quand je like les photos de mariage de Lizzie je ne suis qu'une parmi tant d'autres et même si j'écris I AM SO HAPPY FOR YOU LIZZIE je ne suis qu'une parmi 1000 autres followers Instagram, rien d'exceptionnel, dis-moi ce que Lizzie a d'exceptionnel me demande Andrée Waters eh bien c'est simple je réponds, Lizzie est une survivante, une battante, une matante aussi oui bien sûr, mais c'est plutôt négligeable, moi je suis juste une gossante, une jeune fille en pleurs, car voilà, ça commence à peser toute cette histoire de temps qui passe, je ne voulais pas l'avouer mais dans un mois et demi ça fera un an, un an à écrire à Lizzie sans qu'elle me réponde, une vie à écrire sans avoir de réponse, un an plus tard je suis un an plus vieille mais pas un an plus wise, plus ça change et moins c'est pareil puisqu'on réalise que rien ne change vraiment, alors j'irai à ma fête le visage souriant, une couronne de fleurs sur la tête et un notaire au bras, il faudra bien officialiser ce passage, un an de plus il faudra bien l'écrire quelque part, on pourra l'écrire sur mon bras, des chiffres en tattoo c'est wise, si Angie a des coordonnées géographiques sur elle moi j'aurai le signe du temps qui passe pas seulement au coin de mes yeux mais aussi sur mon corps en entier, des chiffres de tatoués dans l'intimité d'une cérémonie de fête, le notaire se penchera sur moi et inscrira ces chiffres dans la chair, tout le monde applaudira mais moi je leur dirai de cesser parce que ce ne sera pas fini, un coup parti je voudrais que ma peau entière soit rougie puis noircie de chiffres, on y mettra mes nombres de followers Twitter Facebook Instagram, on y mettra du coeur, on y mettra toute l'énergie dont j'aurai manqué lors de cette 28e année de vie, on appuiera bien fort pour que ce soit indélébile et même s'il se met à pleuvoir des yeux de mes yeux de l'eau je dirai CONTINUEZ CONTINUEZ il faut bien documenter le temps qui passe, on se fout d'avoir mal on se fout d'être sale on veut juste laisser une trace et à défaut de la laisser dans le monde cette trace je la laisserai sur ma propre peau, cue pour la marche nuptiale et tous mes souhaits de bonheur à Lizzie comme à moi, moi mariée symbolique du temps qui passe, tatouée à l'encre indélébile du souvenir de marde.
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Elizabeth Wurtzel a donné une entrevue à une journaliste de Jezebel qui s'est rendue dans la maison de Lizzie pour manger des craquelins avec Lizzie, I mean, how lucky can you be, I mean, comment peux-tu survivre à l'expérience d'aller chez Wurtzel, sa maison pleine d'albums de Springsteen pleine de cadres avec la face de Wurtzel dedans pleine de West Village drama pleine de larmes d'avoir récemment perdu son chien Augusta qui était son best friend, oui la journaliste s'est rendue chez Lizzie et encore une fois il semblerait que Lizzie ait été A FAN OF WINE AT NOON ou à n'importe quelle heure de la journée, la journaliste décrit le vin rouge que Lizzie prend et le Percocet que Lizzie prend, oui vous avez bien lu, ce que j'essaye de dire c'est que NOT ONLY DOES THE FIRST DRINK GET YOU DRUNK BUT THE FIRST OPIATES ALSO GET YOU WIRED FOREVER, ce sont les partisans de la WAR ON DRUGS qui seraient contents de lire ça même si Lizzie dit ne pas comprendre pourquoi les opiacés de prescription rendent les consommateurs addicts à l'héroïne, pourtant s'il y a bien une personne qui pourrait comprendre c'est Lizzie mais enfin bref je m'écarte, je tourne autour de l'éléphant dans la salle, car ici ce dont il s'agit c'est d'une addict qui à l'âge de 34 ans avait écrit un livre sur la dépendance, pas vraiment SELF HELP STYLE mais quand même IT DOESN'T WORK IF YOU DON'T WORK IT et maintenant que Lizzie a 48 ans la question à se demander c'est comment peux-tu WORK IT si tu as le cancer car c'est bien de ce qu'il s'agit ici dans cet article Elizabeth Wurtzel discute de son cancer, son plus récent combat, combat contre lequel elle est zen comme une preacher de yoga, zen comme 400 comprimés de Percocet, zen car le cancer ce n'est pas la dépression ce n'est pas la black wave ce n'est pas rien mais ce n'est pas grand chose non plus pour Lizzie, de toute façon si les personnes atteintes du cancer ne prennent pas d'opiacés de prescription qui va les prendre, il faut se souvenir de ça, il faut comprendre que DAMNED IF YOU DO DAMNED IF YOU DON'T, comment une addict peu survivre au cancer sans prendre d'anti-douleurs je me le demande bien, comment Lizzie peu demeurer si calme sans trouver la porte de sortie je me le demande bien, la réponse ne se trouve certainement pas dans cette entrevue ni dans la bouche de Lizzie d'ailleurs, puisque Lizzie s'avère être une menteuse (HOW CAN YOU TELL A JUNKIE IS LYING – HER LIPS ARE MOVING) puisque Lizzie dit à cette journaliste de Jezebel YOU CAN JUST DECIDE ENOUGH IS ENOUGH ce qui me donne envie de pleurer puisque je sais bien qu'en janvier dernier Lizzie tweetait FOR A CERTAIN KIND OF PERSON NOTHING IS NEVER ENOUGH et j'étais bien d'accord et c'est exactement ce genre de statement qui me fait aimer Wurtzel, le genre de statement que la Wurtzel de Prozac Nation écrivait, le genre de statement de fille de 27 ans qui écrit son premier roman, la sad girl de toujours, ma sad girl, mon miroir, mais moi je n'ai pas le cancer et en Janvier dernier Lizzie n'avait pas le cancer non plus, tout a changé car inexorablement on vieillit, je vieillis tu vieillis Lizzie vieillit et ce n'est pas cette entrevue qui va arrêter le temps alors on peut boire du vin on peut manger des craquelins on peut s'acheter un nouveau chien mais rien n'empêche que dans le futur on va contredire notre passé, dans le futur on va faire le party car même si on décide de STRAIGHTEN OUT YOUR LIFE WHEN ENOUGH IS ENOUGH ce ne sont que des paroles prononcées avec un verre de vin à la main et au moins 4 rides de plus dans le front qu'on en avait à 27 ans.
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Alors Angelina Jolie a annoncé qu'elle a subi une mastectomie préventive ainsi qu'une ablation préventive des ovaires, bref des procédures préventives pour contrer une maladie imaginaire une maladie qui n'existe pas encore mais puisque l'idée est là et l'argent est là alors pourquoi pas, il est à noter que je ne dis pas ça pour la blâmer, je l'aime, comment pourrait-on ne pas aimer Angelina Jolie quand on a qu'à regarder ses os de pommettes pour comprendre le sens de la vie, et pendant que j'obsède sur un corps qui n'est pas le mien je reçois un email de ma mère qui me dit qu'elle est en train de regarder Macha Grenon mourir à la télé, « Pourquoi les morts ont toujours l'air sereins à la télé alors que dans la vie il en est bien autrement » c'est vrai qu'au cinéma comme à la télévision tout est plus facile et la mort est une délivrance ou un soulagement, catharsis aussi pour les vivants qui restent au chevet de la télé et qui se disent « oui Macha était une bien bonne mère/ soeur/ femme/ amie/ employée/ citoyenne » Macha était tout ça comme vous et moi qui restons là à fixer notre écran dans lequel apparaît maintenant une autre histoire avec d'autres morts et d'autres vivants qui les remercient et se tournent vers un avenir paisible, un avenir où les histoires s'enchaînent et se répètent, une variation sur le même thème, ça aussi c'est la télé qui me l'a appris dès mon plus jeune âge à coup de CYCLE DE LA VIE et d'HISTOIRE SANS FIN, je me demande maintenant cela me laisse avec quoi si ce n'est que quelques paroles mille fois entendues, des clichés pour m'encourager à rester, je me dis SI J'AI SURVÉCU À ____ JE PEUX BIEN FAIRE ____, WHAT DOESNT KILL YOU MAKES YOU STRONGER, mais si on se fout de devenir plus fort alors ça veut dire quoi, ça veut dire qu'il faut seulement accumuler les expériences comme autant de chapitres ou de scènes pour bien construire son livre ou son film il faut que les héros traversent des épreuves c'est Elizabeth Wurtzel qui me l'a appris, Elizabeth Wurtzel écrivaine reine du pathos sur laquelle on aime bien cracher des insultes, « on » n'inclut pas la personne qui parle bien entendu, pas moi, non, moi je préfère boire les mots de Lizzie comme une addict qui ne peut déposer la bouteille, chaque jour je vais voir sur le compte Twitter de Lizzie chaque jour je vais m'abreuver de ses mots comme d'une prophétie cheap de station service, il faut bien faire le plein quand on peut, il faut bien continuer à avancer pour qui pour quoi pour ce que tu veux que ce soit Angie Macha ou Lizzie on a les idoles qu'on peut, on a le pathos qu'on veut, il faut rester à l'affut de la vie des célébrités dans la fiction comme dans la réalité parce que nous sommes en 2015 et ce qui est à toi est à moi car nous habitons la sphère publique nous habitons dans l’oeil de la caméra, nous basons donc nos décisions sur ce que Angie Macha ou Lizzie vivent ce qui revient donc à dire: rien ne sert de prévoir, mieux vaut mourir à point.
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quand je ne suis pas en train de me bourrer la face de clif bars au coconut à 11 heures du soir je suis en train de lire le memoir de Michelle Tea, un livre qui se lit vraiment très vite, en fait je ne suis pas étonnée du tout de mon excitation littéraire puisque Michelle Tea est mon auteure préférée après Eileen Myles après Elizabeth Wurtzel après toutes les autres, oui Michelle Tea est ma favorite et c'est tout à fait prévisible puisqu'il semblerait qu'il n'y ait que les auteures addicts ou ex-addicts qui m'intéressent vraiment, je suis prévisible comme une fille qui mange les mêmes barres tendres depuis 10 ans comme une fille qui répète les mêmes erreurs depuis 10 ans comme une fille qui ne sait pas comment arrêter d'être une fille pour devenir une femme et justement le memoir de Michelle Tea s'intitule HOW TO GROW UP comme une recette magique qui se situe entre l'autobiographie et le livre rose de self-help, comme une histoire qui commence mal mais qui finit bien, comme une petite fille qui regarde Disney avec l'espoir du prince charmant, comme une femme qui regarde un livre avec l'espoir de la délivrance, parce que si Michelle Tea peut passer d'un appart avec coquerelles dans le frigo à une maison avec mer près du patio je le peux aussi, si Michelle Tea peut passer de crystal meth scintillant à Perrier pétillant je le peux aussi, si Michelle Tea peut passer de partenaires sexuels sans noms à mariage dans une robe vintage rouge YSL je le peux aussi, je peux faire tout ce que je veux mais tout d'abord je vais commencer par finir ce livre, ce livre dans lequel Michelle Tea met le doigt sur plusieurs bobos puisque c'est bien le propre du memoir de panser des blessures devant des spectateurs qui crieront MOI AUSSI MOI AUSSI, c'est le propre du memoir de licher sa plaie devant une foule en délire qui ne se lasse pas des traumas, même que la foule entière porte des tshirts avec des slogans comme LE VIOL COMME MOTIVATION DE CRÉATION ou encore TRAUMATISÉE ET LITTÉRAIRE ou encore GET SOBER/WRITE A BOOK/GET RICH BITCH et ceux qui ne comprendront pas ne comprendront jamais, ils pourront bien aller cracher leur dédain sur une page Goodreads à coup de IF I COULD GIVE THIS BOOK ZERO STARS I WOULD, nous les littéraires & traumatisées on va s'en crisser, c'est important de le faire pour soi comme disait le bonhomme bleu, c'est important de lire toutes les pages jusqu'à la fin et de ne pas se gêner pour surligner, pour faire passer les pages du blanc au jaune ou peu importe la couleur de ton surligneur parce que IF YOU DON'T GET IT FUCK, if you don't get it un coup parti ne te donne même pas la peine de lire des livres, de lire mes livres, talk to the hand cette main occupée à taper sur le clavier, de tout façon ce n'est pas dans les livres qu'on trouve de la compassion, ce n'est pas non plus dans les livres qu'on trouve des solutions, mais bon, ce livre HOW TO GROW UP je le lirai jusqu'à la dernière page, jusqu'au dernier chapitre où Michelle Tea écrit: IN MY TWENTIES I BECAME AWARE OF A CURIOUS DISTINCTION: THERE WERE PEOPLE WHO WERE "IN" THEIR BODIES & THERE WERE PEOPLE WHO WERE NOT "IN" THEIR BODIES (275) et c'est exactement ça, c'est là qu'une fois de plus je me suis mise à m'exciter devant la magie-miroir du memoir, c'est exactement ça pour moi car j'ai souvent eu cette réflexion de 'ne pas être dans mon corps', jamais dans mon corps, pas dans mon corps quand je faisais du ballet dans mon léotard rose taille extra-small, pas dans mon corps quand je testais mon matériel d'art plastique sur mes avant-bras, pas dans mon corps quand je laissais les autres entrer dans mon corps, jamais dans mon corps pendant 28 ans de vie de fantôme qui vous entend crier GLOIRE AU GYM, le gym comme une panacée pour tous les maux, le gym comme expression de médecin diététicienne psychologue psychiatre spécialiste de toute, une belle suggestion de belles personnes qui sont bien "IN" THEIR BODIES, de belles personnes qui ne savent pas ce que c'est que d'être à l'extérieur, une touriste, une spectatrice, Scully dans X-Files qui regarde la soucoupe volante se poser, THE TRUTH IS OUT THERE, la vérité est quelque part à l'intérieur de moi mais où exactement, il faudra fouiller, il me faudra bien habiter mon corps abandonné, il faudra creuser avec des cuillères à pamplemousse dans la chair rose, ce sera un travail de longue haleine, il faudra s'acheter de la gomme, ce sera un travail qui nécessitera de nombreuses années de recherche, il faudra bien trouver un moyen de combler le vide en attendant, alors je m'empiffrerai de clif bars au coconut à 11 heures du soir parce que pour l'instant c'est en emplissant mon estomac que je me remplis que je suis IN MY BODY.
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Vendredi soir j'écoute les bulles dans mon verre de Perrier, j'ajoute UQAM M.A ÉTUDES LITTÉRAIRES PROFIL CRÉATION à mon profil Facebook pour mieux me rentrer dans la tête que je n'ai pas été acceptée à UCSD, je n'ai pas été acceptée à UBC, je n'ai pas été acceptée à UofGuelph, je n'ai pas été acceptée nul part sauf à l'UQAM où il y a 5 ans je pleurais dans mon chaï latté du salon G, l'UQAM où j'ai promené ma face de gothique dans les corridors bruns juste avant de me rouler en boule dans le métro Berri pour appeler une ambulance parce que je ne respirais plus je ne pleurais plus je ne bougeais plus, ce qui n'a pas empêché qu'une semaine plus tard j'étais back on track de retour à manger la linguini qui trempait dans mon café mon seul repas de la journée, j'étais de retour sur AVID à faire des montages où il faut que l'ouverture de la porte du petit char bleu coincide avec le bruit de la banque de sons, j'étais de retour à analyser la musique de tigre et dragon pour un chargé de cours qui donne juste des B et peut-être des A- si tu es chanceuse et que tu plug la théorie qu'il a crachoté de façon semi-déguisée, j'étais de retour à chercher des commandites pour un événement avec la prof qui est connue pour avoir commandité son propre mariage full ballons blancs, j'étais de retour à temps plein jusqu'à temps que je me ramasse avec un papier qui disait que j'avais sauté dans tous les cerceaux bien comme il faut, un papier qui ne m'a rien couté contrairement au papier de Concordia qui m'est pourtant bien plus important et que j'attends encore, le papier que je me commande une fois par semaine à coup de 20$ de wire transfer pour recevoir rien pentoute si ce n'est que de appels des prêts & bourses qui me disent que je n'ai pas gradué, car si tu n'as pas de preuve c'est que tu mens si tu n'as pas de papier c'est que tu es fucké, tout le monde sait que la plus grande blague de l'université c'est que ton papier tu vas l'avoir si tu te tapes des rencontres dans le bureau de ton prof qui parle de son batte de baseball alors que toi tu te fermes la yeule tu refuses d'ouvrir la bouche pour lui ou pour son batte, mais pourtant tu te trompes parce que c'est en forgeant qu'on devient forgeron c'est en écrivain qu'on devient écrivaine, vendredi soir le Perrier flat est silencieux dans mon verre et je regarde les like monter sur mon life event UQAM M.A ÉTUDES LITTÉRAIRES PROFIL CRÉATION.
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Je suis allée sur le twitter d'elizabeth wurtzel car je voulais me souvenir de ses mots exacts concernant le vide, la black wave, le contour des limites, quelque chose comme FOR A CERTAIN KIND OF PERSON 'ENOUGH' IS NEVER ENOUGH, je me disais que tant qu'à quoter lizzie je voulais la quoter parfaitement ha ha ha ha il est bien évident que l'idée de la perfection m'obsède, peu importe la forme la façon l'heure de la journée, je ne peux pas me permettre de faillir à la tâche surtout quand ils s'agit des mots et plus particulièrement quand il s'agit de ceux de lizzie, le temps qui passe n'y change rien, rien rien rien au vide sans limites parce que oui c'est toujours la même histoire, marie-sissi labrèche comprendrait, elle rirait fort avec du blond autour de la bouche, elle comprendrait lizzie qui comprendrait aussi, mais bon voilà sur la page twitter d'elizabeth wurtzel il y avait un lien vers un article Vice où lizzie nous apprend qu'elle a le cancer comme elle nous apprendrait qu'elle s'est acheté une bague turquoise dans un petit magasin en briques du upper west side, lizzie se paye le luxe de pouvoir rire du cancer parce que le cancer ce n'est pas la dépression ce n'est pas se couper les jambes avec un pocket knife dans le vestiaire des filles ce n'est pas crisser tous les invités dehors du party sous prétexte que le chat a vomi dans la pile de manteaux ce n'est pas être enfermée dans une chambre miteuse de floride où des épisodes de SVU passent en boucle ce n'est pas écrire pour rolling stone en sniffant du speed sur le dos d'un jewel case de bruce springsteen, ce n'est pas ça, ce n'est pas du tout ça mais ce n'est pas rien non plus, de toute façon il n'y a que lizzie pour dire COMPARED WITH BEING 26 AND CRAZY AND WAITING FOR SOME GUY TO CALL, CANCER IS NOT SO BAD, oui, après tout lizzie sait de quoi elle parle, ce n'est qu'un autre obstacle, un creux de black wave, rien d'insurmontable, les mots de lizzie rejoindront ceux d'angelina jolie puis lizzie et angie se montreront leurs nouveaux seins en buvant du vin, IT'S THE FIRST DRINK THAT GETS YOU DRUNK mais ça n'aura plus d'importance car après tout qu'est-ce qu'un verre de vin quand on a 47 ans qu'est-ce qu'un verre de vin si ce n'est pas un eightball qu'est-ce qu'un verre de vin si ce n'est pas un tapis de salon saupoudré d'angel dust qu'est-ce qu'un verre de vin si c'est n'est pas un sac du walgreens rempli de prescriptions multicolores qu'est-ce qu'un verre de vin si ce n'est pas un plancher d'appartement recouvert de baggies, non, un verre de vin ce sera pour célébrer, un verre de vin c'est réservé pour fêter, fêter le triomphe d'avoir fait sweet fuck all et rien pentoute d'autre que d'attendre ce foutu cancer toute une vie, une vie à se préparer pour tout ce qui arrive et aussi tout ce qui ne se passe jamais, fêter pendant que moi j'ajouterai une section à mon mémoire de maitrise dont le sous-titre sera FOR A CERTAIN KIND OF PERSON NOTHING IS NEVER ENOUGH NOT EVEN FUCKING CANCER.
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Alors il semblerait que j'aime faire porter à toutes mes dates le poids des erreurs que j'ai faites avec toutes mes exes, je suis comme ça, je leur crache mes souvenirs amers à la figure en espérant qu'elles ne bronchent pas d'un poil, comme dirait Angelina Jolie dans Gia THE TRICK IS YOU SCARE THE SHIT OUT OF PEOPLE THAT WAY THEY DON'T SEE HOW SCARED YOU ARE, c'est ça le principe, que la plus forte gagne et se tienne debout avec une soundtrack de Rocky, je dis ça mais je n'ai jamais vu Rocky, j'ai juste vu des matchs de lutte queer une ou deux fois mais encore là ce n'est pas vraiment mon truc, non, moi mon truc c'est de vomir mes histoires au visage de mes victimes et à date je dois dire que ça fonctionne plutôt bien, tout se passe à merveille, je me couche tous les soirs seule dans mon lit en souriant juste assez pour me craquer la commissure des lèvres, je souris en imaginant mon future de vieille fille, c'était prévu depuis longtemps, prévu depuis mes 6 ans lorsque la fille de ma gardienne m'avait regardé de haut en bas pour finir par me dire Y'A JUSTE LES VIEILLES FILLES QUI PORTENT DES JUMPERS et moi j'avais dû demander à ma mère ce que c'était qu'une vieille fille et ma foi ça ne m'avait pas semblé si mal, ce n'est vraiment pas si pire si on en croit Buzzfeed et son questionnaire WHICH CRAZY FEMALE TROPE ARE YOU pour lequel j'ai obtenu CRAZY CAT LADY ce qui est pas mal l'équivalent de vieille fille, une fille avec un chat dans chaque poche de son jumper, quand j'avais 6 ans on m'appelait Marie Quat'Poches même si j'avais 6 poches sur mon jumper, ça me frustrait mais je ne disais rien, pas un mot, les lèvres bien closes parce que je n'avais pas encore appris à sourire, je me contentais de rester seule dans mon coin et me pratiquer à ne rien dire, ç'aurait été le moment idéal pour m'approcher et me courtiser mais ce n'est jamais arrivé et donc depuis j'ai développé la technique ci-haut mentionnée, je fais peur aux gens pour les empêcher de m'approcher, je crache des morceaux du casse-tête de mon malheur entre deux bouchées de souper arrosé avec ma date TINDER OKCUPID FACEBOOK, peut-être parce que je n'ai jamais réussi à mettre toutes les pièces ensemble et que quand on est deux ça va toujours mieux c'est Passe-Partout qui l'a dit, un jour je trouverai peut-être quelqu'un qui sera bonne dans la résolution de problèmes, quelqu'un qui sera juste assez forte pour me cracher à la figure en retour, ce sera le Tyler de mon Jack et on se partira notre propre Fight Club, mais pour trouver Tyler il faut que je passe par plusieurs candidates et c'est donc quand j'aurai trouvé celle qui après avoir entendu toutes mes histoires sera prête à me servir les siennes que je saurai que j'ai trouvé la bonne, the one and only, parce que comme dirait Tyler IT'S ONLY AFTER WE'VE LOST EVERYTHING THAT WE'RE FREE TO DO ANYTHING, et moi je n'ai plus rien à perdre depuis longtemps alors je suis prête pour tout, je suis prête pour toi.
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À chaque jour c’est l’anniversaire de quelqu’un ou quelque chose et à chaque jour je passe tout droit, non je ne te souhaiterai pas bonne fête sur ton répondeur ton wall ou ton cell, on pourrait dire que c’est parce qu’il n’y a que moi moi moi qui importe pour moi, mais pourtant cette théorie s’avère fausse puisque ce mois-ci j’ai manqué mon propre demi-anniversaire de naissance, le 1er janvier dernier, oui, mon demi-anniversaire à moi tombe exactement en même temps que le nouvel an, un double fardeau, la pression du poids de la moitié de mes 28 ans combinée avec les résolutions de gym de psy de physio de coach de vie, le 1er janvier j’ai dépassé la moitié de cette fameuse année où tout va finir par passer alors qu’il ne se passe rien. Il ne se passe rien en janvier parce que c’est le cimetière de l’année où je pense toujours forcément au verglas 1998, je pense à ma cassette Danse Plus 97 et je chante «IT’S A BEAUTIFUL LIFE WOH-OH-OH-OH» en regardant les branches tomber sur des toits de char, en regardant mes épaules se courber sous le poids de mes propres problèmes, à coup et au coût de 65$ de physio à moitié couvert par l’assurance étudiante, je fais mes exercices en tirant sur l’élastique jaune et en espérant qu’un dos droit soit la promesse d’un avenir meilleur, or je sais bien que tout n’est pas sur une pente ascendante, tout est plutôt tout le temps tout croche, alors pourquoi s’acharner sur sa posture si tout va tout croche, je ne sais pas mais comme je suis perfectionniste je m’acharnerai sur mes os jusqu’à temps que je sois une carcasse, j’ai de l’expérience, jusqu’à l’âge de 22 ans je pesais en bas de 100 livres, Katie Holmes pèse 106 livres je l’ai vu sur le cover du US Weekly, je me demande combien pèse Angelina Jolie, je m’acharnerai sur les détails parce que je suis bonne dans le court terme comme Brigitte Fontaine est nulle dans le concret, à court terme je me souviens tout de même de ta date de naissance et de ton signe astrologique même ton ascendant que tu m’as expliqué il y a 5 minutes avec ton verre de vin à la main, c’est vrai que les Cancers sont des égoïstes, j’attends juste que tu sortes ton livre de Sextrologie pour voir si on est compatible, ça serait bien de passer le mois de janvier à deux comme si c’était le début d’une nouvelle année même si techniquement c’est le début de la fin, le début de la deuxième moitié de mes 28 ans, Cancer-Capricorne un match opposé ça dit quoi ça dit que dans le fond je vais être pognée pour faire bouger mes os vers l’illusion de l’amélioration, IT’S SUCH A BEAUTIFUL LIFE WO-HO-HO-HO I WOULD LIKE TO SPEND IT WITH YOU ou du moins seulement le mois de Janvier, le temps de voir si le livre de Sextrologie dit vrai, le temps que j’oublie le temps qui passe, le temps que tu te rendes compte que je suis aussi conne que Brigitte Fontaine.
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Je viens tout juste de terminer ma relecture de MORE NOW AGAIN et j'ai été frappée par une réalisation, je me suis presque écroulée dans la douche, la douche où toutes mes idées vont et viennent quand elles ne tombent pas dans le drain du bain, dans la douche j'ai pensé: je me souviens très clairement d'avoir lu une entrevue avec Wurtzel où le journaliste mentionne que Lizzie sirotte un verre de vin dans leur hang out spot de NYC ou plus précisément du Upper West Side, un rosé très frais très pastille de goût carreauté rose et blanc nappe en vichy dans un champ où Julie Andrews chante THESE ARE A FEW OF MY FAVORITE THINGS, oui, je suis 100% certaine qu'il a été écrit que Wurtzel a bu un verre de vin, écrit noir sur blanc dans un article datant de 2013, un article paru après que Wurtzel ait écrit un article sur KIDS THESE DAYS et qu'un kid-intervieweur tout frais sorti de NYU ou je ne sais d'où a réussi à se booker une entrevue, une entrevue bookée par email, un email où Lizzie écrit noir sur blanc I AM VERY MUCH A FAN OF WINE AT NOON, le kid se rend donc au hang out spot et surprise surprise surprise Lizzie commande du vin, le kid décrit la scène à grand coups de détails journalistiques semi-importants et/ou semi-originaux: la sueur qui perle sur la lèvre supérieure de Lizzie, le fromage de l'omelette de Lizzie qui pend de la bouche de Lizzie, les pensées décousues de Lizzie imagées à l'aide d'une figure de style, A FOUR-WAY INTERSECTION WITH NO TRAFFIC SIGNAL que le kid écrit, bref je repense à l'article et je me dis que le champ lexical utilisé pointe définitivement vers des accusations légèrement voilés comme quoi Lizzie est ce qu'on pourrait appeler une vieille criss, une vieille folle, ou d'autres adjectifs qui feraient s'écrier les étudiants de Concordia AGEISM AGEISM AGEISM INTERSECTIONNÉ PAR LA STIGMATISATION DE LA MALADIE MENTALE ET/OU DE L'ADDICTION, et moi je m'écrie seulement: ELLE A BU UN VERRE DE VIN IT DOESN'T WORK IF YOU DON'T WORK IT, je me rappelle de tous les mots de MORE NOW AGAIN et je me rappelle surtout de la fin où Lizzie termine les 329 pages avec une page blanche, un symbole de recommencement, REPARTIR À ZÉRO comme dirait Joe Bocan, un symbole blanc comme la plume blanche qui vole dans le ciel bleu de Forrest Gump, un symbole de pureté qui 13 ans plus tard, 13 ans après la parution de MORE NOW AGAIN, est souillé, taché comme une chemise blanche DKNY tachée par un vin rose Français bu sur une terrasse du Upper West Side, taché comme la réputation d'une auteure qui a écrit un livre dont le sous-titre est A MEMOIR OF ADDICTION, taché comme ma conviction qu'il est possible un jour d'être libre, bien, clean, sobre, qu'il est possible un jour d'être libre de ne plus faire de calins à des vieux larmoyants dans un sous-sol d'église, une tache qui s'étend dans ma baignoire alors que je me rince les cheveux en pensant I AM VERY MUCH A FAN OF LIZZIE AND ALSO A FAN OF WINE AT NOON, ce qui fait de moi une menteuse comme Lizzie une addict comme Lizzie une perdante comme Lizzie sauf que moi contrairement à Lizzie je n'ai pas d'entrevue pas de book deal pas d'omelette au fromage et quand je crie MORE NOW AGAIN c'est dans le blanc de ma propre page vide.
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20.
Je suis restée silencieuse pendant longtemps, mais c'est parce que j'économisais tous mes secrets, je les gardais sous ma langue comme des granules qui goûtent le sucre et qui ont peut-être un effet, mes secrets ont un effet placebo car quand je les déballe à qui veut bien les entendre j'ai l'impression de me sentir mieux, quand on est deux ça va deux fois mieux c'est Passe-Partout qui me l'a appris, quand on est deux ça fait que moi je me demande à qui exactement je peux vomir mes secrets, j'en garde pour toutes les occasions, on ne sait jamais quand ça pourrait être utile, on ne sait jamais quand je pourrais avoir besoin d'upstager quelqu'un en m'ouvrant la gueule jusqu'à me déchirer les coins de la bouche, je vais ouvrir la gueule tellement grand que je vais bailler d'ennui, l'ennui de la répétition de mes secrets qui sont les même toujours les mêmes, toujours les mêmes, je vais donc en laisser une poignée ici, pigez dans le tas si vous êtes en manque, je vais me gratter jusqu'au os pour vous offrir ce que j'ai de meilleur, mais ne nous leurrons pas ici, ce n'est pas à vous que je veux offrir quelque chose, on sait tous que c'est à moi-même, je veux me rouler dans mes mots et me jouer mon propre écran de truismes personnels, Jenny Holzer serait fière, JENNY HOLZER WOULD APPROVE, je me cite même moi-même, alors voilà sans plus tarder la liste, approchez ceci sont mes os livrés pour vous, prenez et mangez: je suis le problème et la solution, je suis une fucking charade plate de mononcle saoul, les vodkas sodas de la Sala Rosa sont forts, si je ne suis pas sur le stage la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, ceci est peut-être une métaphore, quand j'étais petite j'ai joué Blanche-Neige dans une pièce de théâtre, fuck Disneyland c'est plate à mort, j'ai une limite à ma carte de crédit, il y a une limite à la bullshit que tu peux endurer, les paillettes ça peut être coupant, ce n'est jamais une bonne idée de rappeler à un dude misogyne qu'il est misogyne mais il n'y a pas vraiment d'autre choix que de lui rappeler, les bars laitiers sont fermés, certaines personnes manquent de finesse oui ceci est un understatement je veux dire une litote, finalement Sarah Silverman c'est pas drôle comme show, Portlandia non plus, il n'y a même plus de sous-titre sur Netflix alors je ne peux plus faire des screen grabs de Jenny Schecter qui dit I DO NOT THINK YOU KNOW WHAT ARTISTS ARE LIKE, je ne peux plus cuisiner ça tombe bien car je ne veux plus manger, j'ai ressorti de vieilles habitudes et elles sont un peu rouillés, ce qui sonne comme une figure de style est en fait la vérité vraie, j'ai reçu PROZAC NATION et MORE NOW AGAIN par la poste Poste Canada colis accéléré, soyez prêts à en entendre parler, soyez prêts comme dans une toune du Roi Lion, j'ai déjà dit fuck Disney, je me répète souvent mais c'est parce que j'ai la mémoire courte, j'oublie mes erreurs et je les répète, ce n'est pas désagréable, je serai de retour, je suis de retour, lentement mais surement c'est ainsi que nous faisons les choses, ça ce n'est pas Disney mais bien La Fontaine qui a dit ça.
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